Vers une troisième dose de vaccin pour tous ? Il y a de bonnes nouvelles au niveau des anticorps
Faut-il s'inquiéter de la durée limitée de la protection vaccinale ?
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- Publié le 20-10-2021 à 11h42
- Mis à jour le 25-10-2021 à 17h51
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Alors que, parmi les primo-vaccinés, on observe de plus en plus de personnes qui développent le Covid, sous des formes heureusement rarement sévères, faut-il s'inquiéter de la durée limitée de la protection vaccinale ? En d'autres mots, l'heure de la troisième dose est-elle arrivée ? Réponses avec le Pr Stéphane De Wit, chef du Service des maladies infectieuses au CHU Saint-Pierre.
Que dire de la durée d'efficacité des vaccins ?
Tout dépend de la façon dont on mesure cette protection. Si on la mesure par les anticorps, on a en effet l'impression que ceux-ci diminuent chez un certain nombre de personnes vaccinées, de manière variable d'un individu à l'autre. Et cela, dans les trois à six mois après la vaccination. Il est probable que l'âge ou le contexte génétique notamment soient en cause et influencent l'évolution.
Le fait qu'il y ait moins d'anticorps signifie-t-il pour autant que la personne est moins protégée ?
C'est beaucoup moins clair, car il n'existe pas de chiffres établissant qu'à tel taux d'anticorps on est protégé ou on l'est moins ou on ne l'est plus du tout. D'autre part, il faut savoir que, derrière l'immunité humorale (c’est-à-dire les anticorps), il y a l'immunité cellulaire. Il y a la constitution d'un pool de cellules programmées anti-Covid, les lymphocytes B mémoire, qui, eux, sont susceptibles de très vite réagir si on rencontre à nouveau le SARS-Cov-2. Ils sont capables de produire très rapidement des anticorps et des cellules tueuses. Et donc, le fait de mesurer des anticorps post-vaccin qui diminuent ne veut pas dire pour autant que le système immunitaire ne sera pas prêt à réagir au contact du Covid. Il ne faut pas tout rapporter aux anticorps produits dans le sang suite au vaccin.
Bonne nouvelle, aujourd'hui, de plus en plus de publications démontrent que la qualité des anticorps s'améliore avec le temps. Comment expliquer cela ?
C'est exact. On pourrait dire qu'il y a une sorte de spécialisation des anticorps qui se fait. Peut-être aussi un genre de sélection naturelle ? On ne sait pas encore vraiment quels sont les mécanismes qui entrent en jeu. Toujours est-il qu'en effet, plusieurs articles montrent qu'avec le temps, les anticorps deviennent "meilleurs", plus efficaces en quelque sorte, même s'ils sont moins nombreux. Et, en particulier, ils semblent être capables de s'adapter à certains mutants. Il se pourrait que ce soit en raison de ce pool mémoire dont la programmation pourrait s'améliorer au cours du temps et offrir une meilleure protection.
A ce stade, que penser de la troisième dose ?
Je pense que les personnes avec des comorbidités importantes, immunodéprimées, de plus de 65 ans…, doivent recevoir une troisième dose. Ce serait tout à fait prudent de le faire parce que ces personnes répondent moins bien au vaccin et ont plus de risque de développer la maladie. Faut-il administrer une troisième dose à l'ensemble de la population ? C'est beaucoup moins clair. Il n'existe à ce stade pas de données qui indiquent clairement le bénéfice d'une troisième dose. Elle n'est certainement pas du tout dangereuse. Mais est-elle utile ? Ce n'est pas évident pour ce que l'on sait aujourd'hui.
Alors se dirige-t-on vers un rappel annuel, par exemple, comme pour d'autres vaccins ?
On n'en sait rien du tout. Allons-nous vers un scénario comme pour la grippe avec une nouvelle souche de corona chaque année et un vaccin adapté ? C'est possible. Mais on pourrait très bien aussi se retrouver dans un scénario de type plutôt rougeole où, après avoir fait la maladie ou avoir reçu le vaccin, on garde les anticorps à vie. Ou alors, se dirige-t-on vers un scénario entre les deux, de type tétanos, avec un rappel tous les cinq ans par exemple ? Celui qui vous donne aujourd’hui la réponse, ne le croyez pas !