"Une première mondiale très prometteuse" : une équipe de l'UCLouvain découvre comment empêcher l'infection au Covid
Présentée comme "une première mondiale très prometteuse", une nouvelle étape dans la compréhension des mécanismes d'entrée du Covid-19 dans les cellules vient d'être franchie par des chercheurs de l'UCLouvain. Non seulement ils sont parvenus à identifier une nouvelle clé qui permet au fameux virus de s’attaquer aux cellules, mais en plus, ils ont réussi à fermer la serrure, de sorte à bloquer le Covid-19 et éviter son interaction avec la cellule. En d'autres mots : ils sont arrivés à empêcher l’infection, ni plus ni moins. Cette découverte suscite l’espoir de mettre au point un antiviral, sous forme d’aérosol, qui permettrait d’éradiquer le virus en cas d’infection ou de contact à haut risque.
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Publié le 10-05-2022 à 09h10 - Mis à jour le 10-05-2022 à 16h38
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Présentée comme "une première mondiale très prometteuse", une nouvelle étape dans la compréhension des mécanismes d'entrée du Covid-19 dans les cellules vient d'être franchie par des chercheurs de l'UCLouvain. Non seulement ils sont parvenus à identifier une nouvelle clé qui permet au fameux virus de s'attaquer aux cellules, mais en plus, ils ont réussi à fermer la serrure, de sorte à bloquer le Covid-19 et éviter son interaction avec la cellule. En d'autres mots : ils sont arrivés à empêcher l'infection, ni plus ni moins.
Publiée dans Nature Communications, cette découverte "suscite un immense espoir", selon l'équipe de l'UCLouvain qui vise en l'occurrence la mise au point d'un antiviral, probablement sous forme d'aérosol, qui permettrait d'éradiquer le virus en cas d'infection ou de contact à haut risque.
Car en effet, il n'existe à ce jour aucun traitement véritablement efficace contre ce coronavirus qui menace toujours d'opérer un retour sous une forme ou l'autre à un moment donné. Bien consciente que le développement d'un antiviral permettant d'empêcher l'infection passe inévitablement par une meilleure compréhension des mécanismes précis (au niveau moléculaire) utilisés par le virus pour infecter une cellule, l'équipe de David Alsteens, chercheur à l'Institut des sciences et technologies biomoléculaires de l'UCLouvain travaille depuis deux ans en ce sens. Les scientifiques ont en effet investigué à l'aide de la microscopie à force atomique l'interaction entre les acides sialiques (AS), sortes de résidus de sucre présents à la surface des cellules, et la protéine Spike (S) du SARS-CoV-2. L'objectif poursuivi étant d'élucider le rôle que joue dans le processus d'infection cette fameuse clé qui permet au SARS-CoV‑2 de pénétrer dans nos cellules.
Le virus pris au piège
Jusqu'ici, on savait que toutes les cellules sont recouvertes de résidus de sucres, dont le rôle est de favoriser la reconnaissance des cellules. Cela permet aux virus d'identifier plus facilement leurs cibles mais aussi faciliter leur point d'accroche pour leur permettre d'entrer dans leur cellule hôte et ainsi initier leur infection.
Partant de là, les chercheurs UCLouvain ont mis en évidence une variante de ces sucres qui interagit de manière plus forte avec la protéine S que les autres sucres. En langage imagé, ils ont trouvé le trousseau de clés qui permet aux virus d'ouvrir la porte des cellules. Pourquoi un trousseau ? "Parce que le virus est composé d'une série de protéines spike, sortes de ventouses qui lui permettent de s'accrocher à la cellule et in fine d'entrer, expliquent-ils. Plus le virus trouve de clés, meilleure sera l'interaction avec la cellule et plus grand s'ouvrira la porte. D'où l'importance de trouver comment le virus parvient à démultiplier les clés d'entrée".
Ici intervient la seconde découverte des chercheurs qui ont voulu prendre le virus à son propre piège, en l'empêchant de s'accrocher à sa cellule hôte. Pour ce faire, ils ont bloqué les points d'accroche de la protéine S et supprimé de ce fait toute interaction avec la surface cellulaire. "Comme si un cadenas bloquait la serrure de la porte d'entrée de la cellule. Pour ce faire, une des conditions est que l'interaction entre le virus et l'agent bloquant soit plus forte que celle entre le virus et la cellule". Dans ce cas précis, "nous avons démontré que des structures multivalentes (ou glycoclusters) présentant de multiples acides sialiques 9-O-acétylés à leur surface (la fameuse variante de sucre mise à jour par l'équipe UCLouvain) sont capables de bloquer aussi bien la liaison que l'infection du SARS-CoV-2, commente David Alsteens. Si le virus ne s'attache pas aux cellules, il ne sait plus entrer et donc il meurt (le temps de vie étant de 1h à 5h)". Grâce à ce blocage, on empêche l'infection. CQFD.
Et maintenant?
Cette découverte a l'avantage d'agir sur le virus, indépendamment des mutations, et s'avère également intéressante dans le futur, pour contrer d'autres virus dont les facteurs d'attachements sont similaires, précise encore l'équipe UCLouvain qui va à présent réaliser des tests sur la souris afin d'"appliquer ce blocage des liaisons du virus et observer si cela fonctionne sur l'organisme".
Selon les chercheurs, les résultats ne devraient pas tarder et devraient permettre à terme de mettre au point un antiviral à partir de ces sucres, administré par aérosol, en cas d'infection ou de contact à risque. Pourquoi l'aérosol? "Parce que les voies aériennes supérieures ont été plus souvent la cible des derniers variants", nous répond David Alsteens.
