Lutte contre le cancer: une vie sauvée toutes les 90 minutes en Belgique
Comment expliquer ces chiffres ? Quelles sont les grandes avancées ? Pourquoi faut-il absolument soutenir la recherche ? En quoi la prévention et le dépistage sont-ils si nécessaires ? De quelle façon soutenir les chercheurs, les patients et leur entourage ? Réponses en cinq points.
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Publié le 02-02-2023 à 14h05 - Mis à jour le 03-02-2023 à 17h24
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Une vie sauvée toutes les 90 minutes : c’est ce message positif que la Fondation contre le cancer (FCC) a voulu communiquer avant tout à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, qui sera célébrée ce samedi 4 février. Cette année en effet, la FCC met en évidence le nombre de vies supplémentaires sauvées cinq ans après qu’un diagnostic de cancer a été posé, au cours des trois dernières décennies. Pendant cette période, rien qu’en Belgique, plus de 185 000 personnes “supplémentaires” (environ 133 000 hommes et 53 000 femmes) ont en effet survécu au cancer, grâce aux progrès en matière de recherche scientifique et donc aux traitements plus performants et personnalisés, mais aussi en raison d’une meilleure prévention et d’un dépistage précoce.
1. L’explication des chiffres
Pour en arriver à cette estimation de 185 000 vies supplémentaires sauvées – tous types de cancers confondus -, la Fondation Registre du Cancer s’est basée sur les taux de mortalité par cancer. “S’ils étaient restés au niveau de 1989, il y aurait eu 185 000 décès supplémentaires en Belgique au cours des trois dernières décennies… Les décès évités sont donc autant de vies supplémentaires sauvées grâce aux progrès” réalisés, explique la FCC. Chez les hommes, on dénombre 20 000 vies supplémentaires sauvées chez les patients atteints de cancer de la prostate et 14 000 chez ceux atteints de cancer du côlon. Chez les femmes, une meilleure prise en charge et un dépistage amélioré des cancers du sein et du côlon, ont permis de sauver quelque 15 000 vies supplémentaires au cours de ces trois dernières décennies.
2. Les deux avancées majeures
Derrière ces chiffres, il y a des avancées remarquables en matière de recherche scientifique, elles relèvent principalement de l’oncologie de précision et de l’immunothérapie. Pour ce qui est du premier domaine évoqué, “grâce à la connaissance des mécanismes moléculaires du cancer, il est désormais possible de mieux identifier le traitement le plus efficace pour chaque patient, donc le personnaliser”, explique Véronique Le Ray, porte-parole de la FCC.
En ce qui concerne les nombreux nouveaux développements dans le domaine de l’immunothérapie, “le but est de stimuler ou de renforcer de façon spécifique le système immunitaire du patient, afin qu’il puisse identifier les cellules cancéreuses et les tuer. Cela donne d’excellents résultats, dans le traitement du mélanome, de certains cancers du poumon ou de cancers du rein. C’est également une piste pleine de promesses face aux gliomes (cancers du cerveau)”.
Professeur en immunothérapie du cancer à l’Institut de Duve de l’UCLouvain, Sophie Lucas poursuit : “Les immunothérapies du cancer disponibles à l’heure actuelle sont parfois d’une efficacité remarquable, permettant un contrôle de la maladie à très long terme chez certains patients. Malheureusement, tout n’est pas rose : tous les patients et tous les types de cancers ne répondent pas encore aux immunothérapies actuelles. Et c’est là que les recherches fondamentales doivent absolument continuer. Elles progressent : de nombreuses nouvelles approches sont développées et testées dans des essais cliniques, permettant d’espérer une augmentation progressive du nombre de patients qui pourront bénéficier à l’avenir de ces nouveaux traitements, généralement moins toxiques que les chimiothérapies.”
3. La nécessité incontournable de la recherche
Forte de ces résultats plus qu’encourageants, la FCC poursuit plus que jamais sa mission première, à savoir le financement des recherches les plus prometteuses et les plus innovantes dans les universités belges, de même que le financement d’initiatives et de projets qui contribuent à une meilleure prévention et au bien-être des personnes atteintes de cancer et de leur entourage. En près de 30 ans, la FCC a ainsi soutenu près de 1000 projets de recherche, avec des résultats très prometteurs, que ce soit via des Grants scientifiques pour la recherche fondamentale et clinique sur le cancer, des financements exceptionnels d’équipements de pointe, de projets visant la préservation des organes ou pour une meilleure prévention.
4. L’importance de la prévention et du dépistage
La prévention est précisément une autre mission de la FCC : en modifiant notre style de vie, on estime que, dans l’Union européenne, on peut éviter 40 % des cancers. Quand on associe cette meilleure hygiène de vie à un dépistage précoce, on arrive à réduire de 50 % le nombre de cancers. C’est pourquoi “il est important de se concentrer sur des campagnes de prévention et de dépistage plus nombreuses et plus efficaces, souligne le Pr Fred Kridelka, du département de gynécologie-obstétrique de l’ULiège. En outre, la prévention est également une stratégie rentable pour la lutte à long terme contre le cancer”. À ses yeux, le cancer du col utérin est l’exemple même du succès potentiel d’une politique de prévention bien organisée. “En effet, en assurant une couverture optimale de la population (plus de 80 % des femmes) en matière de prévention primaire par le vaccin HPV et de prévention secondaire par frottis cervico-vaginal, le cancer du col utérin pourrait être éradiqué dans les décennies à venir. Aujourd’hui, c’est seulement 50 % des patientes qui se soumettent à un frottis régulier de dépistage et la maladie atteint encore 700 femmes annuellement en Belgique et 30 000 en Europe. Toutes les forces, politiques, médicales et paramédicales doivent s’unir pour organiser cette prévention. La recherche soutenant des programmes pilote d’optimisation des programmes de dépistage est plus que jamais essentielle.”
5. Le soutien aux patients et à leur famille
Enfin, troisième mission – et non des moindres – que s’est assignée la FCC, le soutien aux patients et à leurs proches. Pour pouvoir mener à bien toutes ses missions, la Fondation contre le cancer organise diverses actions. Cette année, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le cancer, la FCC s’associe au secteur du cinéma en Belgique, dans le cadre de la campagne “1 ticket pour la vie”. Ce samedi 4 février, pour chaque place de cinéma vendue au cours de la journée par l’un des 65 cinémas participants, 1 euro sera reversé à la Fondation contre le Cancer. Pourquoi le cinéma ? “185 000 vies en près de 30 ans, cela revient à une vie sauvée en moyenne toutes les 90 minutes, justifie la FCC. Et 90 minutes, c’est le temps d’un film !”
Toutes les informations et cinémas participants sur www.1ticketpourlavie.be
