Le porte-avions Foch, bourré de polluants, finira sa vie au fond de l'océan
Bourré de polluants, l’ex-fleuron de la marine française va finir sa vie au fond de l’océan.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/50f2df15-e66c-436e-8046-e2369826279b.png)
Publié le 04-02-2023 à 08h13
:focal(2139x1429:2149x1419)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/AVDOCVWZCVBC7B6PGXXLXJLDDQ.jpg)
Musée ou encore hôtel de luxe… Arrivé au terme d’une carrière bien remplie, le vénérable porte-avions Foch, ancien fleuron de la marine française, semblait un temps destiné à une fin de vie à la hauteur de ses états de service.
Mis à l’eau en 1963, ce monstre des mers de plus de 250 mètres de long fut revendu à la marine brésilienne au début des années 2000 et rebaptisé Sao Paulo. Las, la vétusté du navire était telle que le gouvernement brésilien - après avoir essuyé une série de mésaventures dont un grave incendie à bord - renonça à sa modernisation. En avril 2021, il s’en défit auprès de la société turque Sök Denizcilik pour la somme dérisoire de 1,6 million d’euros. Cette dernière escomptait rentabiliser cet achat en démantelant le bateau pour récupérer et revendre ses 24000 tonnes d’acier. Accroché à un remorqueur, l’ex-Foch met alors le cap sur la Turquie pour son dernier voyage, pensait-on…
Amiante, PCB, cadmium, mercure…
Mais l’affaire tourne court. Alertées par les actions en justice menées par une série d’ONG environnementales, qui rappellent que le porte-avions n’est pas seulement fait de métal, mais qu’il est aussi bourré de centaines de tonnes de matériaux contenant de l’amiante, des PCB et autres métaux lourds toxiques, les autorités turques lui refusent l’accès à leurs eaux, fin août 2022.
Transformé en paria des mers, le Foch a donc repris la route vers le Brésil où il va errer durant des mois à la limite des eaux territoriales, le port de Suape, où il devait être mis en cale sèche, refusant à son tour d’accueillir cet encombrant colis.
Il y a deux semaines, vu l'état de détérioration du bateau, la marine brésilienne avait annoncé avoir pris l'ancien porte-avions en remorque pour l'éloigner à plus de 300 kilomètres des côtes dans une zone de l'Atlantique connues pour la profondeur de ses fonds. Et, comme le redoutaient les associations de défense de l'environnement, le ministère de la Défense du Brésil a annoncé ce jeudi que "face aux risques qu'implique le remorquage" et en raison de l'état de la coque, la seule solution était de l'envoyer par le fond "de façon contrôlée". Une décision qui revient à violer trois traités environnementaux internationaux, dénoncent les ONG, qualifiant un tel procédé de "crime environnemental".