La tuberculose en passe de détrôner le Covid en termes de mortalité résultant d’une maladie infectieuse ?
Elle pourrait redevenir la maladie infectieuse la plus mortelle devant le coronavirus selon Action Damien, qui appelle à intensifier les actions à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, ce 24 mars.
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Publié le 23-03-2023 à 16h41 - Mis à jour le 24-03-2023 à 14h24
La tuberculose (TB) serait-elle en passe de devenir la cause de mortalité principale résultant d’une maladie infectieuse dans le monde ? C’est en tout cas ce qu’affirme Action Damien sur base du dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la tuberculose. Si le coronavirus a figuré à l’avant-plan au cours des trois dernières années, les conflits armés et les crises successives aggravant les situations précaires font à présent resurgir la tuberculose dans de nombreuses régions du monde.
À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, ce 24 mars, la Fondation Damien appelle à “se reconcentrer sur cette autre fameuse maladie infectieuse” et à “intensifier les actions de lutte contre cette épidémie, à travers le monde”.
Quelque 10,6 millions de personnes ont contracté la tuberculose en 2021, d’après les derniers chiffres de l’OMS, soit une augmentation de 5 % par rapport à l’année précédente. Toujours en 2021, la maladie a causé 1,6 million de décès.
14 années d’efforts sérieusement anéantis
”La pandémie de Covid-19 a été un désastre pour la lutte contre la tuberculose dans le monde, a expliqué le Dr Lena Fiebig, responsable Programmes de la Fondation Damien. En 2020 et 2021, les programmes nationaux de lutte contre la tuberculose ont permis de dépister et de traiter 5,8 et 6,4 millions de patients sur les 10,1 et 10,6 millions estimés respectivement pour chacune de ces deux années. Les personnes qui étaient suivies n’ont pas toujours pu accéder à leur traitement ni le poursuivre à cause de la pandémie. Résultat : tous les efforts réalisés au cours de ces 14 dernières années ont été sérieusement anéantis, même si nous avons pu poursuivre nos activités en dépit de la Covid, grâce à notre volonté et à notre persévérance”.
La Belgique également concernée
Présente aux quatre coins du monde, la tuberculose touche prioritairement et principalement les populations vulnérables : personnes sans abri, réfugiés, malades porteurs du VIH, diabétiques… Avec une augmentation de 5 % en un an, la Belgique n’est pas épargnée. “Ces données doivent néanmoins être interprétées avec prudence, tempère Action Damien. Elles traduisent peut-être l’accès limité au diagnostic de TB en raison notamment de l’interruption des soins.”
Reste que, dans notre pays, de 800 à 900 personnes sont diagnostiquées chaque année, dont un cas sur trois réside à Bruxelles et 20 % sont sans abri. “En raison de leurs conditions de vie difficiles, il est particulièrement compliqué de suivre le traitement jusqu’au bout”, souligne Action Damien. Raison pour laquelle l’association soutient financièrement BELTA, l’organisation regroupant le FARES (Fonds des Affectations Respiratoires) et son homologue néerlandophone VRGT et qui offre un hébergement aux patients TB sans abri, pendant leur traitement. “Pouvoir bénéficier d’un logement décent pendant toute la durée du traitement est essentiel pour augmenter les chances de guérison”, souligne Action Damien.
Ceci étant, “la Belgique bénéficie d’un solide système de dépistage de la tuberculose et d’enrôlement thérapeutique des patients, relève pour sa part le Dr Vinciane Sizaire, Directrice FARES. Les conflits armés, la migration (forcée) et les crises économiques ne sont toutefois jamais de bon augure pour la lutte contre la tuberculose. L’histoire nous montre que les crises perturbent les systèmes de soins et que la précarité favorise les contaminations de TB. Les personnes en situation précaire luttant pour leur survie constituent le principal groupe à risque ; avec la hausse de la pauvreté, nous avons besoin de plus de moyens pour dépister plus de patients !”
Un défi immense
Maîtriser l’épidémie de tuberculose d’ici 2035 est l’objectif que s’est fixé l’OMS, ce qui suppose une diminution de 95 % du nombre de décès par TB d’ici là alors que le nombre d’infections devrait, quant à lui, diminuer de 90 %. Vu que seuls 60 % des cas estimés de tuberculose sont dépistés et que les 40 % manquant à l’appel ne reçoivent pas les soins appropriés, le défi est clairement immense. Mais l’espoir reste permis quand on sait que, parmi les patients traités, 86 % le sont avec succès. Et même jusqu’à 92 % dans certains pays.
Active dans 14 pays, Action Damien permet de détecter plus de 250 000 cas d’infection à travers le monde et de garantir que ces patients reçoivent un traitement adéquat. “La tuberculose est une maladie ancienne, mais elle n’appartient pas encore au passé, rappelle Dr Fiebig. Elle représente toujours une crise sanitaire, d’ampleur mondiale. C’est pourquoi la Fondation Damien lutte contre la tuberculose en Afrique, en Asie et en Amérique latine ainsi que dans le cadre d’un projet à Bruxelles. La Journée mondiale de lutte contre la tuberculose est placée sous la devise : ‘Oui, nous pouvons éliminer la tuberculose’. À condition de le faire ensemble”.
Qu’est-ce que la tuberculose ?
La tuberculose est une maladie infectieuse mortelle. Elle touche surtout les poumons, mais elle peut aussi apparaître ailleurs, comme dans la colonne vertébrale, les reins ou les glandes lymphatiques. Tout le monde peut être infecté par la maladie, mais les personnes avec un système immunitaire affaibli ont 85 % de risques en plus de la contracter. La transmission se fait par les voies respiratoires. Des microgouttelettes sont libérées lorsqu’on respire, tousse ou éternue.