Pourquoi et comment faut-il traquer les moustiques tigres de plus en plus présents en Belgique ?
Sciensano et l’Institut de médecine tropicale d’Anvers invitent la population à signaler la présence de cette espèce tropicale, dont les piqûres ne sont pas sans risque. L’an dernier, ils ont été vus à 12 endroits différents en Belgique.
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Publié le 22-05-2023 à 15h45 - Mis à jour le 22-05-2023 à 20h30
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Zébré noir et blanc, de la tête aux pattes, une ligne blanche parcourant le thorax, le moustique tigre est petit (environ 5 mm), vif, diurne, plutôt silencieux et urbain, mais féroce. Une véritable bête noire pour Sciensano et l’Institut de médecine tropicale d’Anvers (IMT) qui, cet été encore, invitent les citoyens à le surveiller sérieusement et, en cas de suspicion, le photographier pour le signaler sur la plateforme www. SurveillanceMoustiques.be. Depuis 2021, en effet, avec le projet MEMO + (Surveillance des moustiques exotiques Aedes en Belgique), l’Institut de santé publique et l’IMT suivent de près la présence de moustiques exotiques en Belgique (*).
L’an dernier, grâce à cette participation active de la population, les notifications ont permis de détecter l’Aedes albopictus à 9 endroits nouveaux, signe de l’augmentation du nombre de ces spécimens d’origine tropicale dans notre pays. Au total, en 2022, le monitoring actif des chercheurs sur le terrain associé aux notifications des citoyens a confirmé la présence de l’insecte dans 12 endroits différents sur notre territoire, soit un nombre supérieur à celui attendu. Le projet surveille notamment huit parkings d’autoroute où les moustiques tigres peuvent entrer dans notre pays via le trafic routier. L’espèce aime vivre là où il trouve de la nourriture pour ses œufs, soit l’homme en le piquant, et à proximité d’eaux stagnantes pour la ponte.
”Les résultats de la saison précédente montrent clairement que l’aide que nous recevons de la population dans la recherche des moustiques tigres constitue un complément indispensable au monitoring actif des endroits où ce moustique s’introduit dans notre pays, explique Marie Hermy, chercheuse chez Sciensano. Pour cette raison, cette année encore, nous invitons chacun à ouvrir les yeux et à saisir son appareil photo, dès le mois de mai et ce jusqu’en octobre”. Et ensuite charger les photos sur le site web qui reprend, outre une carte avec les résultats des signalements, des informations sur les caractéristiques, les sites de ponte et le comportement piqueur du moustique tigre, ainsi que les pathogènes que ce moustique peut transmettre et des conseils pour éviter les lieux de ponte et les piqûres.
Les bonnes raisons de le traquer
Si Sciensano et l’IMT font la traque aux moustiques tigres, c’est qu’il existe de bonnes raisons. Avant tout, il y a les nuisances qu’ils causent en journée par leur comportement piqueur agressif, surtout en matinée et en fin d’après-midi. Déjà douloureuses, ces piqûres peuvent en outre mal tourner si, après avoir piqué une personne infectée, le moustique tigre transmet à d’autres personnes des virus tels que ceux de la dengue, du chikungunya et du Zika.
Le bouton qui résulte d’une piqûre de moustique tigre est généralement dur, chaud et douloureux. Les démangeaisons apparaissent quasi instantanément avant de disparaître pour parfois réapparaître pendant plusieurs jours suite à une variation de température (après une douche par exemple).
”Une personne malade et un moustique tigre forment un cocktail dangereux pour la santé publique”, avertissent les responsables du projet de surveillance, justifiant toute l’importance d’avoir une bonne idée de la présence et de l’introduction de cette espèce de moustique dans notre pays.
Une surveillance cruciale
”La surveillance des moustiques exotiques est d’une importance cruciale, insiste Isra Deblauwe, entomologiste à l’IMT. Si nous répertorions à temps les endroits où ils apparaissent, ils pourront être maîtrisés plus rapidement et plus efficacement. Au cours des dernières années, le nombre de moustiques découverts a augmenté et selon les attentes, cette tendance va se poursuivre au cours des années à venir. Nous ne savons pas encore avec certitude si le moustique tigre a pu passer l’hiver chez nous mais il est important de suivre de près les introductions et les populations éventuelles. Cela nous permettra d’évaluer le risque de transmission de virus”.
En attendant, pour s’en débarrasser, si d’aventure ils venaient vous importuner, on conseille de planter de la citronnelle, des géraniums, du basilic ou de la lavande. Autant de plantes dites insectifuges dont les odeurs repoussent efficacement les moustiques tigres, au même titre que les ampoules LED. Quant à ce qui les attire, il semble que ces bestioles raffolent des émissions de gaz carbonique, de la transpiration et des odeurs corporelles, ainsi que des cosmétiques parfumés.
(*) Le projet MEMO + est une collaboration entre Sciensano, l’Institut de Médecine Tropicale (IMT) et le Barcoding Facility for Organisms and Tissues of Policy Concern (BopCo) pour l’identification moléculaire des moustiques exotiques collectés. Ce projet est financé par le Fédéral et les Entités fédérées pour l’Environnement et pour la Santé via le Plan d’Action Nationale Environnement-Santé (NEHAP).
Devenez chasseur de moustiques au Festival Nerdland
L’ITM et Sciensano participent au festival des sciences Nerdland (Flandre-Orientale) qui se tiendra du 26 au 28 mai 2023. Ils seront dans la zone d’expériences ‘Nerdland Jungle’. Les participants pourront devenir des “chasseurs de moustiques” en collectant autant de larves de moustiques vivants que possible et combattre le moustique tigre d’une manière ludique.