"Une réelle avancée dans l’arsenal thérapeutique” : ce qu’il faut savoir sur le nouveau traitement contre le cancer du poumon
Un essai clinique démontre qu’un comprimé administré dans les phases précoces d’un certain type de cancer du poumon permet d’améliorer considérablement les chances de survie des patients.
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- Publié le 06-06-2023 à 19h07
- Mis à jour le 06-06-2023 à 19h34
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L’annonce faite ce week-end, par le groupe pharmaceutique britannique AstraZeneca, lors du congrès annuel mondial de cancérologie organisé par la Société américaine d’oncologie clinique (ASCO) à Chicago n’est pas passée inaperçue. Elle a même été saluée par un véritable tonnerre d'applaudissements.
Le laboratoire a en effet présenté les résultats d’une étude portant sur 680 patients atteints d’un cancer du poumon à un stade précoce (stades 1B à 3A), dans plus d’une vingtaine de pays. Pour cet essai randomisé, les sujets devaient d’abord avoir été opérés et avoir suivi une chimiothérapie courte (3 mois). Ensuite, un groupe a pris quotidiennement le traitement pendant trois ans et l’autre groupe a pris un placebo.
Il en résulte que l’administration d’un médicament nommé osimertinib et commercialisé sous le nom de Tagrisso, qui vise un certain type de cancer du poumon présentant une mutation particulière, augmente considérablement les chances de survie. Sous forme de comprimé, il a démontré qu’il réduisait de moitié (51 %) le risque de décès par ce type de cancer du poumon, lorsqu’il est pris quotidiennement après une opération chirurgicale pour enlever la tumeur, selon les résultats d’un essai clinique présentés dans le cadre de ce congrès.
Le cancer du poumon des non-fumeurs
Que faut-il savoir au juste de ce traitement ? Comment l’accueillir ?
“Avec grand enthousiasme, car c’est une réelle avancée, nous dit le Pr Frank Aboubakar, pneumologue et oncologue thoracique aux Cliniques universitaires Saint-Luc, avant de nuancer quelque peu ses propos. Car ce médicament est vraiment spécifique pour un type de patients particuliers. En l’occurrence des personnes avec un cancer du poumon dit “non à petites cellules” et avec une mutation EGFR. Il s’agit essentiellement d’un cancer des non-fumeurs, qui représente environ 10 % de l’ensemble des cancers du poumon”.
Ce médicament, l’osimertinib, n’est pas nouveau, dans la mesure où il est déjà utilisé depuis 2020 de manière efficace chez des patients ayant des cancers du poumon de stade IV (stade avancé), métastatiques avec cette mutation. “On sait donc bien que le patient va répondre au traitement et qu’il sera en outre très bien toléré, fait remarquer le spécialiste. Ce comprimé est comme une clé qui va bloquer la multiplication des cellules tumorales. Le médicament est dirigé contre ces cellules tumorales en particulier ; c’est ce que l’on appelle une thérapie ciblée.”
Un traitement adjuvant
La nouveauté, avec cette étude, est que le médicament a été administré à des patients après la chirurgie, à un stade précoce de la maladie (et donc pas au stade métastasique). “Même si on a retiré la tumeur, on sait que les cellules tumorales microscopiques circulent dans le sang, poursuit le Pr Aboubakar. Le traitement en question vise à prévenir que ces cellules circulant dans le sang aillent s’implanter dans d’autres organes et créent des métastases à terme.”
Il s’agit donc d’un traitement préventif, adjuvant à la chimiothérapie. “Après une chimiothérapie courte de trois mois, on donne ce traitement pendant trois ans, confirme le pneumologue et oncologue thoracique, ce qui a pour effet d’augmenter la survie globale, de l’ordre de 50 % chez les patients avec ce cancer du poumon EGFR muté par rapport aux traitements actuels. Sachant que, pour cette population spécifique, la chimiothérapie augmente de 5 % la survie à 5 ans, l’osimertinib l’augmente encore de 12 %. En combinant les deux thérapies, on guérit donc 17 % de patients en plus de façon générale. Dit autrement, le taux de survie à 5 ans avec la chimio (après la chirurgie) pour ce type de cancer est des 73 % et, avec ce nouveau traitement, il passe à 85 %. Ce qui en fait une réelle avancée dans l’arsenal thérapeutique”.
Avec environ 1,8 million de morts par an dans le monde, le cancer du poumon est le cancer le plus meurtrier.