Un diagnostic plus sûr de la maladie d'Alzheimer du vivant du patient : des chercheurs de l’UCLouvain trouvent une nouvelle piste
Les scientifiques de l’Institut de neuroscience ont eu l’idée d’explorer une autre voie avec l’appui d’un outil puissant disponible à l’Institut de Duve, la spectrométrie de masse, capable de caractériser les protéines
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- Publié le 27-07-2023 à 16h39
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Comment, du vivant du patient, poser le juste diagnostic de la maladie d’Alzheimer qui, aujourd’hui, ne peut être confirmé qu’après autopsie ? C’est précisément la question à laquelle tentent de répondre de nombreuses équipes de scientifiques de par le monde. Dans une étude parue dans Nature Communications, des chercheurs de l’UCL viennent d’identifier une nouvelle piste.
Aujourd’hui, on sait que dans la maladie d’Alzheimer, une protéine – dénommée tau – joue un rôle central dans la survenue des symptômes, en s’accumulant dans les neurones sous forme d’agrégats, qui se propagent à l’ensemble du cerveau.
Mais pour tenter de mieux comprendre les mécanismes de la maladie d’Alzheimer ou d’autres troubles neuro-dégénératifs – en l’occurrence appelées tauopathies car elles impliquent la fameuse protéine tau -, les scientifiques sont aujourd’hui confrontés à une difficulté majeure : à ce jour, en effet, seule l’autopsie permet de décrire les agrégats de protéine tau dans le cerveau et donc de savoir avec certitude de quel type de maladie neuro-dégénérative souffrait la personne décédée.
Si, sur base des symptômes – qui dépendent des régions cérébrales touchées – le clinicien est a priori en mesure de déterminer de quelle pathologie il s’agit, il arrive cependant que la maladie se développe dans des régions cérébrales inhabituelles, ce qui fausse le diagnostic. Avec, pour conséquence, l’administration d’un traitement inapproprié. D’où la nécessité d’explorer de nouvelles voies.
La protéine tau soluble à l’étude
Pour mener à bien ses travaux, une équipe de scientifiques de l’Institut de neuroscience et de l’Institut de Duve de l’UCLouvain conduite par le Pr Bernard Hanseeuw a comparé la protéine tau agrégée (au centre des préoccupations depuis 30 ans) et la même protéine soluble. Sous cette forme, elle présente en effet l’avantage de pouvoir être caractérisée du vivant des patients, et cela par une ponction lombaire (réalisable dès aujourd’hui) ou une prise de sang (envisageable dans le futur).
L’originalité du travail, selon le Pr Hanseeuw, est en effet d’avoir comparé la protéine soluble et les agrégats, alors que la plupart des biochimistes travaillent sur les agrégats, visibles au microscope. Cette recherche a été possible grâce à un outil puissant disponible à l’Institut de Duve de l’UCLouvain, la spectrométrie de masse, capable de caractériser les protéines.
Vers de nouvelles pistes thérapeutiques
“Sur un plan plus fondamental, explique le chercheur, cette comparaison permet de mieux comprendre le processus d’agrégation. Notre hypothèse est que les modifications – qu’on retrouve uniquement sur la protéine agrégée – provoquent sans doute l’agrégation. Et celles qu’on retrouve uniquement sur la protéine soluble empêchent probablement l’agrégation. Ce résultat confirme que le problème des maladies neurodégénératives, ce n’est pas la production de ces protéines car elles sont produites normalement. Le problème, c’est bel et bien l’élimination ou la modification de ces protéines une fois qu’elles ont été produites. Cela ouvre des pistes pour développer un biomarqueur, donc un diagnostic, mais aussi pour préciser quelles sont les modifications qui font que cette protéine s’agrège ou pas, soit une belle piste thérapeutique. ”