Faut-il s'inquiéter de l'augmentation des nouveaux cas de Covid ces dernières semaines?
L'indicateur le plus fiable est la présence du virus dans les eaux usées. Cela a montré une hausse depuis début août.
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- Publié le 31-08-2023 à 06h48
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Près de 40 % d’augmentation de cas de Covid au cours de la semaine écoulée, selon le dernier rapport hebdomadaire de Sciensano, paru mercredi : faut-il s’inquiéter de ce chiffre a priori peu rassurant ? Comment l’interpréter ? Si une hausse de cet ordre peut en effet paraître impressionnante, “il convient de relativiser dans la mesure où, en chiffres absolus, cela correspond à seulement 25 nouveaux cas par 100 000 habitants enregistrés au cours des deux dernières semaines”, nous fait remarquer le Dr Steven Van Gucht, de Sciensano. Le retour des vacances et la rentrée scolaire favorisant la circulation du virus ainsi que la plus grande contagiosité du nouveau sous-variant EG.5 expliquent en partie cette hausse.
Ceci étant, “l’indicateur le plus fiable est le virus dans les eaux usées, nous dit encore le virologue. Cela a montré une hausse depuis début août, mais cela semble se stabiliser un peu maintenant. À ce moment, il reste difficile de dire si cette tendance persiste ou non. Les modèles prédisent un nouveau pic plutôt fin octobre-novembre, mais sans risque de surcharge des hôpitaux.”
Pour Emmanuel André, interrogé par nos confrères de la RTBF, la situation présente n’a rien d’étonnant ni même d’inquiétant vu que “notre immunité collective reste très bonne, et se renforce à chaque fois qu’apparaît un nouveau variant”.
À ce propos, on peut aujourd’hui parler de “soupe avec un mix de variants qui viennent et partent, nous dit le Dr Van Gucht. Cette évolution est intéressante pour les virologues, mais ne devrait pas inquiéter le grand public”.
Port du masque dans certains hôpitaux
Si, pour ce spécialiste, “l’inquiétude n’est vraiment pas nécessaire à ce stade”, il faut néanmoins rester vigilant, comme en témoigne la situation de certains hôpitaux du pays. À ce jour, “une dizaine de cas Covid ont été recensés dans nos trois hôpitaux du CHU UCL Namur, explique pour sa part le Pr Benoît Rondelet, directeur médical de groupe. Trois services sont principalement touchés : la gériatrie, l’oncologie et la revalidation, c’est-à-dire dans les unités où les patients sont les plus vulnérables. Pour se protéger des ‘gouttelettes’, les mesures standard ont été prises afin de limiter la propagation. À savoir l’isolement des patients, le port du masque ciblé dans ces unités… Ceci dit, il n’est en aucun cas question de crise ou de situation comme celles connues précédemment. Le Covid est désormais considéré comme toute autre maladie commune et les mesures prises sont similaires à celles en cas d’épidémie de grippe.”
Cette augmentation du nombre de cas, peut-être due à la proximité avec la situation du nord de la France, où le port du masque a été réinstauré, n’est cependant pas observée dans les principaux hôpitaux bruxellois que nous avons contactés, qu’il s’agisse d’Erasme, de Bordet, de l’hôpital universitaire des enfants (HUDERF). Ou encore des Cliniques universitaires Saint-Luc : “Actuellement, seuls trois patients ont réellement été hospitalisés pour raison de Covid-19, nous a fait savoir Sylvain Bayet, en charge des relations avec la presse. Quelques patients (une dizaine) ont été découverts (NdlR : avec une infection au Covid) fortuitement lors de leur admission pour une autre raison médicale ou durant leur hospitalisation. Ils sont isolés et surveillés minutieusement. Dans tous les cas, il n’y a pas de signes de gravité : aucun patient n’a été hospitalisé aux soins intensifs pour cause de Covid. Les patients des urgences sont par ailleurs sensibilisés au port du masque en salle d’attente en cas de fièvre, toux ou symptômes grippaux.”
Bientôt les nouveaux vaccins
Les clusters apparus ces derniers jours n’ont rien de bien surprenant, à entendre le Dr Yves Van Laethem, infectiologue. “Les précautions prises dans certains hôpitaux visent avant tout à éviter les transmissions nosocomiales, nous dit le médecin. Mieux vaut porter le masque un peu plus tôt qu’un peu trop tard. Mais nous ne nous trouvons pas encore dans une situation où il faut généraliser le port du masque en hôpital. Pour avoir une augmentation du nombre de cas vraiment significative, il faudra vraisemblablement attendre encore quelques semaines. J’espère que ce ne sera alors qu’une petite recrudescence automnale classique.”
Les nouveaux vaccins attendus pour la deuxième quinzaine de septembre devraient tomber à pic. “Il sera alors nécessaire de vacciner les groupes cibles. Ces nouveaux vaccins sont adaptés au principal variant en circulation ces derniers mois. On se rapproche donc du variant actuel. Pour les personnes vulnérables, qui n’ont plus été vaccinées depuis une dizaine de mois maintenant, ce rappel sera nécessaire”, insiste le Dr Yves Van Laethem.