Les “puffs” bientôt interdites en France mais pas encore en Belgique : “C’est une façon déguisée de rendre nos jeunes dépendants au tabac”
Les “puffs”, ces cigarettes électroniques jetables destinées à séduire les jeunes, seront bientôt interdites en France. En Belgique, la Fondation contre le Cancer presse le gouvernement de prendre la même direction.
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- Publié le 04-09-2023 à 15h01
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Les “puffs” (bouffées en anglais), ces cigarettes électroniques jetables destinées à séduire les jeunes, seront bientôt interdites en France. En effet, Elisabeth Borne, la Première ministre, a annoncé ce dimanche leur interdiction prochaine. La mesure visant à interdire ces cigarettes à la mode s’inscrira dans le cadre du plan antitabac prévu pour 2023-2028 car elle cible les adolescents, alors que la cigarette électronique est interdite aux mineurs.
Avec ses saveurs sucrées ou fruitées (confiseries, barbe à papa, fraise tagada, marshmallow, vanille ou chocolat-noisette…), ses emballages aux couleurs fluo et son prix démocratique allant de huit à 12 euros pour 500 bouffées, la “puff” existe sous une vingtaine de marques. Aujourd’hui, les professionnels de la santé sont inquiets et dénoncent un vrai danger pour les plus jeunes. En effet, elles contiennent des sels de nicotine, qui peuvent entraîner des inflammations des voies respiratoires.
”Un produit qui prête à confusion”
Depuis plusieurs mois, la Fondation contre le Cancer presse les autorités d’emboîter le pas en interdisant ces produits. Dans un avis de juin 2022, le Conseil supérieur de la santé recommande aussi l’interdiction de la puff.
Si la mesure figure bien dans le plan interfédéral tabac, adopté en décembre 2022 et qui prévoit une interdiction au 31 décembre 2025, il est d’abord nécessaire de justifier cette interdiction devant la Commission européenne puis d’obtenir son feu vert préalable. Au cabinet du ministre Vandenbroucke, on explique être dans l’attente d’une réponse de l’Europe.
Nous sommes pour une régulation beaucoup plus stricte"
“Il est clair qu’elles visent les jeunes, notamment via leur packaging, leur mise en scène sur Tik-Tok et sur les autres réseaux sociaux, explique Véronique Le Ray, directrice médicale de la Fondation contre le cancer. C’est une façon déguisée de rendre les jeunes dépendants au tabac. A court et moyen terme, les jeunes ne savent pas s’il y a de la nicotine dedans, c’est un produit qui prête à confusion et qui, en plus, est disponible assez facilement. Nous sommes donc pour une régulation beaucoup plus stricte de sa consommation et de sa vente, notamment pour protéger les plus jeunes”.
Concrètement, le taux de nicotine autorisé de 20 milligrammes par millilitre est jugé suffisamment élevé pour pouvoir créer une forte dépendance. Et si le vapotage pour les adultes peut être une façon de sortir de sa dépendance, les puffs pour les ados deviennent au contraire une porte d’entrée vers le tabagisme. “La cigarette électronique doit être cadrée dans l’optique d’un sevrage tabagique effectué par un médecin ou par des professionnels, souligne le Dr Le Ray. Ce type de consommation doit donc être beaucoup plus encadré, notamment par des pharmaciens, mais on doit épargner nos jeunes et stopper cette forme de marketing intensif. De plus, d’après une étude que nous avons réalisée et dont les résultats seront bientôt disponibles, un nombre important de fumeurs qui tentent d’arrêter par cette solution restent des doubles fumeurs (cigarettes électroniques et normales)”.
La puff pourrait “insidieusement relancer une nouvelle vague de consommation”
D’après un sondage du FARES, le Fonds des Affections Respiratoires, une association de lutte contre le tabagisme, 1 jeune sur 4 connaissant la “puff” en consomme. Cet objet, qui contient entre 0 et 20 mg/ml de nicotine, s’est donc rapidement transformé en une question de santé publique dont s’est saisi le service fédéral concerné, qui a tenté d’interdire les points de ventes dès novembre 2022.
”Alors que l’usage de produits du tabac fumé diminue sans cesse en Belgique et que le tabagisme est passé sous la barre des 20 % dans la population générale, il apparaît que la puff, utilisée par 24 % de jeunes dans cet échantillon, pourrait insidieusement relancer une nouvelle vague de consommation, alerte l’association. Ce produit surfe en effet sur des besoins identifiés dans l’air du temps et bénéficie d’une image récréative très différente de celle des produits fumés. L’accrochage du consommateur risque d’être de longue durée, en particulier chez ceux qui utilisent une puff à la nicotine, qui est une substance qui rend dépendant”.
Et l’autre source de préoccupation vis-à-vis des puffs, c’est leur impact sur l’environnement. Dotées de batterie en lithium, leur recyclage se révèle en effet compliqué. “C’est une source de pollution énorme pour l’être humain et l’environnement”, conclut-elle.