Pourquoi vaudrait-il mieux se faire opérer par une chirurgienne que par un chirurgien ?
Deux études ont montré que les risques de complications postopératoires étaient moindres quand les opérations étaient réalisées par des femmes médecins. Tentative d’explication
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/1ceeccb3-2097-46f3-8d46-df0c56746447.png)
- Publié le 05-09-2023 à 15h09
:focal(2159.5x1448:2169.5x1438)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/MPIJJDCDDVD4RPP2YA2JYRES3Y.jpg)
Et s’il valait mieux passer sur le billard en se confiant aux mains d’une chirurgienne plutôt que d’un chirurgien ? C’est ce que semblent révéler deux articles parus récemment dans la revue Jama Surgery. D’après ces études menées respectivement en Suède et au Canada, les patients opérés par des femmes médecins sont moins susceptibles de souffrir de complications et de nécessiter de soins de suivi que ceux pris en charge par des chirurgiens masculins.
Pour en arriver à cette conclusion, les auteurs se sont basés sur plus d’un million de dossiers médicaux ! Quant à expliquer les raisons qui pourraient justifier ces meilleurs pronostics pour les patients opérés par des chirurgiennes, les chercheurs ont observé que celles-ci avaient tendance à prendre plus de temps pour opérer et semblaient plus concentrées, deux attitudes qui permettent clairement de réduire le risque d’erreur.
“Les données suggèrent que les chirurgiennes sont plus susceptibles de prendre des décisions en se concentrant sur le patient, plus disposées à travailler en collectif et à sélectionner plus soigneusement les patients à opérer”, détaille le Pr Martin Almquist dans un éditorial présentant les études. Face à ce constat, le Dr Christopher Wallis, qui a dirigé l’une des études à l’hôpital Mount Sinaï de Toronto, a déclaré que ces résultats devraient inciter les chirurgiens masculins à réfléchir à leur approche de la chirurgie et à s’inspirer de leurs collègues féminines pour le bien des patients.
Des événements postopératoires indésirables
Plus dans le détail, son équipe a examiné les complications médicales, les réadmissions à l’hôpital et les taux de décès après une intervention chirurgicale chez près de 1,2 million de patients de l’Ontario entre 2007 et 2019. Les dossiers comprenaient 25 procédures chirurgicales différentes sur le cœur, le cerveau, les os, les organes et les vaisseaux sanguins. L’analyse de ces données a montré que, 90 jours après une opération, 13,9 % des patients traités par un chirurgien masculin présentaient des “événements postopératoires indésirables”, incluant le décès et des complications médicales allant de problèmes nécessitant une nouvelle opération à des infections majeures, des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux, contre 12,5 % pour les patients traités par des chirurgiennes.
Si cette différence peut paraître ténue, de l’étude canadienne il ressort que les patients traités par des chirurgiens avaient 25 % plus de risque de mourir un an après l’opération que ceux traités par des chirurgiennes.
Ces résultats sont cependant à prendre avec prudence, comme le fait remarquer Tim Mitchell, président du Royal College of Surgeons of England, en soulignant les biais dans “la complexité des cas cliniques” qui ne peuvent pas complètement être exclus.