Manger pour deux: deux fois plus ou deux fois mieux?
L'état de nutrition de la période pré-conceptionnelle et au cours de la grossesse est un élément essentiel pour le déroulement de celle-ci et le développement optimal du foetus. Mais plus que des apports majorés de calories, ce sont surtout les choix alimentaires qualitatifs garantissant une couverture des besoins et une prise de poids idéales qui seront déterminants pour la santé de la mère et celle de l'enfant
- Publié le 22-01-2001 à 00h00
L'état de nutrition de la période pré-conceptionnelle et au cours de la grossesse est un élément essentiel pour le déroulement de celle-ci et le développement optimal du foetus. Mais plus que des apports majorés de calories, ce sont surtout les choix alimentaires qualitatifs garantissant une couverture des besoins et une prise de poids idéales qui seront déterminants pour la santé de la mère et celle de l'enfant.
La grossesse est certes un processus qui nécessite de l'énergie: non seulement le foetus doit pouvoir se construire, mais encore la mère va stocker de l'énergie sous forme de graisse corporelle pour constituer une réserve pour l'enfant et pour faire face aux besoins de l'allaitement. Parallèlement, son métabolisme se modifie et réduit ses dépenses énergétiques, comme s'il devenait plus économe. Si bien qu'il n'est pas toujours utile en pratique que la femme enceinte augmente sa ration calorique. Plus qu'aux quantités, veillons donc à améliorer le choix qualitatif de nos aliments pour garantir une couverture optimale des besoins engendrés par la grossesse.
UN ÉQUILIBRE DÉLICAT
Pour la mère, une prise de poids optimale laisse supposer une grossesse et un accouchement sans complication, une réserve en nutriments et en énergie suffisante, nécessaire au bon déroulement de l'allaitement maternel. Un gain de poids trop élevé augmente les facteurs de risque de diabète gestationnel, d'hypertension artérielle, de complications médicales et obstétricales, et de maintenir une surcharge pondérale importante par la suite. A l'opposé, un faible poids de la mère augmente les risques de prématurité et de retard de développement du foetus. Pour l'enfant, la prise de poids à terme est l'un des facteurs essentiels qui influencent la mortalité et la morbidité foetale.
Ce poids supplémentaire représente bien entendu le foetus, le placenta, le liquide amniotique, l'augmentation du volume de l'utérus et des seins, ainsi que le volume accru de sang et d'eau. Outre ces kilos «obligatoires», la femme enceinte se constitue une réserve graisseuse qui n'est pas considérée comme nécessaire pour toutes les femmes, qui est variable, et est tributaire en premier lieu du poids préalable de la mère, de l'hérédité, comme des quantités et de la qualité des aliments consommés au cours de la grossesse.S'il est donc très facile de justifier une prise de poids moyenne de 12,5 kg, des études récentes ont montré que le poids de naissance du bébé est fortement lié au mode d'évolution du poids au cours de la grossesse, plutôt qu'à la prise de poids totale de la mère. Ainsi, le gain de poids doit être graduel et progressif, suggéré durant le premier trimestre de 1 à 3 kg et de 350 à 450 grammes par semaine durant les deuxième et troisième trimestres; le second trimestre étant, semble-t-il, déterminant pour la prise de poids du bébé.
BESOINS EN VITAMINES
S'il est fréquent d'envisager une supplémentation vitaminique, suivant les conseils du gynécologue, dès que la grossesse est médicalement officialisée, l'apport en certaines vitamines et notamment la vitamine B 9 également appelée acide folique, devrait être augmenté dès avant la conception. En effet, l'acide folique permet de réduire les risques de Spina bifida ou anomalie de la fermeture du tube neural, à condition que celui-ci ait été consommé minimum 28 jours avant la conception. Parce que dans la plupart des cas, la grossesse n'est pas aussi précisément programmée, les scientifiques envisagent de supplémenter l'alimentation en acide folique par l'intermédiaire de l'enrichissement de certains aliments. C'est le cas notamment aux Etats-Unis, où les produits céréaliers sont enrichis depuis 1996. A noter tout de même que vous pouvez améliorer naturellement (mais malheureusement insuffisamment) votre statut en acide folique en consommant régulièrement des céréales complètes, des légumes secs et des légumes verts.
La vitamine B 6 favorisera également une croissance foetale optimale et est donc contenue dans les suppléments vitaminiques conseillés, de même que la vitamine D nécessaire au transport et à la fixation du calcium.
FER ET CALCIUM, INCONTOURNABLES
Le fer, indispensable à la formation de l'hémoglobine du sang, est nécessaire pour garantir une réserve suffisante afin de faire face aux pertes de sang importantes que subit la mère lors de l'accouchement. Une alimentation riche en fer (viande, légumes verts, cacao,) ne suffit pas à couvrir les besoins majorés de la grossesse.
Par contre, les besoins en calcium de la femme enceinte (estimés à 1.200mg par jour) peuvent être couverts par la consommation régulière de lait, yaourts, fromages, céréales complètes, légumes ou encore de boissons riches en calcium. Ces apports augmentés permettront d'assurer un bon statut osseux à l'enfant, de maintenir correct celui de la mère ainsi que d'améliorer la concentration en calcium du lait maternel mais aussi de diminuer la pression artérielle et le risque de complications liées à celle-ci.
MANGER DEUX FOIS MIEUX?
Si l'évolution optimale de la grossesse est sans aucun doute liée à une alimentation adéquate de la mère au cours de celle-ci, son alimentation avant la conception est certainement aussi déterminante. La corpulence préalable de la mère, son statut osseux, ses réserves de fer comme des besoins accrus en acide folique lors de la conception sont autant de facteurs à contrôler; ce qui laisse supposer la nécessité d'informer précocement toute jeune femme en âge d'avoir des enfants.Les règles de base de l'alimentation équilibrée et variée, respectées au quotidien, sont autant de mesures efficaces pour augmenter ses chances de vivre une grossesse harmonieuse, déterminante pour le développement du foetus et la qualité de vie de l'enfant à naître. Cela suppose d'adapter ses apports en fonction des besoins, notamment pour les protéines, les lipides et les glucides, de supplémenter éventuellement l'alimentation pour faire face aux besoins accrus en vitamines et minéraux, de ne pas négliger les fibres pour réduire le risque de constipation et de bien s'hydrater, et cela dès avant la conception, si possible.
diététicienne
© La Libre Belgique 2001