Le pontage coronaire moins invasif
En 2004, près de 13000 patients ont subi une opération à coeur ouvert. Et si 7300 pontages coronariens ont été effectués, peu nombreux étaient les patients qui, avant leur intervention, se doutaient qu'en fait, ils allaient devoir affronter deux opérations simultanément.
Publié le 31-05-2005 à 00h00
En 2004, près de 13000 patients ont subi une opération à coeur ouvert. Et si 7300 pontages coronariens ont été effectués, peu nombreux étaient les patients qui, avant leur intervention, se doutaient qu'en fait, ils allaient devoir affronter deux opérations simultanément. Lors d'un pontage coronaire, le chirurgien doit en effet prélever une partie d'un vaisseau sanguin sain de la jambe ou du bras, voire du thorax, afin de créer un nouveau trajet sanguin dans le coeur.
L'opération consiste en effet à greffer une extrémité du vaisseau prélevé sur l'aorte et l'autre sur l'artère coronaire malade en un point situé au-delà de l'obstruction. Appelée pontage, cette «déviation» permet au sang d'atteindre le coeur en contournant la partie rétrécie ou complètement obstruée de l'artère malade. Ainsi augmenté, le débit sanguin réduira nécessairement les risques d'angine de poitrine ou de crise cardiaque.
Pour effectuer le prélèvement de la veine ou de l'artère saine, le chirurgien a le choix entre la méthode traditionnelle ou sous endoscopie.
Méthode traditionnelle
Nettement plus invasive, la première technique consiste à pratiquer une longue incision le long de la jambe pour accéder à la veine saphère (vena saphena magna) ou le long du bras pour prélever l'artère radiale (arteria radialis). Qu'il s'agisse de l'une ou de l'autre, une fois la veine ou l'artère retirée, après cicatrisation, l'irrigation sanguine des membres doit se normaliser. En fonction des besoins, l'incision sera plus ou moins longue. Il n'est cependant pas rare qu'elle s'étende de la cheville à l'aine ou du poignet au coude.
Vu l'importance de la plaie, même s'ils demeurent relativement rares, des risques d'infections et de complications peuvent apparaître en cours de cicatrisation, de même que des douleurs postopératoires, entraînant éventuellement un retard au niveau de la rééducation. Enfin, autre risque associé à cette méthode traditionnelle: il arrive que le prélèvement de l'artère radiale entraîne des complications nerveuses.
Sous endoscopie
Autant d'inconvénients qui semblent évités en cas de recours au prélèvement sous endoscopie, clairement moins invasive. En lieu et place d'une incision pratiquée tout le long du bras ou de la jambe, le chirurgien effectue ici une à trois petites incisions de 2 cm maximum, à travers lesquelles le chirurgien insère un long instrument très fin afin de séparer les vaisseaux des tissus environnants.
Grâce à une petite caméra qui projette une image de la jambe ou du bras sur un écran de surveillance, il peut retirer la veine ou l'artère sans trop de traumatisme pour le bras ou la jambe.
Les principaux inconvénients de la méthode traditionnelle deviennent les avantages de la technique sous endoscopie: réduction du traumatisme chirurgical pour le patient, diminution de l'apparition de complications et d'infections lors de la cicatrisation de la plaie et absence de longue cicatrice et donc bénéfice esthétique manifeste.
« En ce qui concerne la qualité des greffons, les résultats obtenus sont comparables pour les deux techniques», nous assure le Dr Marc Detroux, chirurgien cardiaque à l'hôpital Saint-Joseph à Gilly, précisant que la durée du prélèvement est, elle aussi, équivalente. Et s'il existe un surcoût au niveau du matériel, celui-ci étant pris en charge par la mutuelle, il n'en coûtera pas davantage pour le malade.
Les indications
Indiquée pour la plupart des patients souffrant de grave coronaropathie qui ne peuvent être traités par d'autres méthodes, cette technique moins invasive est particulièrement conseillée aux patients présentant un risque accru de complications au niveau des plaies, qu'ils souffrent de diabète, maladie vasculaire périphérique, insuffisance rénale, obésité ou indice de masse corporelle, anémie, problèmes dermatologiques, antécédents de tabagisme ou qu'ils aient un âge avancé.
En Belgique, où l'intervention endoscopique est une procédure reconnue par l'assurance maladie, on estime que plus de 5500 patients pourraient, chaque année, entrer en ligne de compte pour cette opération. Depuis son introduction commerciale en primeur mondiale sur le marché belge en 1997, la technique Vaso View (Guidant) ou endoscopique a été pratiquée à quelque 400000 reprises. Deux autres systèmes, commercialisés par les firmes Ferumo et Johnson & Johnson, sont également proposés dans les hôpitaux belges.
© La Libre Belgique 2005