Plus fort que tout, le désir de donner la vie
Dans 1 pc des cas, le cancer du sein survient pendant la grossesse et dans 10 à 15 pc des cas, la maladie apparaît avant 40 ans, c'est-à-dire à un âge où une grossesse est théoriquement possible. Outre les problèmes de fertilité provoqués par les traitements, se pose la question du risque accru ou non de récidive après un cancer du sein.
Publié le 26-09-2006 à 00h00
ENTRETIEN
Dans 1 pc des cas, le cancer du sein survient pendant la grossesse et dans 10 à 15 pc des cas, la maladie apparaît avant 40 ans, c'est-à-dire à un âge où une grossesse est théoriquement possible. Outre les problèmes de fertilité provoqués par les traitements, se pose la question du risque accru ou non de récidive après un cancer du sein. Peut-on raisonnablement encourager une patiente à entreprendre une grossesse sans lui faire courir de risque, alors qu'à la fin des années 80, dès que le diagnostic de cancer du sein était posé, on envisageait la ligature tubaire et lorsque l'on découvrait un cancer en cours de grossesse, on proposait systématiquement une interruption?
Une chose semble certaine pour Martine Berlière, gynécologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc, le désir d'enfant appartient au couple.
En l'état actuel des connaissances, que sait-on du lien entre grossesse et risque de récidive?
On sait que la grossesse ne modifie pas l'évolution de la maladie cancéreuse. Si elle doit récidiver, elle récidivera et ce n'est pas la grossesse qui aura une influence sur cette rechute.
Peut-on affirmer qu'il n'existe pas de contre-indication à entreprendre une grossesse après un cancer du sein?
Si la maladie n'est pas évolutive, il n'existe effectivement pas de contre-indication. Il est évident que si elle est métastatique, c'est contre-indiqué.
Y a-t-il néanmoins un certain temps à respecter entre la fin du traitement et la mise en route d'une grossesse?
Oui, il y a un délai minimum de deux ans à respecter, puisque les récidives les plus sévères ont généralement lieu dans les deux premières années suivant le traitement. Passé ce délai, nous sommes plus tolérants et nous laissons le couple prendre sa décision, tout en veillant à demander un bilan complet, notamment sénologique. Mais en définitive, le désir d'enfant appartient au couple et il ne se négocie pas.
Peut-on envisager d'interrompre des schémas d'hormonothérapie, sachant que la grossesse est contre-indiquée pendant ces traitements qui durent en principe plusieurs années?
C'est, en effet, de plus en plus le cas. Ces schémas étant de cinq ans, il est certain que pour une femme de 35 ans, par exemple, qui voudrait mettre en route une grossesse, cela paraît fort long.
Dans quelle mesure la fertilité est-elle altérée après un traitement contre le cancer?
Les traitements de chimiothérapie essentiellement entraînent des risques d'insuffisance ovarienne, de ménopause précoce et donc de stérilité définitive. Il est donc exact qu'ils altèrent le potentiel de fertilité. De nombreuses recherches sont en cours pour voir comment augmenter la fertilité. L'une de ces techniques consiste à réaliser un cryopréservation ovarienne, en sachant qu'en cas de cancer du sein, nous n'avons jusqu'à présent pas fait de réimplantation car il subsiste un petit risque potentiel de réimplanter des cellules néoplasiques, l'ovaire étant un site de métastases de cancer du sein. On étudie donc la possibilité de réimplanter des follicules purs. D'autres équipes proposent la fécondation in vitro.
© La Libre Belgique 2006