Un nouveau dépistage systématique

Groupe de travail

La prévention du cancer figurant parmi les priorités de la ministre en charge de la Santé en Communauté française, un groupe de travail chargé d'évaluer la faisabilité d'un dépistage de masse a été mis sur pied. C'est dans le cadre du symposium annuel de la Fondation contre le cancer, cette année consacré au cancer du gros intestin, que la ministre Catherine Fonck a annoncé, vendredi matin, qu'un programme de dépistage systématique du cancer du gros intestin devrait être lancé dans le courant de l'année 2009. La proposition du programme de dépistage doit toutefois encore être débattue dans les prochains jours au sein du gouvernement de la Communauté française.

Ce test de dépistage s'adressera aux personnes présentant un risque moyen de développer ce type de cancer. Il visera les personnes âgées entre 50 et 74 ans, sans antécédent particulier. Dans la population générale pour laquelle le risque est décrit comme moyen, le risque de développer un cancer colorectal avant 74 ans est de 3,5 pc.

Les personnes considérées comme à risque très élevé, qu'elles aient des antécédents familiaux ou personnels, ou qu'elles souffrent d'une maladie inflammatoire chronique de l'intestin, doivent, en effet, bénéficier d'un suivi beaucoup plus spécifique et n'entrent donc pas dans le groupe des sujets visés par ce dépistage de masse.

Chez le généraliste

Le test de dépistage qui sera réalisé chez le médecin généraliste, tous les deux ans est l'Hémoccult. Recommandé par les autorités européennes comme moyen de dépistage de masse, il consiste à rechercher du sang occulte dans les selles. " Un cancer colorectal s'accompagne souvent de petites pertes de sang qui ne sont pas visibles à l'oeil nu , explique le P r André Grivegnée, de l'Institut Jules Bordet, ces saignements microscopiques peuvent être découverts en faisant réagir un prélèvement de selles (effectué à l'aide d'une petite tigette) avec des produits chimiques ." S'il présente plusieurs avantages (non invasif, peu coûteux, facile à réaliser...), ce test a toutefois ses limites. On estime, en effet, à 50 pc la sensibilité de l'Hémoccult, ce qui signifie que seuls 50 pc des cancers sont détectés. En outre, alors que la plupart des cancers colorectaux se développent à partir d'une lésion pré-cancéreuse appelée polype ou adénome (excroissance de la paroi intestinale) l'Hémoccult ne détecte pas 80 pc des polypes dont la taille est supérieure à 1 cm. " Or, le risque de transformation est étroitement lié à la taille , explique pour sa part le D r Marc Polus, du service de gastro-entérologie du CHU Sart Tilman, ainsi, on estime que pour 1 000 adénomes, 100 atteindront une taille de plus de 1 cm et 25 se transformeront en cancer ." Sachant que cette évolution intervient en une dizaine d'années en moyenne, la répétition, en l'occurrence tous les deux ans, du dépistage s'avère essentielle.

En cas de résultat positif, le patient devra se soumettre à une coloscopie, " l'Hémoccult n'étant pas un test de diagnostic, mais bien un test de sélection qui permet de trier les candidats à la coloscopie ", comme l'explique encore le Pr Grivegnée.