La vaccination cahin-caha

Avec une semaine de retard sur le calendrier préalablement établi, la campagne de vaccination contre la grippe A/H1NI passera le 7 novembre dans une seconde phase : celle adressée au grand public. Femmes enceintes : les avis divergent Si pas mal, trop informé Notre dossier spécial "Grippe A"

V.R.

Avec une semaine de retard sur le calendrier préalablement établi, la campagne de vaccination contre la grippe A/H1NI passera le 7 novembre dans une seconde phase : celle adressée au grand public.

Pour l’instant, ce sont les professionnels de la santé qui se font immuniser. La vaccination n’étant pas obligatoire, il est pour l’heure un peu difficile de savoir si le personnel hospitalier et le corps médical sont massivement vaccinés. Les échos sont plutôt contradictoires (lire ci-contre). Mais pour Laurette Onkelinx (PS), le mot d’ordre est bien suivi par les professionnels de la santé. La ministre de la Santé publique a en effet indiqué que 9 000 vaccinations avaient déjà été enregistrées dans les hôpitaux, et que, dans les faits, le double devait déjà avoir été effectué vu le temps nécessaire à leur enregistrement. D’autre part, les cercles de médecins généralistes auraient déjà commandé 9 000 doses. "Pour l’instant, nous sommes donc bien en phase de vaccination", a-t-elle fait valoir.

Mais les choses ne se passent pas sans heurts. Pour tout dire : un certain flou règne. Patients et médecins trahissent parfois des signes évidents de perplexité. Quand ce n’est pas une franche hostilité. C’est que certains regrettent le choix de ne retenir que le seul Pandemrix, un vaccin qui contient un adjuvant (lire encadré), alors que d’autres pays, la France ou l’Allemagne, par exemple, ont aussi autorisé un vaccin sans adjuvant. Ce vendredi, le tribunal des référés de Bruxelles va d’ailleurs examiner la plainte du collectif "Initiative citoyenne", qui vise ni plus ni moins à suspendre la campagne de vaccination tant que "des informations claires et indépendantes n’auront pas été données à propos d’éventuels effets secondaires".

Laurette Onkelinx a rappelé ce jeudi que l’Organisation mondiale de la santé et les autorités européennes avaient validé le vaccin avec adjuvant, "y compris pour les femmes enceintes". Elle n’a pas moins demandé au Comité scientifique Influenza de rencontrer les représentants des sociétés scientifiques de médecins pédiatres et de médecins gynécologues pour avoir leur avis sur la question. La réunion aura lieu le 3 novembre, quatre jours avant le lancement de la campagne de vaccination à destination du grand public.

Les citoyens ne sont pas les seuls à s’interroger. Les médecins eux-mêmes se disent parfois perdus par les instructions peu claires ou changeantes des autorités publiques. Leurs représentants sont montés aux barricades. L’Association belge des syndicats médicaux a même demandé par voie de communiqué la démission du docteur Marc Van Ranst, le commissaire interministériel Influenza chargé d’organiser la riposte belge à la pandémie.

Il faut dire que le virologue avait fait des déclarations incendiaires dans la presse médicale. Il avait notamment affirmé que les syndicats de médecins ne représentaient qu’eux-mêmes et qu’ils ne se montraient pas à la hauteur de la situation. Ces propos ont évidemment provoqué une certaine rancœur chez les médecins. Interpellée à ce sujet ce jeudi, la ministre de la Santé a volé au secours du patron de la cellule Influenza en lui réitérant sa confiance. Mais elle a dû le sermonner et qualifier d’ "inacceptables" les propos qu’il avait tenus dans la presse médicale.

Du reste, ce n’est pas ce qui fâche le plus les médecins. Eux, ce qu’ils n’avalent pas, c’est l’obligation d’enregistrer dans une base de données chaque vaccination. L’objectif est pourtant louable. Les autorités sanitaires du pays veulent ainsi pouvoir agir rapidement si un lot de vaccins devait présenter des défauts. Mais les médecins se méfient. "La confidentialité des données n’est pas garantie, maintient Roland Lemye, président de l’Absym. Le secret professionnel doit être mieux préservé. Les gens qui seront vaccinés seront des patients à risque." Pour tenter d’apaiser ces craintes, Laurette Onkelinx a limité strictement l’accès aux données personnelles de vaccination. Seuls le médecin traitant de la personne concernée et celui qui le vaccinera pourront les consulter. Reste à voir si cela suffira au corps médical.

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