Si pas mal, trop informé

Pas un grand succès Non, en effet, on ne peut pas dire qu’entrée il y aura bientôt deux semaines dans sa première phase, la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1 soit un grand succès, de manière générale. On ne le lui fait pas dire, mais le Dr Kalenga Oly Ilunga, directeur médical aux Cliniques de l’Europe, site Saint-Michel, doit bien nous l’avouer.

Laurence Dardenne

Pas un grand succès Non, en effet, on ne peut pas dire qu’entrée il y aura bientôt deux semaines dans sa première phase, la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1 soit un grand succès, de manière générale. On ne le lui fait pas dire, mais le Dr Kalenga Oly Ilunga, directeur médical aux Cliniques de l’Europe, site Saint-Michel, doit bien nous l’avouer.

Alors que nous l’avions rencontré le jour de livraison des vaccins dans les hôpitaux, en l’occurrence le lundi 19 octobre dernier, il nous avait dit espérer une couverture vaccinale de l’ordre de 90 % au sein de son personnel infirmier et de 50 % - au mieux - auprès des médecins. Aujourd’hui, il faut se rendre à l’évidence, on est bien loin du compte. S’il ne dispose pas des chiffres précis, il estime que, tous publics confondus, guère plus de 20 % des personnes visées par cette première phase de la campagne ont jusqu’ici demandé à se faire vacciner.

"Il y a eu la première vague des convaincus, puis, de jour en jour, on constate qu’il y a de moins en moins de candidats à la vaccination, nous dit-il. Il y a manifestement beaucoup d’appréhension. On est en pleine polémique et les gens sont très prudents, attentifs dans la mesure où certains préfèrent attendre et voir comment va se passer l’évolution de l’épidémie. Ils réservent leur décision et se disent qu’ils ont encore le temps, pensant qu’il y aura un deuxième pic épidémique en janvier."

Alors que les recommandations à se faire vacciner ont toujours cours dans cette structure hospitalière, il semblerait que cette première phase de vaccination touche à sa fin, si l’on en juge par l’impression ressentie par le directeur médical de cet hôpital bruxellois, ce qui confirme l’observation faite il y a quelques jours par des médecins flamands, constatant l’énorme surplus de vaccins destinés au personnel hospitalier.

En cause ? "La grande polémique qui continue de régner autour de cette vaccination, nous répond encore le Dr Ilunga. Les informations vont vraiment dans tous les sens, y compris lorsqu’elles émanent du monde scientifique. Y a-t-il eu un problème d’information ou de sensibilisation ? Ou est-ce une réaction saine de la part du public ? Je ne pense pas que les gens ont nécessairement été mal informés ; je pense qu’ils ont été trop informés. On reçoit autant de mails qui incitent à la vaccination que de mails qui mettent en garde contre des effets secondaires. A tel point que le public n’arrive plus à se faire une idée. Si, en tant que responsable d’une institution, j’estime obligatoire d’organiser la faisabilité de la vaccination, on ne peut en revanche pas obliger les gens à se faire vacciner."

Du côté du Commissariat interministériel Influenza, le Dr Daniel Reynders nous fait savoir qu’il est encore trop tôt pour livrer une estimation de la couverture vaccinale des personnes visées dans le cadre de cette première phase de la campagne de vaccination. "Etant donné que les deux campagnes de vaccination contre la grippe, saisonnière d’une part et A/H1N1 d’autre part, se télescopent, certains hôpitaux en sont toujours à la vaccination contre la grippe classique et n’ont pas encore commencé celle contre le nouveau virus", nous dit le coordinateur de la cellule. Ce qu’il espère comme couverture vaccinale pour la grippe A/H1N1 au sein du public ici visé ? "Une couverture la plus haute possible." Mais encore ? "Si elle pouvait être du même ordre que celle contre la grippe classique, ce serait déjà bien." "C’est-à-dire ? "De 25 à 30 % au sein des médecins et du personnel infirmier, ce qui n’est en effet pas très élevé." Autant dire que les surplus de vaccins déjà dénoncés seront plus que probablement confirmés ? "Peut-être, mais ces vaccins ne seront pas perdus, il y aura d’autres personnes à vacciner", nous dit encore le Dr Reynders.

Quoi qu’il en soit, le lancement de la deuxième vague de vaccination est prévu pour le samedi 7 novembre. A partir de ce jour, tous les professionnels de santé (infirmiers à domicile, pharmaciens, dispensateurs de soins travaillant en institutions agréées ) pourront se faire vacciner gratuitement chez le généraliste, de même que les personnes présentant une pathologie préexistante les définissant comme à risque de complications, les femmes enceintes aux deuxième et troisième trimestres, les parents d’enfants de moins de six mois, le personnel enseignant et les personnes travaillant dans des structures d’accueil pour les enfants.

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