Dix questions sur la grippe A/H1N1
La campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1 entre dans une seconde phase. Réservée d’abord au personnel des établissements de soin, elle arrive aujourd’hui dans le grand public. Mais cette campagne charrie derrière elle son lot de questions, de rumeurs et d’angoisses. Notre dossier pour tout savoir sur la grippe A
Publié le 07-11-2009 à 04h15 - Mis à jour le 07-11-2009 à 10h39
La campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1 entre dans une seconde phase. Réservée d’abord au personnel des établissements de soin, elle arrive aujourd’hui dans le grand public. Mais cette campagne charrie derrière elle son lot de questions, de rumeurs et d’angoisses. Voici la grippe nouvelle en dix questions.
1Comment nommer cette nouvelle venue dans le monde du virus ? Au début, on a parlé de la grippe mexicaine, parce que c’est au Mexique qu’elle a été détectée la première fois. Mais la diplomatie a banni ce surnom. L’Organisation mondiale de la santé l’a baptisé désormais la grippe A/H1N1 variant. Dans l’usage courant et par souci de rapidité, on parle cependant de virus A/H1N1.
2Quels sont les symptômes de la nouvelle grippe A/H1N1 ? Ce sont des symptômes identiques à ceux de la grippe saisonnière : une forte fièvre, des douleurs musculaires, des difficultés respiratoires et un temps d’incubation relativement court. Le taux de mortalité est assez faible : à ce jour, hui décès ont été attribués à des complications liées à une infection grippale.
3Faut-il craindre des complications ? Il ne faut pas en faire une obsession. Mais cela peut arriver. Il s’agit dans de nombreux cas de complications respiratoires avec envahissement pulmonaire. Les tout jeunes enfants atteints d’asthme et les femmes enceintes semblent courir les plus grands risques. "En tout cas, témoigne Patrick Goubau, virologue à l’hôpital Saint-Luc, le nombre de femmes enceintes admises en soins intensifs est anormalement élevé."
4Est-on arrivé au pic de la pandémie ? On n’en sait rien. C’est en tout cas l’avis du docteur Patrick Goubau. "On ne sait pas non plus, complète le virologue, s’il y aura un ou deux pics." Le dernier chiffre publié par le commissariat Influenza est cependant rassurant. Durant le mois d’octobre, le nombre de personnes contaminées doublait en effet chaque semaine : 4 160 cas début octobre, 7 534 cas la semaine du 7 octobre, 15 677 cas la semaine suivante et 41 193 cas la semaine d’après. Mais la semaine dernière, le compteur est resté bloqué à 50 415. Le nombre de personnes est donc toujours en hausse, mais l’augmentation est moins forte que les semaines précédentes. Un signe d’essoufflement ?
5Quels gestes pour éviter d’attraper la grippe A/H1N1 ? Il est recommandé d’éviter les lieux fermés où il y a beaucoup de monde. Il est aussi conseillé de se laver souvent les mains, au savon. Les poignées de mains et les bisous sont un vecteur important du virus grippal, qui peut aussi rester accroché à certains objets (poignées de portes, boutons d’ascenseurs, etc.), mais sans s’y éterniser. Le port d’un masque est par contre jugé peu utile.
6Peut-on se prémunir contre la grippe A/H1N1 avec un régime particulier ou la prise de compléments alimentaires ? L’efficacité de ce type de traitements n’est pas avérée. Une bonne alimentation, équilibrée et saine, composée de légumes et de fruits, renforce cependant les défenses immunitaires. Mais seul un vaccin protège avec certitude de la grippe A/H1N1.
7Existe-t-il un vaccin ? Oui. Plusieurs même. Mais la Belgique a choisi de n’en commander qu’un seul : le Pandemrix, produit et commercialisé par la firme GSK. Le gouvernement a eu la main lourde. Il en a commandé 12,5 millions de doses. Beaucoup trop sans doute, mais à l’époque la dangerosité du virus était encore très mal connue. Une partie du stock sera probablement envoyée dans les pays en voie de développement. Le solde pourra en partie être conservé. Il faut savoir que le vaccin est composé d’un antigène et d’un adjuvant qui sont fournis séparément. Si l’antigène a une durée de vie limitée, l’adjuvant se conserve et peut être utilisé lors d’autres campagnes de vaccination. Or c’est l’adjuvant qui coûte le plus cher dans le vaccin.
8Faut-il avoir peur du vaccin disponible en Belgique ? Cette question a suscité et suscite encore la polémique. Toutes les autorités chargées de valider les médicaments ont donné leur feu vert au Pandemrix. Mais un doute persiste dans l’opinion publique. Car si la Belgique n’est pas le seul pays à avoir opté pour le seul Pandemrix (il y a aussi l’Autriche, le Danemark, le Portugal, la Suède et d’autres encore), certains pays se sont procuré deux types de vaccins : un vaccin avec adjuvant et un autre sans, à moins large spectre, moins efficace, mais aussi moins "rude" et donc moins susceptible d’entraîner des effets secondaires indésirables. Ces pays (France, Allemagne, Espagne, Canada, etc.) réservent le vaccin sans adjuvant aux publics fragiles - enfants en bas âge, femmes enceintes. Certains regrettent que la Belgique n’ait opté pour la même prudence. Les sociétés scientifiques de gynécologues ont cependant indiqué cette semaine que le Pandemrix ne présentait aucun danger pour les femmes enceintes au cours des deuxième et troisième trimestres de grossesse. La Suède est souvent prise en exemple : 1,5 million de personnes dont plusieurs milliers de femmes enceintes y ont déjà été vaccinées sans qu’un seul cas n’ait posé problème. Dans le doute cependant, certains médecins généralistes belges disent aujourd’hui qu’ils s’abstiendront de vacciner les femmes enceintes avec le Pandemrix.
9Tout le monde peut-il se faire vacciner ? Non. Si personne n’est obligé de se faire vacciner, tout le monde n’y a pas droit - du moins pour l’instant. La seconde phase de vaccination qui commence ce samedi (après avoir touché les milieux médicaux) ne s’adresse en effet qu’à des groupes particuliers : les personnes qui courent un risque médical (diabétiques, asthmatiques, etc.), enseignants, puéricultrices, femmes enceintes et les parents qui ont un enfant de moins de 6 mois. Ces personnes-là doivent contacter leur généraliste - et seulement lui - pour se faire vacciner. Dans le meilleur des cas, c’est le médecin traitant lui-même qui contactera les patients qu’il juge prioritaires. Il faut dire que les généralistes ont intérêt à bien s’organiser. Chaque conditionnement contient en effet 10 doses de vaccin. Et quand le flacon est ouvert, la durée de vie du produit se limite à 24 heures. S’il veut éviter les gaspillages, le médecin doit donc pouvoir vacciner au moins 10 patients par jour. Difficile aujourd’hui de prévoir le succès de la campagne. La première vague, limitée aux établissements de soin, ne semble en tout cas pas avoir remporté le succès escompté. Le taux de vaccination serait même inférieur au taux habituellement enregistré pour la grippe saisonnière.
10La vaccination est-elle gratuite ? Oui. Le patient paye à son médecin le prix de la consultation, mais il se fait intégralement rembourser par la mutuelle.
Décès à Hasselt Un patient de 55 ans, soigné à l'hôpital Virga Jesse de Hasselt, est décédé des suites de la grippe A/H1N1, indiquent samedi les quotidiens néerlandophones Het Nieuwsblad et Het Laatste Nieuws. "L'homme a été admis le 25 octobre au service des urgences", explique Luc Colla, le porte-parole de l'hôpital. A peine neuf jours plus tard, le patient est décédé à la suite de complications. Selon l'hôpital, l'homme appartenait à l'un des groupes à risque, particulièrement vulnérable à la grippe A/H1N1. Jusqu'à présent, il s'agirait du premier décès dû à la grippe A/H1N1 en province du Limbourg.