Prendre sa tension à la maison

Responsable de quelque 15 000 décès par an en Belgique, l’hypertension artérielle (HTA) touche environ deux millions de Belges (33 % des hommes et 25 % des femmes, dans la population active). Asymptomatique à ses débuts, cette maladie sournoise n’est pas surnommée "tueur silencieux" par hasard.

Laurence Dardenne
Prendre sa tension à la maison
©order@archiefbeelden.com

Responsable de quelque 15 000 décès par an en Belgique, l’hypertension artérielle (HTA) touche environ deux millions de Belges (33 % des hommes et 25 % des femmes, dans la population active). Asymptomatique à ses débuts, cette maladie sournoise n’est pas surnommée "tueur silencieux" par hasard. Diagnostiquée trop tardivement et donc non stabilisée faute de traitement, elle peut, en effet, s’avérer lourde de conséquences. D’où l’intérêt d’un dépistage précoce. Généralement prise en cabinet médical, la mesure de la pression artérielle peut aussi se faire à domicile, améliorant l’observance thérapeutique et facilitant l’adaptation du traitement par le médecin.

L’automesure est, en effet, une des pistes susceptibles d’améliorer la lutte contre ce fléau, soulignent la Ligue cardiologique belge et le Comité belge de lutte contre l’hypertension, à l’occasion de la Journée mondiale de l’hypertension célébrée ce mardi 17 mai. Oui, pour être fiable, mais encore faut-il que la mesure de la pression artérielle par le patient lui-même à son domicile se fasse dans les conditions requises. Intitulé : " Du bon usage de l’automesure tensionnelle ", un texte de consensus établi par des experts précise les notions élémentaires.

Et avant tout, à qui recommander l’automesure tensionnelle ? Pourvu qu’ils soient " motivés pour contribuer à leur prise en charge, dûment informés et qu’ils demeurent sous suivi médical ", elle convient à presque tous les patients. Néanmoins, elle s’avère particulièrement utile pour dépister l’HTA dite de la "blouse blanche" (tension plus élevée liée au stress lors d’une mesure prise dans un contexte médical) avant d’instaurer un traitement hypotenseur chez des sujets jeunes à faible risque cardiovasculaire, pour le diagnostic et le suivi chez des personnes âgées, les patients diabétiques et parfois chez la femme enceinte. L’automesure peut, en revanche, être contre-indiquée en cas de problèmes physiques, visuels ou cognitifs. Par ailleurs, des comportements comme l’effet anxiogène entraînant un intérêt obsessionnel pour l’automesure ou l’automédication sur base des mesures obtenues, sont deux effets pervers qu’il s’agit de combattre.

Par rapport à l’équipement, il est indispensable de se procurer un appareil validé (liste accessible sur www.automesure.com). On préférera un brassard au bras, ajustable ou à la bonne taille et plus fiable, à un appareil au poignet, plus pratique peut-être mais nécessitant une utilisation plus stricte. On privilégiera si possible un appareil "à mémoire" (enregistrement des valeurs tensionnelles avec option d’impression ou de transmission des données). Entretenir et faire vérifier l’appareil est également recommandé.

Une fois la bonne acquisition faite - de préférence en pharmacie pour les conseils -, encore faut-il prendre correctement les mesures, à raison de deux mesures le matin et deux le soir, sept jours de suite pendant la phase d’initiation. Et ce, avant la prise des médicaments hypotenseurs. On tiendra à jour un relevé et on calculera la moyenne des mesures sur les sept jours, qui sera communiquée au médecin, seule personne habilitée à modifier le traitement le cas échéant.

Les conditions de mesures effectuées à domicile ne diffèrent pas des recommandations pour celles réalisées au cabinet médical : le patient est en position assise, bras soutenu posé sur la table, détendu, au calme depuis cinq minutes, sans parler ni bouger. Le brassard doit se situer à hauteur du cœur. Dans ce texte de consensus, il est encore précisé que " s’il existe une différence de pression entre les deux bras lors des premières mesures, ultérieurement, le bras avec la pression artérielle la plus élevée doit servir de référence ".

D’autres conseils : n’hésitez pas à bouger et mangez sainement. Car si l’hypertension résulte de facteurs sur lesquels on ne peut agir, comme l’hérédité, l’âge ou le sexe, elle est également favorisée par des facteurs environnementaux modifiables.

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