Ecouter son corps tel un coéquipier
Tous les moyens sont-ils bons pour lutter contre l’obésité ? A quelques jours de la journée nationale du 22 mai, c’est une question que l’on peut se poser en prenant connaissance de l’expérience qui va être menée dans certaines cantines du Texas.
Publié le 18-05-2011 à 04h15 - Mis à jour le 18-05-2011 à 08h13
Tous les moyens sont-ils bons pour lutter contre l’obésité ? A quelques jours de la journée nationale du 22 mai, c’est une question que l’on peut se poser en prenant connaissance de l’expérience qui va être menée dans certaines cantines du Texas. Les élèves - dont les parents auront au préalable donné leur autorisation - devraient être désormais filmés par des caméras capables de lire les codes-barres des plateaux lors du passage à la caisse puis à la fin du repas, avec le reliquat. Grâce à cette technologie, il sera ainsi possible d’identifier les aliments et leur composition nutritive et de mesurer la quantité de calories effectivement absorbées.
L’objectif de la "manœuvre", qui s’inscrit dans le cadre d’un programme expérimental de lutte contre l’obésité : fournir aux parents et aux diététiciens des informations sur les pratiques alimentaires réelles des élèves afin d’adapter la composition des repas, à l’école comme à la maison. Si elle s’avère concluante, l’expérience pourrait être étendue à l’ensemble du territoire, a-t-on d’ores et déjà annoncé. L’avenir le dira
En attendant, tous azimuts, on tente de trouver des solutions pour remédier au fléau. Ainsi, né en France, le Groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids (GROS) (1) propose-t-il une "approche alternative durable et respectueuse à la prise en charge des personnes en difficulté avec leur poids et leur comportement alimentaire" (2). Regroupant des thérapeutes de toutes les écoles et de toutes les formations (médecins généralistes et spécialistes, psychologues, diététiciens, paramédicaux), cette organisation a mis en place une alternative aux régimes qui ne passe pas par la restriction.
S’en référant au rapport 2010 de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) sur "l’évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement", GROS rappelle les conclusions émises par le comité d’experts indépendants, démontrant l’inefficacité des réponses d’ordre diététique dans le traitement de l’obésité. "La majorité des régimes amaigrissants peuvent à la longue induire des déséquilibres nutritionnels graves, préjudiciables à la santé physique", souligne-t-elle, s’en prenant même au "régime équilibré", pourtant "recommandé par les sociétés savantes de nutrition", dans la mesure où, lui aussi, selon GROS, "perturbe les mécanismes de régulation de la prise alimentaire, induit des troubles du comportement alimentaire ainsi que des troubles psycho-émotionnels."
Mais alors, que reste-t-il ? Et que propose en l’occurrence ce groupe de réflexion ? "Abandonner les régimes, ce n’est pas abandonner l’objectif de perdre du poids, rétorque GROS, Il s’agit d’apprendre à manger moins, et ceci, sous contrôle mental. Cela s’obtient par un travail sur les sensations de faim, de rassasiement et de satiété, afin de retrouver une alimentation qui s’adapte à nos besoins. Manger moins, c’est aussi apprendre à manger en étant à l’écoute de ses besoins énergétiques, nutritifs et émotionnels. C’est retrouver une bonne relation avec soi-même et avec ses aliments. Ce travail nécessite le plus souvent d’aborder la façon dont le patient vit ses émotions, car elles sont souvent à l’origine des prises alimentaires dépassant les besoins et entraînant ainsi une prise de poids."
"Pour la personne en difficulté avec son comportement alimentaire, explique-t-on encore chez GROS, apprendre à vivre ses émotions sans chercher à les fuir en mangeant permet de progresser pour sortir des compulsions. Il convient également d’aider le patient à respecter son corps, à l’écouter comme un coéquipier et à se réconcilier avec lui, tant que faire se peut."
De bon sens et, en définitive, peut-être pas fondamentalement novatrice dans sa composante psychologique, cette approche néanmoins intéressante inclut également "l’acceptation d’un poids d’équilibre personnel avec des formes corporelles différentes des idéaux de minceur afin de diminuer le risque que le patient se remette sous contrainte et reprenne des kilos par l’effet de "yo-yo" ascendant, ou qu’il rencontre des troubles du comportement alimentaire".
In fine, l’objectif de cette prise en charge consiste à "redonner au mangeur les rênes de son alimentation, de lui permettre de se sentir bien dans son corps à son poids d’équilibre en mangeant de tout". Il aura appris à s’écouter afin de choisir à tout moment la quantité d’aliments à ingérer appropriée à ses besoins réels.
(1) www.gros.org
(2) Organisée par l’Union professionnelle des diplômés en diététique de langue française (UPDLF ASBL), une formation à cette approche proposée par GROS sera accessible aux professionnels de la santé en Belgique. Elle débute ce 19 mai à l’institut Paul Lambin, 43, clos Chapelle-aux-Champs à 1200 Bruxelles. Rens. : 02.353.10.46. Par courriel : updlf@skynet.be.
Face à l’obésitéRegards. Qu’est-ce que l’obésité ? Comment traiter cette maladie ? Quelles particularités chez l’adolescent ? Quel regard notre société porte-t-elle sur les personnes obèses ? Ce vendredi 20 mai, de 9h à 13h, les Femmes prévoyantes socialistes convient le grand public à une matinée d’information et de débat sur la problématique de l’obésité. La matinée se tiendra à l’auditorium des Mutualités socialistes, 1-2, place Saint-Jean à 1000 Bruxelles. PAF : 5 €. Inscriptions : 02.515.04.01 ou fps@mutsco.be ou via le site www.femmesprevoyantes.be