L’homéopathie satisfait sans preuve
On l’attendait avec une certaine impatience, le voici donc publié, le dernier des trois rapports du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) sur les médecines non conventionnelles encadrées par la "loi Colla".
Publié le 24-05-2011 à 04h16 - Mis à jour le 24-05-2011 à 07h13
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On l’attendait avec une certaine impatience, le voici donc publié, le dernier des trois rapports du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) sur les médecines non conventionnelles encadrées par la "loi Colla". Après ceux dédiés à la chiropraxie et à l’ostéopathie, puis tout récemment ("LLB" du 29 avril 2011) à l’acupuncture, c’est à présent l’état des lieux de l’homéopathie en Belgique qui vient d’être rendu public. S’il a été fait appel à des experts et validateurs externes dans ce cadre, "tous n’étaient pas nécessairement d’accord avec son contenu", précisent d’emblée en caractères gras les auteurs du KCE, "seul responsable des erreurs ou omissions qui pourraient subsister de même que des recommandations faites aux autorités publiques".
C’est que l’homéopathie demeure sujet à polémiques où les avis tranchés restent partagés, chacun campant sur ses positions, sans que les arguments évoluent avec le temps.
Le présent rapport est à ce sujet sans surprise. On ne fut, en effet, pas étonné d’y lire, en guise de substantielle conclusion que si "des études publiées, dont certaines de bonne qualité, ont testé l’efficacité de l’homéopathie pour une série d’indications (NdlR : détaillées dans le rapport ), aucune de ces études n’a montré d’efficacité de l’homéopathie. L’effet clinique est non distinguable d’un effet placebo qui est quant à lui connu et démontré".
Pas de preuves d’efficacité clinique démontrée, le voilà une fois encore brandi, le sempiternel argument à la face des adeptes de l’homéopathie, qu’ils soient praticiens ou patients. Comme le précisent dans la préface du rapport, Raf Mertens, directeur général du KCE, et Jean-Pierre Closon, directeur général adjoint, l’homéopathie a ceci de particulier : "Parmi les médecines non conventionnelles étudiées, l’homéopathie est celle qui ressemble le plus et le moins à la médecine classique fondée sur les preuves. Le plus parce qu’elle est pratiquée surtout par des médecins et qu’elle s’intéresse à une large gamme de problèmes de santé comme la médecine générale; le moins parce qu’elle ne peut se targuer d’absolument aucun résultat démontré." Cependant, "l’homéopathie a de nombreux adeptes, systématiques ou occasionnels , reconnaissent-ils, et qui ne sont pas prêts à y renoncer malgré l’absence de preuves scientifiques".
Un argument (celui de l’absence de publications scientifiques démontrant l’efficacité) que les médecins homéopathes réfutent. "Par rapport à l’efficacité de l’homéopathie dans des indications particulières, il ne faut pas prendre pour unique critère, celui des revues systématiques des études randomisées avec contrôle placebo, le gold standard , car la médecine basée sur les preuves (Evidence-Based Medicine) ne se limite pas à ce seul niveau idéal mais regarde toute une série de niveaux de preuves, fait remarquer le Dr Léon Scheepers, président d’Unio Homeopathica Belgica, l’Union professionnelle nationale homéopathique . Si nous devions nous limiter à cette approche pour les médicaments de pratique courante, il a été démontré que seulement 11 % atteindraient le niveau absolu requis ici pour l’homéopathie."
Les pathologies qui répondent bien à l’homéopathie sont décrites dans l’évaluation de la faculté d’homéopathie de Londres. Il s’agit notamment de la diarrhée chez l’enfant, la fibromyalgie, l’influenza, l’ostéoarthrite, la rhinite allergique saisonnière, la sinusite, les vertiges, les allergies et infections des voies respiratoires supérieures, les affections rhumatismales Il convient toutefois de souligner que l’homéopathie a ses limites, comme "bien entendu les maladies lésionnelles où la chirurgie est indiquée , nous répond le Dr Van Wassenhoven , les maladies de déficience hormonale comme le diabète, ainsi que toutes les pathologies où d’autres traitements ont fait leurs preuves indiscutables, comme l’insuffisance cardiaque ou l’hypertension, entre autres".
Il n’y a pas de maladies, seulement des maladesIndividualisation. Méthode conçue par le Dr Samuel Hahnemann au début du XIXe siècle, l’homéopathie consiste en l’administration à visée thérapeutique de préparations élaborées à partir de "substances-mères" fortement diluées ou "dynamisées". Elle se fonde sur quelques principes dont la loi de similitude selon laquelle "une substance qui produit des symptômes chez une personne bien portante peut guérir ces mêmes symptômes chez une personne malade". A chaque remède homéopathique d’origine animale, végétale ou minérale, sont ainsi associés des symptômes qu’une personne en bonne santé manifesterait si elle absorbait cette substance. Elle se fonde également sur la loi d’individualisation du traitement ("il n’y a pas de maladies, seulement des malades"), utilisée en association avec la notion de "terrain" du patient. L’homéopathie est pratiquée en Belgique par des médecins depuis près de 200 ans et, plus récemment, par des non-médecins. En pratique, la première consultation chez un médecin homéopathe dure entre une heure et 1 heure 30.