Mission réussie : générer du cortex

Il vous livre les explications de cette prodigieuse découverte faite en 2008 par son équipe comme s’il vous contait une histoire. Extrait : "Nous avons travaillé sur des cellules souches pluripotentes, ce que l’on appelle des cellules embryonnaires souches, c’est-à-dire dérivées de l’embryon très précoce.

Laurence Dardenne
Mission réussie : générer du cortex
©D.R.

Il vous livre les explications de cette prodigieuse découverte faite en 2008 par son équipe comme s’il vous contait une histoire. Extrait : "Nous avons travaillé sur des cellules souches pluripotentes, ce que l’on appelle des cellules embryonnaires souches, c’est-à-dire dérivées de l’embryon très précoce. Elles sont isolées en laboratoire et, littéralement, on leur fait croire qu’elles sont toujours dans l’embryon". Puis, avec humilité, il poursuit : "Nous sommes partis d’une question un peu simpliste et optimiste : pourrait-on générer du cortex cérébral à partir de cellules souches embryonnaires, sachant qu’il s’agit de la structure la plus complexe du cerveau ?". Réponse : "On a observé, avec surprise, que le destin qu’elles choisissent - lorsqu’elles sont ainsi isolées et cultivées en laboratoire sans communiquer les unes avec les autres et sans le moindre ajout dans le milieu de culture -, c’est celui de cellules progénitrices neurales. Et ensuite, des cellules nerveuses, mais pas n’importe lesquelles, précisément celles du cerveau antérieur, en l’occurrence du cortex cérébral". Après quoi, "on a parachuté ces cellules dans un cerveau de souris pour voir comment elles allaient se débrouiller". Bien que générés en dehors du cerveau, ces neurones, une fois greffés dans le cortex de la souris, se sont avérés fonctionnels, s’intégrant dans le cerveau hôte comme du cortex cérébral natif.

Et l’histoire continue Avec prudence : "Ceci a une série d’applications à très long terme - parlons de plusieurs décennies pour passer de la souris à l’homme - sur la mise au point rationnelle de thérapies de réparation du cerveau, dans la mesure où ces cellules devraient être capables de réparer des circuits endommagés ou un cortex en dégénérescence. L’autre application plus directe étant l’utilisation de ces cellules dans l’industrie pharmaceutique pour tester de nouveaux médicaments, en offrant ainsi la possibilité des structures du cerveau sans passer par les modèles animaux". Cette découverte fondamentale offre en effet pour la première fois l’accès à une source illimitée et fiable de cellules nerveuses du cortex, qui peuvent être utilisées pour modéliser des maladies, et ainsi en étudier les mécanismes sous-jacents.

Celui qui nous conte cette grande aventure, à peine croyable, c’est Pierre Vanderhaegen, chercheur FNRS à l’Institut de recherche interdisciplinaire en biologie humaine et moléculaire à la Faculté de médecine de l’ULB, à qui vient d’être décerné le prestigieux Prix Francqui 2011, considéré comme le Nobel belge. D’un montant global de 250000 euros, ce prix récompense et encourage un chercheur belge de moins de 50 ans dont les travaux scientifiques sont innovateurs et originaux.

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