Des chirurgiens plasticiens peu prolixes et explicites
C’est l’histoire d’une femme de 37 ans qui s’est rendue successivement chez 19 - oui, 19 ! - chirurgiens plasticiens, pratiquant tant en cliniques privées que publiques, afin de se renseigner pour une intervention, en l’occurrence une correction mammaire (augmentation et lifting).
Publié le 27-07-2011 à 04h15 - Mis à jour le 27-07-2011 à 08h45
C’est l’histoire d’une femme de 37 ans qui s’est rendue successivement chez 19 - oui, 19 ! - chirurgiens plasticiens, pratiquant tant en cliniques privées que publiques, afin de se renseigner pour une intervention, en l’occurrence une correction mammaire (augmentation et lifting). Cela, non par amusement ou intérêt personnel mais bien pour les besoins de l’enquête "par scénario" menée par l’organisation des consommateurs Test Achats.
L’idée ? Evaluer dans ce cadre la qualité de la première consultation, plus précisément en ce qui concerne les questions posées par lesdits spécialistes à la patiente pour ce qui est de l’anamnèse (situation personnelle, attentes, maladies générales, traitements médicamenteux, pathologies du sein, interventions précédentes) et des informations fournies par le chirurgien plasticien à propos de l’intervention elle-même (déroulement, risques, complications et conséquences, remplacement des implants, prix ).
Bilan ? Piètre, selon TA, puisque seuls deux - qui ne sont ni les plus chers, ni les "meilleur marché" - des dix-neuf spécialistes visités n’ont reçu aucune appréciation négative sur la base des dix critères retenus par l’organisation de consommateurs.
Si la plupart des médecins ont interrogé la jeune femme venue les consulter sur sa situation personnelle (âge, taille, nombre de grossesses, tabagisme ) ainsi que sur ses attentes, rares sont ceux qui ont été jusqu’à s’informer sur les antécédents médicaux.
Au stade de cette première consultation, près d’un tiers des chirurgiens consultés n’ont pas interrogé la patiente sur les médicaments qu’elle prenait et sur les éventuelles maladies, comme le diabète, dont elle souffrait. Ou encore sur les interventions antérieures. Seuls six d’entre eux ont jugé utile de s’enquérir sur la présence d’éventuelles pathologies du sein.
"L’absence de questions concernant la charge psychique ou la relation avec le partenaire était également frappante", peut-on encore lire dans l’article à paraître dans le Test Santé du mois d’août.
Et qu’en est-il des informations fournies sur l’intervention? Elles s’avèrent trop souvent lacunaires. Trois d’entre les spécialistes ont donné des explications jugées "très bonnes" pour le magazine, quatre qualifiées de "bonnes", neuf de "moyennes" et trois de "médiocres".
Pour ce qui est des risques, complications et conséquences de cette intervention, l’information fournie est estimée "médiocre" et/ou "mauvaise" dans plus de la moitié des cas. Près de la moitié n’ont pas ou ont très peu évoqué les inconvénients potentiels de l’opération, qui peut pourtant entraîner certaines complications (saignements, infections, fibrose capsulaire, douleurs, cicatrisation difficile, déplacement des implants ou implants perceptibles et nécessité de réopérer ).
A ce propos, seuls trois médecins ont averti la patiente qu’une intervention ultérieure serait nécessaire afin de remplacer ou d’enlever les implants; "cinq d’entre eux ayant laissé entendre que les implants ne doivent jamais être remplacés , ce qui est faux !", s’insurge TA.
Alors que s’est-il passé pendant cette première consultation dont le montant a varié de 0 (pour l’un d’eux) à 80 € (pour un autre, seul à avoir proposé une simulation en 3D du résultat !) et qui, chez certains, n’a duré qu’une dizaine de minutes? Dans la plupart des cas, elle s’est bornée à une inspection et à une mesure des seins, en fonction de l’intervention éventuelle, dont le coût varie de 3200 à 6500 €. "Un prix plus élevé peut toutefois s’expliquer par une infrastructure médicale plus développée, ce qui offre des avantages en cas de problème pendant l’opération", précisent les auteurs, qui soulignent qu’aucun médecin n’a, heureusement, proposé d’emblée de fixer une date pour l’intervention. Ainsi, plus de la moitié d’entre eux ont invité la patiente à ne pas prendre de décision prématurée et à bien réfléchir à l’opération, indique TA, qui se félicite par ailleurs de l’adoption, fin juin, du projet de loi imposant une interdiction de la publicité pour des interventions médicales esthétiques.