Stress au boulot: le piège des nouvelles technologies
Le stress prend une ampleur toujours plus importante, dans le monde du travail. Smartphones, tablettes et laptops sont, à présent, pointés du doigt.
Publié le 02-10-2013 à 16h55 - Mis à jour le 16-10-2013 à 15h31
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Toutes les études s'accordent à le dire, le stress est un souci de plus en plus conséquent dans notre société, en particulier dans le monde du travail. Aujourd'hui, environ un tiers des travailleurs belges est en situation de stress problématique, ce qui peut avoir des conséquences très lourdes sur le bien-être. Par exemple, si on se fie au "thermomètre des Belges", une grande étude commandée par Solidaris, environ 20% des actifs envisagent de quitter leur emploi à cause du stress. Plus inquiétant encore, 6% des employés et 8% des indépendants avouent avoir déjà eu des envies de meurtre à cause du travail!
Les raisons de ce mal presque épidémique sont nombreuses. La crise, la financiarisation de l'économie, l'obligation de faire plus avec moins de ressources, le passage d'un système de coopération à un système de compétition, tous ces facteurs mettent une plus grande "charge psychosociale", comme disent les experts, sur les épaules du travailleur. Mais il semble aussi que nous sommes, dans une certaine mesure, trahis par ce qui est censé nous aider, à savoir les nouvelles technologies. Bien qu'ils soient vu comme des "progrès", les laptops, smartphones et autres tablettes numériques peuvent être des facteurs importants de stress, en nous rendant, purement et simplement, dépendants.
Ce phénomène, appelé "technostress", a fait l'objet d'une étude commandée par la FGTB, dans le cadre de la journée internationale pour la sécurité et la santé au travail, en avril dernier. Et les résultats sont plutôt inquiétants. Pour plus de la moitié des répondants, le rythme de travail est dépendant de la vitesse d'une machine. Pratiquement tout le monde s'est déjà retrouvé face à un ordi qui rame, une application qui plante ou des fichiers qui ne sont pas là où ils devraient être. Difficile, dans ces cas-là, de ne pas ressentir une certaine frustration. Il n'est donc pas si étonnant de constater que, parmi ceux dont le job dépend de la performance d'une machine, deux personnes sur trois connaissent des souffrances physiques ou mentales directement liées à leur dépendance à la technique.
Ensuite, pour pouvoir se ressourcer, il est impératif d'arriver à prendre une certaine distance avec son travail. Or, les technologies modernes de la communication ont la désagréable habitude d’empêcher l'individu de se déconnecter de son univers professionnel. De nombreux employés ressentent le besoin de vérifier s'ils ont reçu un message à caractère professionnel en dehors des heures de boulot. D'ailleurs, seuls 40% des personnes interrogées, ont reconnu ne jamais avoir l'obligation d'être joignables, en dehors des heures de travail.
Conscientisé à ces enjeux, le monde politique commence à réagir. Ce mardi, un colloque était organisé par la sénatrice Fabienne Winckel dans le but d'amener une réflexion sur les thèmes du stress au travail et du technostress. Deux propositions de loi ont, d'ailleurs, été déposées au Sénat, l'une pour réglementer l'utilisation des nouvelles technologies au travail, l'autre pour régler les questions relatives à l'open-space. Reste à savoir si ces intentions pourront être transformées en actes avant la fin de la législature et si une réglementation suffira pour endiguer un phénomène aussi bien ancré dans notre quotidien.