Lunettes, lentilles de contact, intra-oculaires ou laser, quoi choisir?

Environ 3 % des personnes myopes, hypermétropes et astigmates s’orienteraient aujourd’hui vers la chirurgie correctrice dite réfractive. Est-elle efficace ? Sûre ? Financièrement accessible ? Un rapport du KCE tente de répondre à ces questions.

Laurence Dardenne

Que l’on soit hypermétrope, astigmate, myope ou presbyte, trois solutions s’offrent aujourd’hui pour corriger ces erreurs de réfraction : les lunettes, les lentilles ou l’intervention de chirurgie réfractive, qui demande réflexion. Qu’en est-il de l’efficacité des techniques ? Des résultats obtenus ? Des risques encourus ? Du coût ? Autant de questions que se pose légitimement le patient et auxquels un rapport - deuxième volet d’une trilogie - du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) a tenté de répondre.

Quelles sont Ces techniques ?

Dans ce rapport, le KCE a pris en considération les techniques par laser (PRK, Lasek et Lasik), en l’occurrence une chirurgie extraoculaire, et l’implantation intraoculaire de lentilles phaque. Le laser remodèle la cornée pour modifier ses propriétés réfractives, corrigeant ainsi la myopie ou l’hypermétropie. Quant à la procédure intraoculaire prise en considération dans cette étude, elle consiste à insérer une lentille devant le cristallin qui est conservé. Toutes les techniques chirurgicales ne conviennent pas à tous les patients. Ainsi les lentilles intraoculaires sont-elles indiquées chez les patients souffrant de problème sévère de réfraction.

Qu’en est-il de l’efficacité ?

Bien que l’échantillon de patients interrogés dans le cadre de cette étude du KCE n’était pas représentatif, la plupart d’entre eux étaient positifs par rapport aux résultats, du moins à court terme, leur opération remontant à quatre ans maximum. En amont, ils semblaient, dans l’ensemble, bien informés sur le fait que la réussite de l’intervention dépendait de la sévérité de leur trouble oculaire et qu’il n’y avait aucune garantie de correction complète ou de stabilité à long terme. De la littérature scientifique, il ressort que les techniques laser ont un taux de réussite légèrement supérieur pour les yeux myopes que pour les yeux hypermétropes. Soit, pour les premiers, 70 % de réussite en terme d’acuité visuelle normale et de 70 % à 80 % au niveau de la précision. Pour les yeux hypermétropes, l’acuité visuelle normale est obtenue dans 50 % à 60 % des cas. Environ 60 % des yeux obtiennent une correction d’environ 0,5 dioptrie.

Pour ce qui concerne les lentilles intraoculaires, elles donnent de meilleurs résultats que la chirurgie laser chez les patients souffrant de myopie supérieure à 6 dioptries. "Selon les dires de certains experts, pratiquement tous les patients opérés peuvent se passer de correction ou n’y recourent qu’occasionnellement, peut-on lire dans le rapport. Si cet objectif n’est pas atteint, dans la majorité des cas, une nouvelle opération peut être programmée." Quant aux résultats inférieurs à long terme pour l’hypermétropie, ils pourraient partiellement s’expliquer par l’aggravation naturelle de celle-ci avec l’âge, selon les auteurs, reconnaissant que la stabilité à long terme reste toutefois mal documentée.

Et qu’en est-il de la sécurité ?

Faut-il le préciser, comme le fait le KCE, " contrairement aux lunettes et aux lentilles, la chirurgie réfractive est une méthode invasive non réversible. […] Outre la perte de réfraction et les complications périopératoires, d’autres conséquences (temporaires ou définitives) peuvent aussi poser problème, comme la sécheresse des yeux, douleurs, sensation de brûlure, de démangeaison, de photosensibilité, œdème, rougeurs, yeux qui pleurent, tensions, céphalées, hypertension intraoculaire habituellement transitoire, et autres problèmes liés à la performance visuelle globale" (halos, éblouissement, vision trouble…). Les patients interrogés dans le cadre de cette étude ont essentiellement mentionné comme éventuels effets indésirables une longue convalescence ainsi que le risque de sur ou sous-correction. Il ne peut en effet être exclu, obligeant parfois le patient à subir une nouvelle opération ou à continuer de porter des lunettes ou lentilles de contact. Les mêmes n’ont pas évoqué d’autres conséquences pourtant fréquentes comme les halos autour des faisceaux de lumière, les éblouissements et les problèmes de conduite nocturne. Quant à la littérature scientifique, qui rappelle que les lentilles de contact ne sont pas sans risque (source de kératite infectieuse, par exemple) elle rapporte de nombreuses complications en plus de la sur ou sous-correction. Ainsi, la technique Lasik est-elle associée à des problèmes de capot cornéen; les traitements d’ablation de surface (PRK et Lasek) à des douleurs (sévères) dues à l’abrasion de l’épithélium; et la chirurgie intraoculaire à davantage de risques pour la vision que celle au laser. Selon les experts, les complications seraient moins importantes avec les techniques récentes, à l’exception du problème de sécheresse des yeux. Cela étant, "les complications graves, si elles sont peu fréquentes, existent et peuvent conduire à une perte de vision, partielle ou totale , lit-on dans ce rapport . La pose intraoculaire est une procédure plus invasive et donc plus risquée que la chirurgie au laser" .

Un investissement justifié ?

Si, pour toutes les catégories d’âge, les lunettes semblent en général être l’option la moins chère, la chirurgie peut potentiellement être synonyme d’économies comparativement à tous les types de lentilles de contact pour les personnes de 20-25 ans, estiment les auteurs du rapport. Pour les personnes de 30-35 ans, la chirurgie offre un potentiel d’économies par rapport aux lentilles de contact de type quotidien, souvent plus chères. A partir de 40 ans, la chirurgie s’avère l’option la plus chère.

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