Problème pour la Mission Rosetta: "Nous ne comprenons pas encore vraiment ce qui s'est passé"
Philae a peut être atterri deux fois sur la comète "Tchouri", selon les responsables européens de la mission Rosetta qui cherchaient toujours mercredi soir à éclaircir les problèmes d'arrimage du robot.
Publié le 12-11-2014 à 06h31 - Mis à jour le 12-11-2014 à 21h55
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Philae a peut être atterri deux fois sur la comète "Tchouri", selon les responsables européens de la mission Rosetta qui cherchaient toujours mercredi soir à éclaircir les problèmes d'arrimage du robot.
"Nous ne comprenons pas encore vraiment ce qui s'est passé", a déclaré Stephan Ulamec, responsable de Philae, lors d'un point de presse au Centre européen d'opérations spatiales (ESOC) à Darmstadt (Allemagne). "Nous devrions en savoir beaucoup plus demain matin".
Des fluctuations dans les signaux radio suggèrent soit que Philae a atterri dans une sorte de "bac à sable", soit qu'il a doucement rebondi sur la surface avant de se reposer une seconde fois. "Donc, peut-être aujourd'hui, nous avons atterri deux fois", a lancé M. Ulamec, déclenchant les rires de l'assistance.
"Nous savons que le robot a touché le sol de la comète. Nous avons reçu un signal très clair et nous avons aussi reçu des données de l'atterrisseur, notamment scientifiques. C'est la très bonne nouvelle", a-t-il souligné.
"La mauvaise nouvelle, c'est qu'apparemment ses harpons n'ont pas fonctionné et qu'il n'est pas ancré à la surface".
De son côté, Jean-Jacques Dordain, directeur général de l'Agence spatiale européenne, s'est voulu rassurant. "Nous avons une liaison radio avec Philae, ce qui est objectivement très important et la pile fonctionne", a-t-il noté. "Quand vous avez une liaison radio et de l'énergie, vous pouvez collecter des données".
Pendant la nuit, Philae ne donnera pas de ses nouvelles comme prévu, le positionnement de la sonde Rosetta à ces heures-là ne permettant pas d'assurer une liaison.
L'ESA doit tenir une conférence de presse jeudi à Darmstadt en début d'après-midi.
Voici la première photo du largage de Philae:

Une étude enrichissante
La mission du robot laboratoire est de faire des prélèvements qui donneront des informations sur les origines du système solaire, voire sur l'apparition de l'eau et de la vie sur Terre.
Largué en début de matinée par Rosetta avec laquelle il avait voyagé pendant dix ans, le petit robot aventurier était à l'heure pour son rendez-vous sur le noyau de la comète Tchourioumov-Guérassimenko.
Comme prévu, il a touché le sol cométaire -ce qu'aucun engin de fabrication humaine n'avait encore jamais fait- sur le site d'Agilkia, choisi comme celui présentant le meilleur compromis technique et scientifique.
Cette arrivée en territoire inconnu n'est pas sans rappeler les premières explorations du sol martien.
Klim Tchourioumov, codécouvreur de la comète en 1969, était venu en personne à l'ESOC pour assister en direct à l'évènement. L'autre découvreuse, Svetlana Guérassimenko, a fait le déplacement jusqu'à Cologne, au siège de l'agence spatiale allemande.
Philae s'est posé à la vitesse d'un marcheur (3,5 km/h)... mais sur une comète qui file à 18 km/seconde.
Pendant sa longue descente, Philae n'est pas resté désoeuvré: il a d'abord pris des images de sa fidèle complice, Rosetta, qui l'a transporté pendant plus de dix ans de voyage interplanétaire. Il a aussi pris des images à l'arrivée, du site d'atterrissage sur la comète.
Plusieurs autres de ses instruments ont été mis en action pendant la descente.
Mais c'est surtout les 60 heures qui viennent, pendant lesquelles Philae va fonctionner sur sa pile, qui vont être décisives pour la science.
Car outre l'exploit technique, Philae a la mission de trouver sur le noyau de la comète le graal des astrophysiciens: des molécules organiques qui ont pu jouer un rôle dans l'apparition de la vie sur Terre, les comètes étant les objets les plus primitifs du système solaire.
"On s'est fixé comme objectif que dans les 60 heures, chaque instrument puisse travailler au moins une fois au maximum de ses possibilités", a déclaré Jean-Pierre Bibring, responsable scientifique de l'atterrisseur.
Après, la ressource en énergie de Philae sera plus aléatoire: il devra compter sur un système secondaire de batterie, rechargeable par de petits panneaux solaires.
Si tout va bien, il doit fonctionner jusqu'en mars. Au-delà, il est condamné à mourir de chaud car il n'est pas conçu pour supporter la montée en température lorsque la comète se rapprochera du Soleil.
Voyage au long cours
Mais Rosetta, qui a déjà parcouru 6,5 milliards de km et a été la première sonde à se mettre en orbite autour d'une comète, poursuivra sa mission d'escorte au moins jusqu'au 13 août prochain, date à laquelle Tchouri passera au près de l'astre, et même au-delà. Sa mission est prévue jusque fin décembre 2015.
"80% de la science est faite par Rosetta mais, d'un autre côté, Philae va donner des informations sur la comète qu'on ne pourra pas avoir avec Rosetta", a souligné M. Dordain.
D'un coût total de 1,3 milliard d'euros, le prix de trois Airbus 380, la mission Rosetta a mobilisé environ 2.000 personnes depuis 20 ans. Plus de 50 entreprises de 14 pays européens et des Etats-Unis ont participé à la réalisation de la sonde.