Une fusée explose... et c'est l'UCL qui perd 10 ans de recherches
Fin octobre dernier, la fusée Antares explosait avec à son bord du ravitaillement et du matériel scientifique à destination de la station spatiale internationale (ISS). En tout, 2,2 tonnes de matériel sont parti en fumée à cause d'un problème de moteur. Une machine de l'UCL - au coût faramineux - faisait partie du voyage.
Publié le 18-11-2014 à 14h53 - Mis à jour le 18-11-2014 à 15h18
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Fin octobre dernier, la fusée Antares explosait avec à son bord du ravitaillement et du matériel scientifique à destination de la station spatiale internationale (ISS). En tout, 2,2 tonnes de matériel sont parties en fumée à cause d'un problème de moteur (voir les images - impressionnantes - ci-dessous).
Si l'accident n'a pas eu de conséquences directes pour les astronautes à bord de l'ISS (ils disposent de réserves en nourriture suffisantes), il en va tout autrement pour les outils scientifiques embarqués dans la fusée. Avec l'explosion d'Antares, ce sont plusieurs expériences et le travail de dizaines de chercheurs qui ont disparu d'un seul coup!
Parmi ces chercheurs, une équipe de l'Université catholique de Louvain pilotée par les professeurs Philippe Lefèvre et Jean-Louis Thonnard. Leur projet avait convaincu à tous les échelons, depuis la politique scientifique fédérale jusqu'à l'Agence Spatiale Européenne. L'expérience, baptisée "grip", combine science de l'ingénieur et science de la santé: "Il s'agissait d'un dispositif expérimental destiné à mesurer des forces exercées sur des objets manipulés par les astronautes", nous explique-t-on.
En clair, avec cette machine conçue tout spécialement, l'idée était d'étudier comment les mouvements du corps sont modélisés par le cerveau en situation de microgravité. Et les pertes financières sont énormes, de l'ordre de 600.000€ selon certaines sources. Un montant (non assuré) auquel il faut ajouter le prix du billet vers l'espace...
"Une perte terrible"
"Ça fait plus de dix ans qu'on travaille sur ce projet. C'est une perte terrible", confirme le Pr. Thonnard actuellement en congrès aux Etats-Unis. Certes, l'expérience avait déjà été testée lors d'une vingtaine de vols paraboliques (pendant lesquels un avion crée une situation de micropesanteur) et plusieurs articles scientifiques avaient déjà été publiés par les deux professeurs de l'UCL et leurs doctorants. Mais c'était la première fois que l'engin allait être utilisé pendant six mois dans l'espace. Un astronaute avait d'ailleurs été formé aux manipulations nécessaires. Dans le même temps, des capteurs et des caméras devaient emmagasiner de précieuses données pour la suite des recherches.
Concrètement, il faudra attendre au moins deux ans pour que les travaux reprennent. "Si on retrouve les budgets nécessaires", précise le Pr. Thonnard, ce qui dépend avant tout du bon vouloir du Fédéral et de l'ESA...