2014, année de grande déception pour le traitement du VIH

Comment expliquer la stagnation des chiffres concernant les diagnostiqués du VIH ? LaLibre.be a posé la question à Jean-Christophe Goffard du Centre de référence SIDA.

Gaëtan De Meulenaere (st.)
2014, année de grande déception pour le traitement du VIH
©AFP

En cette journée mondiale de lutte contre le SIDA, le bilan a mauvaise mine. Le nombre de cas diagnostiqués reste stable et élevé malgré les moyens mis en œuvre. Comment expliquer la stagnation des chiffres concernant les diagnostiqués du VIH ? LaLibre.be a posé la question à Jean-Christophe Goffard du Centre de référence SIDA.

Comment estimez-vous l'évolution du nombre de diagnostiqués en Belgique ?

Selon les chiffres, le nombre de diagnostiqués est stable et parfois même en légère évolution dans certains cas. Notamment pour la transmission de l'infection par rapports sexuels entre hommes. L'explication de cette stabilité est liée à une politique restrictive de migration et d'asile plutôt qu'un succès de la prévention. Le VIH voyage beaucoup moins qu'auparavant.

Pensez-vous que les gens s'habituent aux campagnes de sensibilisation les rendant moins efficaces ?

Les associations de terrain font de l'excellent travail, beaucoup de patients se font dépister de manière précoce. J'entends par là quelques mois après leur infection alors qu'autrefois il fallait parfois quelques années. Je pense que les campagnes de sensibilisation ont un impact et un rôle important. D'ailleurs, je réponds tous les jours à des patients car ils ont pris des risques et veulent être rassurés. Naturellement, il faut prendre ses précautions en demandant à quelqu'un d'être rationnel dans un moment irrationnel, ce qui peut être difficile pour certaines personnes.

Les jeunes ont-ils un rôle à jouer dans les résultats ?

La génération qui a aujourd'hui 20 ans n'a pas connu les horreurs que le VIH a pu causer à la génération de ceux qui ont 40 voir 50 ans. On ne guérit pas du VIH, on vit avec. Grâce aux traitements, il est aujourd'hui possible de vivre tout en étant séropositif, alors qu'autrefois on voyait des gens en mourir tout autour de nous. La peur est moins là et le rôle des campagnes est maintenant de sensibiliser sur la charge émotionnelle de l'infection.

Qu'entendez-vous par sensibiliser sur la charge émotionnelle de l'infection ?

Sensibiliser plutôt que de faire peur, montrer qu'être porteur de la maladie change une vie et les perspectives d'avenir. Une personne infectée devra en parler tôt ou tard si elle est en couple, elle devra se demander si elle prend le risque de faire des enfants, elle devra en parler à son entourage, etc.

Des nouveaux nés ont été entièrement guéris du VIH, y a-t-il un espoir d'étendre le traitement à tous ?

Les nouveaux nés qu'on a pu guérir entièrement du VIH ont créé un élan d'espoir. Seulement il faut savoir que le seul cas vérifié est le patient de Berlin qui a subi une greffe de moelle. L'autre ayant fait une rechute et n'étant pas totalement guéri. C'est une année de grande déception donc pour le traitement du VIH.

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