Une majorité d’eurodéputés est favorable à un étiquetage sur l’origine de la viande
Le Parlement européen a adopté ce mercredi une résolution qui appelle à un étiquetage plus précis de la viande contenue dans les "produits transformés".
Publié le 11-02-2015 à 18h50 - Mis à jour le 12-02-2015 à 11h36
Fin 2012, le scandale des "lasagnes à la viande de cheval" commercialisées par la société Spanghero avait fait grand bruit en France mais aussi Europe. Réaliser que l’on peut être trompé sur la nature de la viande que l’on ingurgite n’avait rassuré personne. La Commission européenne s’était alors penchée sur la question et avait publié, fin 2013, un rapport qui ne comprenait toutefois aucune proposition législative concrète.
Plus d’un an plus tard, le Parlement vient de remettre le couvert en adoptant ce mercredi - par 460 voix contre 204 et 33 abstentions - une résolution qui appelle à un étiquetage plus précis de la viande contenue dans les "produits transformés". Lasagnes, raviolis, boulettes, pâtés, hachis, pizzas au jambon ou autres frica(n)delles sont ainsi concernés par un texte qui, dans l’état actuel des choses, ne révolutionne encore rien sur le terrain mais représente ce que l’on a coutume d’appeler "un signal fort" envoyé par le Parlement à la Commission.
L’origine de la viande transformée
Les eurodéputés réclament donc un projet de directive en la matière et insistent sur le fait que celle-ci doit prévoir un étiquetage OBLIGATOIRE mentionnant l’origine de la viande transformée. Cette option avait été étudiée dans le rapport de 2013 qui envisageait trois scénarios : pas d’étiquetage, un étiquetage facultatif et un étiquetage imposé mais cette troisième option se heurtait - dans les chiffres avancés - au coût qu’entraînerait cette contrainte pour les industriels concernés. Coût qui serait répercuté sur le prix de vente final dans une fourchette allant de 30 à 50 % disait le texte.
Les tenants de la résolution adoptée cette semaine ont du mal à croire à ces évaluations et préfèrent se référer à une étude de l’association de consommateurs française "Que choisir" basée sur la majoration moyenne de 0,67 % enregistrée par les entreprises ayant spontanément décidé d’informer leurs clients sur l’origine de la viande de bœuf.
Opposants eurosceptiques
L’écart est vertigineux et mérite d’être analysé, ce dont ne disconvient pas le texte du Parlement puisqu’il demande à la Commission de "tenir compte des analyses d’impact et d’éviter les coûts et charges administratives excessives" mais, fondamentalement, ce sont bien "des propositions législatives visant à rendre obligatoire l’indication de l’origine de la viande dans les aliments transformés" que réclament une majorité d’eurodéputés.
Les opposants au texte se trouvent essentiellement du côté des eurosceptiques de l’ECR (groupe des conservateurs et réformistes européens) et des membres du Parti populaire européen (centre droit) même si, au sein de ce second groupe, des délégations nationales ont fait dissidence. Les Roumains, les Italiens mais surtout les Français sans doute plus sensibilisés au scandale Spanghero. "Il est évident qu’il faut que l’Europe réagisse aux crises alimentaires", confirme la Française PPE Angélique Delahaye, elle-même agricultrice. "Il s’agit ni plus ni moins de réconcilier les consommateurs avec leur assiette en garantissant plus de transparence sur les produits préparés. On a instauré une traçabilité de la viande ‘primaire’ suite au scandale de la vache folle, il n’y a pas de raison que l’on ne puisse pas le faire avec la viande transformée. Voter contre la résolution aurait clos le débat alors qu’il faut au contraire avancer pour restaurer la confiance du consommateur - par ailleurs essentielle au développement du secteur agroalimentaire - tout en respectant la compétitivité des entreprises". C’est cet équilibre-là que la Commission doit trouver.