Lokiarchaeota, le chaînon manquant de l'évolution vient d'être découvert

Une nouvelle forme de vie a été découverte au Loki's Castle, fissure géothermique située entre le Groenland et la Norvège. Elle ne rentre dans aucune des classifications établies pour identifier la vie sur Terre. Elle est en passe de permettre la résolution d'une des grandes énigmes de la biologie contemporaine.

F.D.
Lokiarchaeota, le chaînon manquant de l'évolution vient d'être découvert
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Loki's Castle est le nom d'une célèbre fissure géothermique, entre le Groenland et la Norvège. C'est là, dans les sédiments marins de l'Arctique, qu'une forme inédite de vie a été découverte. Elle ne rentre dans aucune des classifications établies pour identifier la vie sur Terre. Et, d'après les chercheurs qui l'ont découverte, elle pourrait bien être le chaînon manquant de l'évolution. Son nom: Lokiarchaeota.

Tous les êtres vivants terrestres sont classés en deux catégories fondamentales, explique Slate. Les procaryotes, dont la structure cellulaire ne comporte pas de noyau. Et les eucaryotes, qui, eux, disposent d'un noyau cellulaire. Les eucaryotes, ce sont les animaux, les plantes, les champignons et certaines formes de vie unicellulaire.

Les premiers procaryotes seraient apparus sur Terre il y a quatre milliards d'années, et les eucaryotes, évolution des procaryotes, sont arrivés ensuite. Mais entre les deux, un épais mystère persiste. Comment cette évolution s'est-elle produite?

La pièce manquante du puzzle

Le Lokiarchaeota pourrait apporter la réponse. Pour les dix chercheurs qui l'ont découvert, le Lokiarchaeota pourrait être la pièce du puzzle de la biologie contemporaine qui manquait à l'homme.

Outre la présence d'un noyau chez l'un et non chez l'autre, il faut relever la présence chez les eucaryotes de mitochondries, sorte de "batteries", qui donne l'énergie nécessaire à la survie des eucaryotes. Les scientifiques s'accordent pour dire que ces mitochondries étaient à l'origine des bactéries qui ont été petit à petit ingérées par les cellules eucaryotes. Une sorte de colonisation symbiotique, taille micro.

Le Lokiarchaeota, n'a pas de mitochondries. Il n'entre donc pas dans la classification des eucaryotes. Mais son patrimoine génétique contient néanmoins des gènes servant à des protéines qu'on ne retrouve que... chez les eucaryotes.

"Ainsi donc les Archées [procaryotes unicellulaires] et les eucaryotes sont des groupes cousins, partageant un ancêtre commun" assène Thijs G. Ettema, à l'origine de la découverte. Cette découverte, justement, pourrait apporter énormément aux chercheurs pour comprendre la vie sur terre. Le Lokiarchaeota, apparu il y a deux milliards d'années, disposait probablement d'un "pack génétique de départ" permettant aux mécaniques de l'évolution de faire le reste pour que la vie se diversifie.

Comprendre l'évolution

Certes, les eucaryotes et le Lokiarchaeota ont les mêmes gènes. Pour autant, ces gènes servent-ils les même buts? Cela reste à déterminer. Comprendre ces différences permettra de comprendre encore un peu mieux les mécanismes de l'évolution. Comme le rappelle Slate, avec le Lokiarchaeota, c'est un nouveau modèle de compréhension du génie biologique qui s'offre aux scientifiques. Un nouveau modèle qui, toutefois, reste très difficile à étudier. Et pour cause: ces micro-organismes, présents dans des endroits aux conditions physico-chimiques extrêmes, ont du développer des techniques de survie très sophistiquées, se développant très lentement. Les Lokiarchaeota ne se divisent qu'une fois tous les dix ans, il est impossible de suivre correctement ce genre d'observation dans les laboratoires.

Mais cette fascinante découverte ouvre la porte à des dizaines d'autres: si les biologistes ont trouvé un Lokiarchaeota, il y a forcément d'autres, peut-être même plus évolués. La chasse aux "Loki-like" est ouverte. "Nous pourrons peut-être trouver des "Loki" qui ont une ascendance plus récente avec les eucaryotes. Nous pourrons tenter de reconstruire leurs génomes et trouver des pièces supplémentaires au puzzle complexe de la vie et de son origine" conclut Thijs J. G. Ettema.

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