Sciences et santé: 10 avancées que nous réserve 2017
Dans les domaines des sciences et de la santé, chaque année nous réserve son lot de surprises. Bonnes ou mauvaises. Parfois plutôt attendues ou totalement surprenantes. Faute de boule de cristal, nous avons épinglé quelques sujets dont on pourrait bien parler en 2017. Une petite sélection qui reste malgré tout évidemment peu subjective.
- Publié le 06-01-2017 à 18h55
- Mis à jour le 06-01-2017 à 19h13
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Que nous réserve 2017 ? Dans les domaines des sciences et de la santé, chaque année nous réserve son lot de surprises. Bonnes ou mauvaises. Parfois plutôt attendues ou totalement surprenantes. Faute de boule de cristal, nous avons épinglé quelques sujets dont on pourrait bien parler en 2017. Une petite sélection qui reste malgré tout évidemment peu subjective.
Un vaccin contre Zika

Pour Eloisa et Eloa, ces jumelles brésiliennes ici âgées de 8 mois, victimes du virus Zika, il est malheureusement trop tard. Mais pour tous les enfants à venir dans les pays touchés par cette épidémie transmise par un moustique, la perspective d’un vaccin est évidemment attendue avec la plus grande impatience. D’autant que la microcéphalie dont ces enfants souffrent est associée à des troubles divers, de la vision et de l’audition notamment. Un vaccin avait été administré pour la première fois à des humains, en juillet dernier, dans le cadre d’une étude clinique menée par le Centre de recherche en infectiologie de l’Université Laval au Québec et deux centres de recherches américains, à Miami et en Pennsylvanie. S’il est prévu que les sujets soient suivis pendant un an, dès que l’innocuité du vaccin aura été prouvée, on devrait commencer à vacciner les populations les plus exposées, ce qui pourrait se faire déjà en ce début d’année. En août, ce fut au tour de l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) d’annoncer le lancement d’un essai clinique chez 80 volontaires sains âgés de 18 à 35 ans. Pour sa part, le groupe pharmaceutique français Sanofi avait annoncé en février le lancement d’un essai clinique sur le virus Zika en 2017 afin de mettre au point un vaccin. Même si, en l’occurrence, le développement du vaccin devrait encore prendre trois années, on a bon espoir. D’autant que, selon l’Organisation mondiale de la santé, plus d’une quinzaine de laboratoires dans le monde travaillent au développement d’un vaccin contre le virus Zika.
Les embryons humains cultivés jusqu’à 13 jours

Annoncée en mai dernier, une nouvelle étape a été franchie en matière de biologie cellulaire. Deux équipes indépendantes ont en effet réussi à cultiver en laboratoire dans une boîte de Pétri des embryons humains à un stade de développement allant jusqu’à 13 jours. De quoi amener les scientifiques à réévaluer la limite imposée pour cette recherche et donc certainement rouvrir le débat éthique à ce sujet. En effet, si de nombreux pays ont autorisé l’étude in vitro d’embryons humains jusqu’à 14 jours, aucune culture n’avait jusqu’alors dépassé le stade record de 9 jours. Il n’empêche que cette avancée a permis de montrer la faculté d’auto-organisation des embryons humains - par un processus impliquant des divisions cellulaires et des réarrangements de forme -, les changements subis s’avérant similaires à ceux qui se produisent en présence de tissus maternels. De ces nouvelles observations faites au-delà du stade où l’embryon "s’accroche" dans l’utérus, les scientifiques espèrent pouvoir progresser dans leurs recherches, qu’il s’agisse de mieux comprendre la fécondation in vitro, les causes des fausses couches, les malformations congénitales, l’ingénierie cellulaire ou la régénération… Mais d’ici là, il y aura aussi toute la question éthique à régler.
La fusée vers Mars, testée et approuvée

Le test de ce qu’Elon Musk présente comme "la fusée la plus puissante du monde" aurait dû en fait avoir lieu en 2016. Mais le lancement du "Falcon Heavy" avait été retardé, du fait d’une explosion au sol d’une autre de ses fusées, le Falcon 9. Le Falcon Heavy est le "propulseur" qui devrait emmener à terme les hommes sur Mars. Cette fusée se compose de la fusée Falcon 9, à laquelle sont accouplés deux premiers étages de cette même fusée, en guise de propulseurs d’appoint. Selon Space X, la société spatiale d’Elon Musk, "quand le Falcon Heavy quittera le sol en 2017, ce sera la plus puissante fusée opérationnelle du monde, et elle sera deux fois plus puissante que les autres. Elle aura la capacité de mettre en orbite 54 tonnes, c’est-à-dire une masse équivalente à un avion de ligne 737, avec ses passagers, équipage, bagages et carburant. Sa capacité de chargement est le double des vaisseaux comparables, à un tiers du coût". Le Falcon Heavy, souligne encore Space X, a été conçu depuis le début pour emmener des humains dans l’espace et restaurer la possiblité de missions habitées vers Mars ou la Lune. Pour rappel, Elon Musk a annoncé en 2016 vouloir emmener le premier homme sur Mars en 2024 et coloniser la planète rouge en 2040. Malgré les mésaventures de septembre (liées à des problèmes avec le réservoir d’hélium au dernier étage de la fusée), le vol-test du Falcon Heavy est prévu au premier trimestre 2017. Chez les amoureux de la planète Mars, on espère que tout se passera sans encombre…
Les retombées des ondes gravitationnelles

Les ondes gravitationnelles feront à nouveau sans (presque) nul doute l’actualité en 2017, en particulier au mois d’octobre. Leur découverte devrait en effet valoir à l’Américain Kip Thorne (photo) et à ses collègues le prix Nobel de physique 2017. Les ondes gravitationnelles sont produites par de légères perturbations subies par la trame de l’espace-temps sous l’effet du déplacement d’un objet de grande masse, comme des trous noirs ou des étoiles à neutron. Elles avaient été prédites par Einstein et leur première observation a été officialisée en février 2016. Ce "frisson spatial" a été observé par deux détecteurs spéciaux en septembre 2015. Les ondes avaient été engendrées par la collision de deux trous noirs, il y a 1,3 milliard d’années. L’espoir est de pouvoir observer cette année d’autres "exemples" de ces "vagues cosmiques", d’autant que les deux détecteurs vont voir leur sensibilité augmentée au cours de 2017… Cela nous ouvre en outre un vaste champ de recherches en physique; c’est toute une "nouvelle astronomie" qui a vu le jour. En effet, sans ces instruments, les chercheurs n’auraient jamais été capables de détecter la fusion de ces trous noirs. En prouvant qu’ils fonctionnent, ces détecteurs d’ondes gravitationnelles fournissent un nouvel outil pour scruter et comprendre notre univers. Notamment, mieux connaître ses débuts ou vérifier les théories les plus folles à propos des trous noirs.
En route vers la cryogénisation ?

La demande, accordée en novembre dernier par la justice britannique, d’une jeune fille de 14 ans, en phase terminale d’un cancer, de se faire cryogéniser après sa mort a fait resurgir cette pratique marginale, proposée notamment par des sociétés spécialisées aux Etats-Unis, où l’on compterait quelque 300 personnes cryogénisées. Le processus de cryogénisation consiste à vider le corps des fluides corporels (sang et eau) pour les remplacer par une substance chimique antigel. Alors congelé à une température de -196°C dans de l’azote liquide, le corps est conservé verticalement - la tête vers le bas - dans un conteneur cylindrique. Pourquoi se faire ainsi cryo-conserver ? Dans l’espoir que la science aura fait, dans un futur plus ou moins proche, des avancées telles que les scientifiques seront capables un jour de réveiller ces morts. Voire les guérir d’une maladie incurable à ce jour. Le juge britannique Peter Jackson, qui a accédé à la demande de la jeune fille, a souligné le caractère"exceptionnel" de son jugement, "un exemple des nouvelles questions que la science pose au droit", tout en reconnaissant l’aspect "spéculatif et controversé de la théorie scientifique derrière la cryogénisation". Ce cas en appellera-t-il d’autres ? L’avenir nous le dira. En attendant, déjà trois chercheurs de l’université d’Oxford ont décidé de se faire cryogéniser dans l’espoir de ressusciter. C’est qu’ils doivent y croire.
L’objectif Lune

Cette année, il n’y en aura pas que pour la planète Mars; la Lune sera elle aussi au centre des intérêts spatiaux. Au dernier trimestre, la Chine devrait envoyer sa sonde Chang’e 5 sur notre satellite naturel. Ce sera la première fois qu’un vaisseau chinois se pose sur la Lune, y collecte des échantillons et rentre sur Terre. La Chine envisage des missions humaines dans les années 2030. On la dit intéressée par l’hélium-3, présent sur la Lune et qui pourrait servir de carburant. Un Belge travaillera aussi très sérieusement à un alunissage durant cette année 2017, car son entreprise pourrait être la première société privée à se poser sur la Lune. C’est Sandy Tirtey, un Montois, qui dirigera le vol, en tant que directeur chez Rocket Lab, une entreprise néo-zélandaise. Pour le lancement, fin 2017 ou 2018 ont été évoquées. Rocket Lab travaille pour Moon Express, une autre société privée qui a obtenu l’autorisation du gouvernement américain pour se poser sur la Lune, dans le cadre d’un challenge lancé par Google. Sandy Tirtey présente cet alunissage comme une première étape dans la volonté de Moon Express d’exploiter les ressources minières d’astéroïdes. Il s’agit, avec la Lune, de démontrer leur capacité de vol ou robotique.
Trouver la Planète 9

En 2017, obtiendra-t-on les preuves directes de la Planète 9, tant attendues ? Au moins dix équipes d’astronomes y travaille(ro)nt en tout cas cette année. En janvier 2016, une équipe de l’Université de Californie (Caltech) avait déduit l’existence de cette neuvième planète de notre système solaire à partir de l’observation des effets de la gravitation de ce corps céleste, invisible aux télescopes car très éloigné. Une observation indirecte : l’existence de cette planète géante est donc encore hypothétique. Au cours de l’année 2016, d’autres signes indirects ont cependant été enregistrés. Par exemple, c’est "Neuf" qui aurait provoqué l’inclination (6 degrés) de l’orbite de nos 8 autres planètes du système solaire. A présent, plusieurs groupes d’astronomes dardent leur télescope vers les profondeurs de l’espace où Planète 9 pourrait se cacher. Une difficulté est de resserrer suffisamment les possibilités et de réduire l’espace où pointer précisément le télescope vers le ciel. Pour l’astronome Mike Brown, le scientifique de Caltech qui a réalisé l’observation indirecte, la neuvième planète devrait en tout cas être découverte dans les quatorze mois à venir, au maximum : "Il y a beaucoup de gens qui sont en train de chercher, et nous faisons tout ce que nous pouvons pour dire aux équipes où chercher. Nous voulons qu’elle soit trouvée." La planète serait quatre fois plus grande que la terre, et orbiterait très loin du soleil, à plus de 1000 fois la distance terre-soleil. Planète 9 fait le tour complet de l’astre solaire en 20 000 ans.
La bio-impression d’organes et de cheveux

Déjà utilisée en médecine pour fabriquer des prothèses personnalisées ou des implants dentaires sur mesure, l’impression en 3D gagne du terrain d’année en année, rendant accessibles des produits qui seraient plus coûteux par un autre mode de production. L’impression récente de médicaments en 3D est un nouvel exemple d’application. Mais de structures inertes biologiquement à des structures faites de cellules, des tissus ou des organes entiers vivants, il y a un pas que beaucoup ambitionnent de franchir. On se souvient de l’image, diffusée en février dernier, de cette oreille (photo). C’était l’œuvre de chercheurs de l’Université de Wake Forest en Caroline du Nord. Ils avaient conçu une technologie d’impression 3D de tissus biologiques qui a permis de construire des cartilages d’oreille, des muscles, des fragments de mandibules et des os crâniens humains à partir de cellules souches et autres "matériaux" biologiques. Une technique qui pourrait révolutionner le domaine des greffes. D’ici là, courant de cette année 2017, la société Poietis, basée à Bordeaux, devrait pouvoir produire de la peau humaine imprimée en 3D, afin de tester des médicaments dans le domaine cosmétique. Depuis septembre dernier, en collaboration avec L’Oréal, cette société spécialisée dans l’impression 3D de cellules vivantes effectue des recherches dans le domaine de la bio-impression de cheveux. Le nouveau défi à relever : la reproduction de follicules pileux. En cas de succès, cela pourrait s’avérer une solution efficace pour faire repousser les cheveux et donc enfin accéder au rêve le plus cher de celles et ceux qui souffrent d’alopécie.
La Consult Station

Présentée comme "le remède idéal pour résoudre le problème des déserts médicaux" en France (notamment), la Consult Station a été imaginée par le Dr Franck Baudino, médecin généraliste, fondateur de la société Health for Development. L’idée de départ : plutôt que faire se déplacer le patient, faisons voyager l’information. Le concept : une cabine type Photomaton, équipée de 14 capteurs qui permettent au patient qui s’y est installé de prendre sa température, écouter son cœur ou ses poumons, réaliser un examen de l’épiderme, mesurer sa tension artérielle, évaluer son taux de glucose dans le sang ou de douleur, passer des tests auditifs… Bref, 92 % des examens pratiqués en cabinet peuvent y être réalisés. Le modus operandi : assis sur le siège, le patient insère sa carte Vitale et suit tout bonnement les instructions du praticien à distance (80 km en moyenne) mais visible sur écran. Le coût : équivalent à celui d’une consultation médicale classique en France, soit 23 €. Et, pour la location de la cabine, le montant de l’abonnement s’élève à 3000 € par mois. Une cinquantaine de Consult Stations ont déjà séduit des collectivités locales, maisons de repos et hôpitaux français désireux de désengorger leurs services d’urgences. Ou même des entreprises dont les employés sont isolés. Environ 80 médecins, dont 40 en France, ont déjà recours à cette machine. Le secret médical est garanti. Pas de quoi remplacer le médecin, assure toutefois l’inventeur qui y voit plutôt, comme il l’a confié à nos confrères de "Paris Match", "une manière de s’insérer dans le système de santé actuel afin d’améliorer la qualité des soins et de perfectionner la prévention et le dépistage des pathologies chroniques comme l’hypertension, les troubles respiratoires ou l’insuffisance cardiaque".
La concrétisation de Nassonia

Le projet Nassonia, lancé le premier semestre 2017, c’est ce qu’espèrent les membres de "Pro Nassonia", le comité de soutien au projet d’Eric Domb, le patron de Pairi Daiza. Pour rappel, l’homme d’affaires souhaite, via une Fondation, privatiser 1500 hectares de forêt à Nassogne, dans la province de Luxembourg. L’objectif : en faire une sorte de laboratoire à ciel ouvert, et, notamment, permettre à cette forêt d’évoluer "au naturel", au maximum, et ce à très long terme. Les naturalistes et nombre de scientifiques sont ravis : ce serait une façon d’étudier la forêt comme elle ne l’a jamais été, et c’est aussi l’occasion de projets de recherche de toutes sortes. Du côté des chasseurs, en revanche, on a accueilli le projet d’Eric Domb plus que fraîchement. Le lieu qui serait attribué à la réserve naturelle était en effet jusqu’ici consacré à la chasse, et cette activité est une source de revenus pour celui qui commercialise les parties de chasse. Polémique… En novembre 2016, Eric Domb a présenté son idée devant le parlement wallon. Le ministre wallon René Collin (CDH) est enthousiaste : "Il faut associer le secteur privé à la gestion publique. Je pense donc que c’est un beau projet." indiquait-il à "L’Echo" il y a peu. Son objectif actuellement est de trouver une formule qui permettra notamment de mener des opérations pilotes en matière de recherche tout en conservant une forêt ouverte au public.