Le traitement contre le cancer docétaxel mortel? 18 décès signalés en 2 ans
Publié le 09-03-2017 à 19h24 - Mis à jour le 09-03-2017 à 19h25
Dix-huit décès chez des malades traités pour différents types de cancer avec un médicament, le docétaxel provenant de différents laboratoires, ont été pour l'instant signalés sur une période d'un peu plus de deux ans, selon l'agence du médicament ANSM.
"Il s'agit de données très préliminaires qui ont été discutées dans le cadre d'une réunion d'un groupe de travail, organisée lundi, avec une vingtaine de professionnels de santé (oncologues, spécialistes du réseau Unicancer...) l'ANSM et l'Institut du cancer (INCa)" pour discuter de ce dossier, a dit à l'AFP Dominique Martin, directeur général de l'ANSM qui réagissait à un article du Figaro faisant état de ces décès.
A l'occasion de cette réunion, 18 décès survenus entre janvier 2015 et février 2017 ont été évoqués. Mais "ce sont des données préliminaires qui ne peuvent pas aujourd'hui être utilisées pour donner des informations pertinentes et utiles sur la question du risque lié à ce médicament", a souligné le Dr Martin.
L'ANSM avait déjà fait état de 5 décès (2015-2016) à la mi-février dans le cadre de traitements du cancer du sein. De son côté, l'Institut Curie avait annoncé un second décès en février après un autre inclus dans le décompte de l'ANSM.
Les données sur ces 18 cas de décès - incluant les différents cancers relevant de ce traitement (sein, prostate, poumon...) et toutes les complications, digestives ou autres - et le docétaxel portent sur tout le territoire, sans être exhaustives et concernent "tous labos confondus" (Taxotère de Sanofi et génériques).
L'ANSM "s'attend à des chiffres plus importants" sachant que l'enquête de pharmacovigilance porte sur l'ensemble des médicaments contenant du docétaxel, depuis la commercialisation du premier d'entre eux en 1995, le Taxotère, avant l'apparition des génériques, souligne M. Martin.
Parmi les génériques, figure notamment celui d'Accord, qui détient en gros la moitié du marché.
Le 17 janvier l'INCa et l'ANSM ont recommandé aux cancérologues d'éviter temporairement, par précaution, d'utiliser le docétaxel pour les cancers du sein localisés, opérables, au profit d'une alternative, le paclitaxel.
Actuellement le dossier est discuté au niveau européen en vue d'une réévaluation du rapport bénéfices/risques du docétaxel, selon l'ANSM.
Les données définitives sur le docétaxel seront fournies, à l'issue de l'enquête de pharmacovigilance fin mars.
"On aura alors des chiffres qui ont un sens. Il s'agit de voir s'il y a eu une augmentation de la mortalité, une évolution dans le temps rapportée au nombre de patients traités, et si oui à quel moment elle est apparue", a notamment expliqué M. Martin. Il s'agit d'un "médicament majeur" mais on sait qu'il "comporte des risques importants", rappelle-t-il.