Mais comment donc les prions arrivent-ils à envahir le cerveau?

L. D.

Publié le 20-04-2017 à 12h18 - Mis à jour le 20-04-2017 à 12h19

Ce jeudi, en fin de matinée, s'est déroulée au Palais des Académies à Bruxelles, la cérémonie de remise officielle du prix scientifique international le plus important octroyé en Belgique, le Prix Baillet Latour de la Santé. Souvent présenté comme le Nobel belge, le prestigieux prix est allé cette année au Pr Adriano Aguzzi, Professeur et Directeur de l’Institut de Neuropathologie de l’Université de Zurich, en Suisse, pour sa recherche innovante portant sur l’approche moléculaire de la biologique des maladies neurologiques causées par des prions.

Cela fait un quart de siècle que ce chercheur tente de comprendre la complexité de la neuro-invasion par les prions. Dans ses travaux, le scientifique décrit un processus par lequel les fameux agents à l'origine de l’encéphalite spongiforme bovine ou l’ESB et la maladie de Creutzfeldt-Jakob, ont envahi le corps d’une victime par voie extra-cérébrale et migré dans le cerveau pour causer finalement une maladie du système nerveux.

Des applications cliniques possibles rapidement

Le travail du lauréat 2017 se concentre surtout sur les mécanismes moléculaires entraînant le dysfonctionnement des organes. "Sa découverte de la colonisation du système immunitaire par des prions a convaincu la plupart des gouvernements du monde de faire des efforts pour limiter l’exposition de l’être humain à des prions provenant d’animaux de la ferme, a souligné le Fonds Baillet Latour. La découverte du Pr Aguzzi que l’élimination de la microglie, un type de cellules que l’on trouve dans le système nerveux, accélère l’évolution de la maladie à prions, a un impact fondamental sur les stratégies thérapeutiques contre les proteinopathies à agrégations, telles que les maladies d’Alzheimer et de Parkinson".

Publiés en 2015 dans la revue "Science Translational Medicine", ces travaux de recherche récents ont démontré qu’il est possible de concevoir de nouveaux médicaments contre les prions à partir de techniques basées uniquement sur les données structurelles. "Grâce à ce concept, des applications cliniques seront probablement possibles rapidement et avec succès", fait encore remarquer le Fonds Baillet Latour.

La recherche belge également récompensée et encouragée

Comme chaque année, le Fonds a également décerné son Crédit Baillet Latour pour la Recherche médicale, lequel soutient le projet de recherches d'un(e) jeune chef de groupe dans une université ou un hôpital universitaire belge sur le même thème que le Prix international Baillet Latour de la Santé.

Cette année consacré aux maladies neurologiques, le Crédit a été octroyé au Pr Roosmarijn Vandenbroucke de l'Université de Gand/VIB, qui étudie le rôle de la barrière hémato-encéphalique dans des conditions physiologiques et pathologiques, notamment dans le cas des troubles neurologiques comme la maladie d’Alzheimer.

"Dans des conditions saines, le cerveau est strictement séparé du sang par la présence de barrières cérébrales spécifiques, ont expliqué les membres du jury. L’une de ces barrières est la barrière hémato-encéphalique. Unique, celle-ci est composée d’une seule couche de cellules épithéliales du plexus choroïdien et semble être essentielle pour la communication entre le corps et le cerveau".

L’objectif de la recherche du Pr Vandenbroucke est d’étudier les propriétés de cette barrière hémato-encéphalique comme voie d’accès vers le cerveau, pour la libération de médicaments spécifiques au cerveau. L'équipe de scientifiques belges a déjà identifié différentes altérations au niveau du fonctionnement de la barrière hémato-encéphalique dans les cas d’inflammation systémique et neurologique.

Mais comment donc les prions arrivent-ils à envahir le cerveau? — ©DR

A propos du Fonds Baillet Latour

Le Fonds Baillet Latour fut créé pour soutenir des réalisations remarquables dans les domaines scientifique, académique et artistique. Depuis 1979, ce Fonds octroie le Prix Baillet Latour de la Santé à un scientifique pour sa contribution à la recherche médicale.

D’un montant de 250.000 €, ce prix est décerné annuellement depuis 2000. Ill a non seulement pour but d’encourager la recherche fondamentale, mais également de promouvoir ses applications au bénéfice de la santé humaine.

Le Prix récompense la recherche médicale dans un des domaines suivants : maladies neurologiques (2017), cancer (2018), maladies cardio-vasculaires (2019), troubles métaboliques (2020) et maladies infectieuses (2021). Il est géré par un Comité scientifique, qui désigne chaque année un jury international composé de sept experts du domaine choisi.

Chaque année, le Fonds Baillet Latour décerne aussi un Crédit Baillet Latour pour la Recherche médicale, lequel soutient le projet de recherches d'un(e) jeune chef de groupe dans une Université ou un Hôpital Universitaire belge sur le même thème que le Prix International Baillet Latour de la Santé. Le ou la bénéficiaire du Prix est choisi(e) par le jury de ce Prix international de la Santé. Une somme annuelle de 150.000 euros sera allouée à son laboratoire pendant trois ans avec une prolongation possible de deux ans.