Le projet Nassonia d'Eric Domb est mort... mais pourrait renaître ailleurs
Publié le 27-04-2017 à 22h13 - Mis à jour le 28-04-2017 à 11h53
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Techniquement, le projet Nassonia est enterré. Du moins à Nassogne. C’est ce qu’une décision du conseil communal local vient d’entériner, mais indirectement. Le projet pourrait toutefois renaître ailleurs. Le ministre René Collin présentera vers 11 heures ce vendredi matin le résultat d'une étude identifiant les massifs forestiers susceptibles d'accueillir un projet similaire.
L’idée de l’homme d’affaires Eric Domb (Pairi Daiza) et de ses soutiens locaux à Nassogne était de “rendre à la nature” une forêt de 1500 hectares située à Nassogne, avec la volonté de réinstaurer une véritable biodiversité et de permettre un équilibre entre tous les acteurs de la forêt : faune, flore, gestionnaire de bois, chasseurs... A cet axe écologique s’ajouterait un axe touristique (tourisme “diffus” d’observation, avec maintien de zones protégées...). Des négociations étaient en cours avec la fondation d’Eric Domb, la Région wallonne et la commune.
La pression n’a rien fait Mais, dans une salle du conseil comble, la commune a approuvé ce jeudi soir un peu avant 22 heures (9 oui, 4 non et une abstention et sans amendements) une proposition de cahier des charges pour la location du droit de chasse de la zone visée par Eric Domb. Et pour les initiateurs de Nassonia, les paramètres selon lesquels les chasses seront menées sont incompatibles avec le projet. Jusqu’au dernier moment, le résultat du vote du conseil était incertain. Sous la pression médiatique, des citoyens et des ONG, certains espéraient voir les membres de la majorité encore hésitant voter contre ce cahier des charges. Il n’en fut rien.
“J’ai confiance en ma majorité. La décision ne devait pas être prise ce (jeudi) soir. Nous en discutions depuis des semaines, nous disait un peu plus tôt Marc Quirynen, le bourgmestre CDH de Nassogne. Qui explique que pour lui, ce vote ne remet en rien en cause le projet Nassonia, et que lui-même devait, selon les règles administratives, voter ce cahier de charges, et lancer cet appel d’offres, car le temps pressait ( les droits de chasse actuels arrivent à échéance le 30 juin ). “Je fais ce qui est nécessaire. Ce territoire devait être chassé”, continue le bourgmestre, qui évoque aussi une densité de gibier trop élevée.Charles Piette, fondateur de l’association locale de soutien au projet, explique lui que le projet Nassonia demande une “chasse éthique”, “silencieuse”, “à l’affût”, qui ne stresse donc pas les animaux. Le bourgmestre répond qu’il fera des chasses hybrides (par exemple sans cri mais avec des chiens) et qu’il faut aussi varier le type de chasses, afin de ne pas habituer les animaux et que les tirs soient donc efficaces. Le collège a toutefois expliqué au conseil que le cahier des charges pourrait éventuellement être amendé par la suite.Le droit de chasse à accorder vaut pour 9 ans.
Des offres d’autres communes Pour les défenseurs du projet, l’attitude du bourgmestre est en fait un refus déguisé à Nassonia. Le bourgmestre aurait-il subi des pressions ? C’est la question que se pose Gérard Jadoul, ancien président d’Inter-Environnement Wallonie, car pour lui la position du "maïeur" est “incompréhensible”. On se souvient en tous cas que à l’annonce du projet, le secteur du bois, ainsi que les chasseurs s’étaient élevés contre l’initiative, en particulier l’ancien locataire des droits de chasse Pam De Becker, un homme d’affaires fortuné. Il faut dire qu’obtenir les droits de chasse, très élevés (jusqu’à 400 000 euros, pour la première année, pour les trois lots visés dans le nouvel appel d’offre) permet d’organiser des parties de chasse, évaluée à 1000 euros la journée. Le bourgmestre, lui, nie toute pression. Notons que pour le projet Nassonia, la Région wallonne, avait, en résumé, proposé de compenser à la commune les revenus “perdus” par le retour de la forêt à la nature.
Mais pour Gérard Jadoul et Charles Piette, si le projet Nassonia est mort à Nassogne, il pourrait renaître ailleurs. “C’est un projet d’avenir” et “qui peut s’exporter”. “On est triste pour la commune mais on sait que le projet se fera ailleurs”, assurait Charles Piette juste après le vote . Plusieurs communes, qui restent discrètes pour l’instant, auraient ainsi sollicité Eric Domb pour accueillir son projet chez elles. On évoque par exemple celle de Florenville. Le bourgmestre de Nassogne est dubitatif : “ si ce sont des bois ‘soumis’ comme ici, les porteurs de projet seront confrontés au même Code forestier.” Quoi qu'il en soit, suite au vote du conseil communal jeudi soir, le ministre de la Nature CDH René Collin présentera ce vendredi matin le résultat d'une étude identifiant les massifs forestiers susceptibles d'accueillir ce projet en Wallonie. Un cadre juridique permettant ce nouveau modèle de gestion de la forêt sera également présenté, précise-t-on au cabinet de René Collin. Eric Domb n'a pas fait suite à notre demande d'interview mais une réaction officielle est attendue dans la journée.