Des résidus de glyphosate relevés dans des crèmes glacées Ben&Jerry's

BELGA

Des traces de glyphosate ont été découvertes dans des pots de crème glacée de la marque américaine Ben & Jerry's disponibles sur le marché européen, a indiqué mardi l'eurodéputé Bart Staes (Groen) lors d'une conférence de presse au Parlement européen. Le glyphosate est une substance herbicide extrêmement répandue mais qui fait l'objet d'une controverse sur son caractère cancérigène. Elle constitue notamment le principe actif du désherbant Roundup, commercialisé par la multinationale américaine Monsanto.

L'étude réalisée par une équipe de scientifiques en France, aux Pays-Bas, en Allemagne et au Royaume-Uni a permis de détecter des résidus de glyphosate dans 12 des 14 produits analysés.

"Les niveaux observés, allant jusqu'à 1,228 nanogramme par millilitre, suscitent des inquiétudes en matière de santé", selon le docteur John Fagan, qui a mené les tests pour le Health Research Institute (HRI).

Une opinion partagée par le professeur Gilles-Eric Seralini de l'Université de Caen, auteur de plusieurs études scientifiques sur les dangers du glyphosate, qui estime que les niveaux de cette substance autorisés par les Etats-Unis et l'Europe sont basés sur des modèles toxicologiques dépassés. "Ces derniers ne prennent pas en compte les propriétés de perturbateurs hormonaux de ces substances, dont même de petites quantités peuvent causer des soucis de santé", a-t-il affirmé.

L'eurodéputé Bart Staes a pour sa part jugé que cette découverte de résidus dans les glaces Ben&Jerry's constituait une "nouvelle preuve de la dysfonctionnalité" de notre chaîne alimentaire, rappelant au passage que des traces de glyphosate avaient déjà été relevées dans plusieurs bières, mais aussi dans des urines de nombreux parlementaires européens l'année dernière.

L'écologiste a indiqué avoir reçu, peu avant la conférence de presse, un courriel du groupe Unilever - dont fait partie Ben & Jerry's - dans lequel celui-ci affirme qu'il n'emploiera plus, d'ici 2020 au plus tard, d'ingrédients provenant de cultures utilisant du glyphosate.

La substance est actuellement au coeur des discussions européennes. Les Etats membres de l'UE ne se sont pas encore prononcés sur la proposition de la Commission de renouveler sa licence, qui expirera en fin d'année. Les Européens sont divisés sur l'opportunité de prolonger celle-ci de 10 ans.

La France, l'Autriche et l'Italie ont déjà publiquement déclaré qu'elles refusaient une autorisation pour cette durée.

Selon l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), il n'y a pas de raison de classer le glyphosate comme cancérigène, opinion sur laquelle se base la Commission pour avancer sa proposition. Mais les opposants au glyphosate s'appuient quant à eux sur une étude du Centre de recherche sur le cancer de l'OMS (CIRC), qui a classé la substance comme "cancérigène probable".

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...