A l'âge de 15 ans, l'espérance de vie d'un fumeur quotidien raccourcit de près de 9 ans chez les hommes et presque 6 ans chez les femmes
Publié le 11-10-2017 à 11h05 - Mis à jour le 11-10-2017 à 11h11
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Elle a de quoi faire réfléchir et refroidir, cette nouvelle étude que vient de publier, ce mercredi matin, l'Institut scientifique de santé publique (ISP). Alors que près d'un quart des Belges déclare fumer, elle fait apparaître qu'à l'âge de 15 ans, l'espérance de vie d'un fumeur quotidien raccourcit de près de neuf ans (8,8 ans, plus exactement) pour les hommes et près de six ans (5,9 ans) pour les femmes, Ces résultats reposent sur des données collectées auprès de 30 000 personnes (fumeurs et non-fumeurs) lors des Enquêtes nationales de Santé réalisées en 1997, 2001 et 2004.
Qu'en est il de l’espérance de vie en bonne santé, c'est-à-dire "sans incapacités"?
Pour les des hommes non-fumeurs, elle est en moyenne 8,5 ans plus longue que celle des fumeurs quotidiens, selon les calculs de l'ISP. Cela s’explique principalement par la mortalité plus faible (+ 6,2 ans) et par l’incidence moins élevée de certains problèmes de santé (+ 2,3 ans). Chez les femmes non-fumeuses, l’espérance de vie en bonne santé augmente en moyenne de 4,3 ans. De même, "ce gain d’espérance de vie s’explique par la mortalité plus faible (+ 3 ans) et, dans une moindre mesure, par l’incidence moins élevée de certains problèmes de santé (+ 1,3 ans)", commente l'ISP.
La mortalité, certes, mais aussi la détériorartion de l'état de santé
"L’opinion publique associe nettement plus le tabagisme à la mortalité qu’à la détérioration de l’état de santé général, analysent encore les auteurs de l'étude. Les études scientifiques montrent pourtant que l’hygiène de vie – en ce compris le tabagisme donc – est le facteur qui influence le plus la survenue de certaines maladies, qu’elles soient chroniques ou non.
Ces maladies peuvent elles-mêmes entraîner l’apparition ‘d’incapacités’, c’est-à-dire de problèmes de santé qui altèrent la mobilité et l’aptitude à réaliser certaines activités de la vie quotidienne, comme entrer dans son lit et en sortir, s’assoir sur une chaise et se relever, s’habiller et se déshabiller, se laver les mains et le visage, se nourrir, ou encore aller aux toilettes" Et qu'en est-il de l'espérance de vie avec problèmes de santé, soit "avec incapacités"?
L’espérance de vie avec problèmes de santé (‘incapacités’) est à peine plus longue chez les hommes non-fumeurs que chez les fumeurs quotidiens : seulement + 0,3 ans. Chez les non-fumeuses, le gain d’espérance de vie avec problèmes de santé est plus important, mais il reste cependant lui aussi limité : + 1,6 ans.
De cette nouvelle étude, l'ISP tire une leçon essentielle, pour qui ne l'aurait pas encore ompris : "s’abstenir de fumer permet clairement d’allonger l’espérance de vie". Mais ce n'est pas tout. Fait encore plus important, elle démontre surtout que les années ainsi gagnées sont majoritairement des années de vie passées en bonne santé, "sans incapacités".
Comment expliquer de tels écarts d’espérance de vie entre fumeurs quotidiens et non-fumeurs ?
"L’espérance de vie plus longue des non-fumeurs/fumeuses s’explique principalement par la mortalité plus faible liée aux cancers du poumon, du larynx et de la trachée, aux maladies respiratoires chroniques, et aux maladies cardiaques ischémiques, répond l'ISP. Sur le plan des ‘incapacités’, l’espérance de vie plus longue des hommes non-fumeurs résulte de l’incidence plus faible des maladies du système musculo-squelettique (arthrose, douleurs lombaires, ostéoporose, etc.). Chez les femmes, elle s’explique plutôt par la diminution du risque de maladies respiratoires (bronchite, asthme, etc.)."