Ne dites pas à mon fils que je joue
"Je souffre quand je pense au jeu. Que je joue, que je gagne ou pas, je n’ai aucune satisfaction. Mon humeur ? Je suis agressive et vulgaire avant, et même après, je pense que je suis pire ! Je n’ai plus aucune valeur de l’argent. Mes enfants ? Je ne veux plus mettre en péril ma famille. Je voudrais retrouver la sérénité, le respect de moi-même, car en jouant je me déteste, j’ai honte ! Je voudrais retrouver ma fierté, ne plus mentir pour des sous pour aller jouer. Retrouver la confiance, pouvoir m’aimer à nouveau; le jeu a détruit ma vie depuis que je le connais ". En ces mots paraît le témoignage de Georgette, dans "Ne dites pas à mon fils que je joue" (*), de Serge Minet, thérapeute clinicien - depuis peu retraité - auprès du service de psychiatrie du CHU Brugmann, où il est à présent consultant pour la Clinique du jeu pathologique. Dans cet ouvrage, l’auteur a voulu transmettre, au terme de sa longue pratique clinique, "le colloque singulier" qu’il a entretenu avec "ces hommes et ces femmes fatigués par leur dépendance". Mais au-delà de ces quelques récits extraordinaires de gens finalement très ordinaires, l’auteur analyse, décortique, questionne, invite le lecteur à la réflexion. Il est ici question de passion des jeux de hasard et d’argent, bien sûr, mais aussi de passion de fièvre acheteuse, ou encore de passion dévorante et parfois destructrice des jeux de rôle sur Internet. Sous le titre "Tu ne fais même pas partie du règne des champignons", le chapitre en question a de quoi interpeller. Car oui, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, dites TIC, interrogent forcément les cliniciens de la pathologie des jeux. Nombreux sont en effet les jeunes patients, mais aussi les adultes, ayant développé des comportements excessifs avec le Net ou les jeux de rôle, à avoir consulté ce spécialiste. "Le thérapeute, s’il tente de donner du sens, par sa pratique, à la souffrance de l’homme, lui restitue d’abord une dignité, écrit Serge Minet. Il l’accompagne sur les sentiers de la fragilité, en ces lieux où tout se murmure dans le dénuement des certitudes, dans l’ombre et la lumière. Dans le secret."