Les cotons-tiges bientôt interdits en France : et en Belgique?
Publié le 10-01-2018 à 10h26 - Mis à jour le 10-01-2018 à 21h36
Les bâtonnets de plastique seront interdits en France en 2020. En Belgique, on n’y est pas favorable.Parce qu’ils ne sont ni compostables ni biodégradables, mais en revanche extrêmement polluants, les bâtonnets de plastique, communément appelés cotons-tiges, seront interdits à la vente en France, dès le 1er janvier 2020; une mesure qui intervient dans le cadre de la loi Biodiversité adoptée le 20 juillet 2016. Régulièrement jetés par les utilisateurs dans les cuvettes des toilettes, comme ils flottent, ils ne peuvent être efficacement traités dans les stations d’épuration et se retrouvent ainsi en quantité impressionnante dans les rivières et les mers, contribuant à augmenter la masse du continent de plastique. Avant d’être ingérés par les oiseaux et les poissons puis, in fine, par l’Homme. Retour au consommateur…
Qu’en est-il de cette interdiction en Belgique ? En tant que ministre de la Transition écologique, Carlo Di Antonio "n’est pas favorable à l’utilisation des produits jetables - des produits dont la durée de vie est inversement proportionnelle à leur dommage écologique, nous a-t-on dit au cabinet. Malheureusement, seul le fédéral est compétent pour légiférer sur une interdiction similaire à la France. En Wallonie, le fait de jeter un coton-tige dans les canalisations est considéré comme une infraction".
Que pensent les ORL de l’usage du coton-tige ?
Si cette interdiction représente une victoire pour les associations de protection de la nature, certains médecins généralistes et ORL la voient aussi plutôt d’un bon œil. C’est le cas du Pr Naïma Deggouj, responsable du Centre d’audiophonologie et chef de service adjoint en ORL aux Cliniques universitaires Saint-Luc. "Nous sommes contre l’utilisation du coton-tige pour plusieurs raisons, nous dit-elle. D’abord, parce que ce n’est pas très utile. Si l’on peut effectivement nettoyer le méat (ouverture de l’oreille) pour des raisons sociales, il ne faut pas pour autant entrer à l’intérieur du conduit auditif. Au contraire, il vaut mieux laisser le cérumen car il graisse et protège la peau. Il est en outre bactéricide : il empêche que les germes s’accrochent. D’autre part, si l’on produit beaucoup de cérumen, l’utilisation de cotons-tiges risque de le tasser au fond du conduit et ainsi favoriser la formation de bouchons, surtout chez les petits. Par ailleurs, chez les personnes âgées qui ont une peau très fine, si l’on frotte trop fort avec les bâtonnets, on peut créer des éraflures et ainsi permettre l’entrée de germes. Avec pour conséquence des otites externes, fréquentes chez ces personnes, entre autres sur ces micro-traumatismes liés aux frottements.
De façon générale, le risque de traumatisme lié au coton-tige n’est pas négligeable. Un geste brusque, et le bâtonnet s’enfonce dans le conduit, déchire le tympan, peut luxer les osselets, enfoncer l’étrier dans l’oreille interne… Cela peut donc engendrer des dégâts inutiles. Pour toutes ces raisons, je conseille donc aux patients de laisser tranquille leur conduit auditif externe.
La Nature n’est pas trop mal faite. Le conduit s’auto-nettoie et se protège le plus souvent. Dans de rares cas (cérumen un peu sec, par exemple), il y a une tendance à faire des bouchons. Il y a alors d’autres possibilités de prise en charge, mais le coton-tige n’arrange pas les choses, au contraire. Donc, pour nettoyer l’entrée visible de l’oreille, il suffit de l’essuyer avec un petit bout de serviette humide."