Monogamie, bigamie ou polygamie : à votre avis, que préfèrent les étudiants?
Publié le 08-05-2018 à 20h00 - Mis à jour le 09-05-2018 à 15h35
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C'est une étude tout à fait sérieuse, basée sur un questionnaire en ligne, qu'a menée l'Institut de Médecine tropicale d'Anvers (IMT) et qui est publiée, cette semaine, dans la revue scientifique Plos One. Plus de 800 étudiants de l'Université d'Anvers (UAnvers) ont ainsi été interrogés sur leur attitude inconsciente vis-à-vis de la monogamie et sur le fait d'avoir de multiples partenaires sexuels.
Pour mener ces travaux, l'équipe du Professeur Chris Kenyon à l’IMT, qui étudie les réseaux sexuels et leur influence sur la propagation du VIH et d'autres IST, n'a pas questionné les étudiants de manière frontale sur le sujet.
"La demande directe relative aux préférences sexuelles n'est pas une méthode fiable, comme l'ont déjà démontré les recherches, explique le Pr Kenyon. Il est encore tabou pour la plupart des gens d’avouer qu’ils trouvent normal d’avoir plusieurs partenaires sexuels. D'autres ne sont même pas conscients de leur attitude, ce qui nous donne également une image déformée."
Comment s'est déroulée l'étude?
Aussi les chercheurs ont-ils opté pour ce que l'on appelle un "test d'association implicite". Ces tests examinent les liens implicites que les gens établissent, sans qu'on leur demande spécifiquement de penser à un problème particulier. Concrètement, dans cette étude, les étudiants devaient indiquer des mots comme positifs ou négatifs. L’équipe de recherche leur a soumis des photos de couples en leur demandant s’ils pensaient qu’il s’agissait de couples monogames, ou s’ils jugeaient que l'un des partenaires en avait un deuxième.
Résultat : 92,3% des étudiants semblaient avoir une préférence implicite pour la monogamie.
"La préférence pour la monogamie est similaire chez les étudiants et les étudiantes, a commenté le principal auteur. Les hommes homosexuels et les femmes lesbiennes sont plus ouverts aux relations sexuelles avec plusieurs partenaires". Toutefois, en raison de la taille limitée du groupe des répondants non-hétéro, leurs résultats doivent être interprétés avec prudence, ont tenu à préciser les auteurs de l'étude.
Et de manière explicite
Les chercheurs ont aussi comparé le questionnaire des préférences implicites avec les réponses fournies par les étudiants lorsqu’on leur a demandé explicitement comment ils perçoivent la monogamie et le fait d’avoir de multiples partenaires sexuels. Dans le questionnaire explicite, les étudiants ont encore clairement opté pour la monogamie. Et toujours aucune différence notable sur la base de la préférence sexuelle indiquée par les répondants.
"La forte préférence pour la monogamie n'est pas une surprise, notent les chercheurs. En Europe de l'Ouest, les relations non-monogames ont été réprimées pendant des siècles et ont, en général, toujours été considérées avec désapprobation".
L'équipe a l'intention de répéter l'étude, par exemple dans certaines régions en Afrique subsaharienne, où la multiplicité des partenaires sexuels est plus acceptée. "Si ces populations ont une attitude inconsciente différente, alors la question est de savoir pourquoi et à partir de quel âge ces différences apparaissent. Nous savons que des réseaux sexuels intensifs et interconnectés maintiennent la propagation des IST. Une vision plus claire sur l'attitude des personnes envers la sexualité peut nous fournir des outils pour le développement de campagnes plus efficaces contre la propagation du VIH et des IST. Une meilleure connaissance de ces préférences devrait dès lors nous aider à éradiquer cette propagation", a déclaré Kenyon.
Pour cette recherche, l’IMT a travaillé en étroite collaboration avec l'Université d'Anvers, l'Université du Cap (Afrique du Sud) et l'Open University Limburg (Pays-Bas).