Méfiez-vous de cette épidémie qui se propage dans nos assiettes
- Publié le 01-06-2018 à 15h57
On ne la connaît pas encore très bien. Pourtant, les spécialistes sont formels: on va entendre parler d'elle dans les années à venir. C'est la NASH pour Non Alcoolic Steato Hepatitis. En français : stéatohépatite métabolique ou stéatose hépatique non alcoolique. Communément, on l'appelle aussi maladie de la malbouffe, du soda, du foie gras humain... Car, silencieuse et asymptomatique, cette maladie détruit insidieusement le foie.
Parlant d'épidémie qui se propage dans l'assiette ou de fléau du siècle, médecins et autorités de santé des pays occidentaux tirent la sonnette d'alarme. A tel point que, ce 12 juin aura lieu la première journée internationale de la Nash. Détectée fin des années 80, cette maladie du foie touche aujourd'hui de 3 à 5 % de la population belge, dont une bonne partie l'ignore, les symptômes demeurant peu, voire pas perceptibles, du moins au début. Aussi, asymptomatique, la Nash est-elle très difficile à diagnostiquer. A ce jour, outre les tests sanguins et une échographie dans un premier temps, la biopsie reste la méthode la plus fiable.
Comment s'installe la Nash?
Liée à une alimentation trop riche et à un manque d'exercice physique, la stéatose hépatique non alcoolique apparaît en raison d'un excédent de graisse dans le foie qui s'enflamme de manière chronique jusqu'à provoquer des fibroses (cicatrices et lésions), avec pour conséquences possibles une cirrhose (non-alcoolique), un cancer du foie ou un accident cardiovasulaire. Alors que l'inflammation du foie était jusqu'alors essentiellement associée à une consommation excessive d'alcool, cet organe - qui veille à filtrer les éléments toxiques - semble de plus en plus faire les frais des modes de vie modernes.La NASH est donc bien une forme d'hépatite qui, liée uniquement à l'alimentation et au manque d'exercice, en l'absence de virus et de tout alcoolisme, peut bel et bien entraîner une cirrhose, voire un cancer du foie. Avec, pour issue, la greffe, en l'absence de traitement, même si un médicament en est actuellement au stade expérimental.
Sont à risque, notamment les personnes qui présentent un surpoids ou sont atteintes de diabète de type 2. Une association de troubles métaboliques (taux bas de bon cholestérol, taux élevé de mauvais cholestérol, hypertension artérielle, embonpoint, résistance à l'insuline...) peut également mener à développer la maladie.
"Nous ne sommes génétiquement pas conditionnés pour l'abondance, mais bien pour faire face à la carence. Il y a trop à consommer pour nos besoins. De plus, nous bougeons moins par rapport à nos ancêtres", a fait savoir vendredi le Pr Sven Francque, hépatologue à l'hôpital universitaire d'Anvers, lors d'une conférence de presse annonçant la journée internationale organisée par le Nash Education Program.
Mieux vaut prévenir
On l'aura compris, pour éviter que se développe la maladie, mieux vaut la prévenir. Ce qui revient avant tout à adopter une bonne hygiène de vie et une alimentation plus saine. En d'autres mots : mieux manger et bouger davantage. "Quand on parle de sédentarité, on ne vise pas nécessairement que les personnes oisives. Je suis une personne active professionnellement, mais je suis assis au bureau ou en voiture toute la journée", a commenté un patient de 58 ans, venu témoigner de sa maladie. Sous le slogan "Des millions de foies souffrent en silence, stoppons l'épidémie", la campagne de sensibilisation aura principalement lieu le mardi 12 juin, décrété journée internationale de la Nash, dans 25 villes du monde. En Belgique, des conférences auront notamment lieu aux Cliniques universitaires Saint-Luc ainsi que dans deux hôpitaux anversois (UZA et ZNA Stuivenberg) à destination du tout public mais aussi pour les professionnels du milieu de la santé. Sur insicription, des dépistages gratuits seront organisés pour les populations à risque.
"L'ampleur que cette maladie prend est inquiétante. C'est pourquoi nous avons ressenti le besoin d'organiser cette journée. La Nash est très peu connue, tant des patients que de la communauté médicale", souligne le Pr Francque.
"Il y a un manque d'informations du milieu médical, confirme le Pr Nicolas Lanthier, chef de clinique adjoint à Saint-Luc. La prise en charge des patients est sous-optimale ces dernières années. Il est assez fréquent de voir arriver un patient déjà atteint d'une cirrhose parce que la maladie n'a pas été détectée."