Interdire la cigarette sur les plages ou dans les parcs belges? "Des effets bénéfiques mais aussi pervers"
Publié le 16-08-2018 à 13h49 - Mis à jour le 16-08-2018 à 15h26
Les arrêtés anti-tabac ne cessent de fleurir en France.
A Strasbourg, il sera désormais interdit de fumer une cigarette dans un parc public. Il s'agit de la première ville française à franchir le pas du bannissement pur et simple du tabac dans ses parcs. Ceux qui ne s'y plient pas devront payer une amende d'un montant de 68 euros. La ville de Paris profite également d'une expérimentation similaire, dans six parcs et squares, depuis le 10 juillet dernier. Outre, ces mesures, l'émergence d'"espaces sans tabac", portés au nombre de 973 dans toute la France, semble réjouir la lutte contre le tabagisme. Parmi ces lieux, 50 plages ou 30 entrées d'établissements scolaires. Une nouvelle qui ne fait pas que des heureux, notamment parmi les fumeurs.
Certains regrettent de telles actions et avancent que "créer de l'interdit n'est pas la solution", comme on peut le lire dans un article de nos confrères du Parisien. Un pneumologue français, interrogé par le journal français, souhaite, à contrario, aller beaucoup plus loin dans la lutte contre le tabac dans l'espace public. Il va jusqu'à prôner la prohibition de la cigarette en terrasse. "La liberté individuelle est magnifique quand elle n'a pas d'impact sur les autres. Or, fumer dans les lieux publics, c'est priver les non-fumeurs de respirer un air pur. [...] Le tabac est le seul produit autorisé qui tue un consommateur sur deux", déclare Alexandre Duguet.
Pour lui, il s'agirait aussi de réduire le nombre de mégots jetés. "Or, un seul suffit à polluer plus de trois cents litres d'eau. Ces restrictions permettent aussi de ne pas montrer aux plus jeunes un monde de fumeurs, de ne pas le côtoyer", poursuit le spécialiste.
"Pas d'étude sur le sujet"
Mais, est-ce qu'interdire la cigarette en extérieur peut enrayer le problème du tabagisme passif? En nous interrogeant sur la possibilité fictive de l'arrivée d'une telle réglementation en Belgique, nous avons posé la question à Jacques Dumont, tabacologue à l'Hôpital Erasme. " C'est une question compliquée. Il n'existe pas vraiment d'étude qui donne des résultats sur le tabagisme passif dans les lieux aérés. Il n'y a donc pas d'affirmation concrète que la fumée serait nuisible pour la santé dans les lieux où l'air se renouvelle naturellement. En ce qui concerne les espaces fermés, il est clair et avéré que le tabagisme passif est nocif pour la santé. Par ailleurs, une telle interdiction pourrait être bénéfique dans les parcs pour enfants, puisque les plus petits souffrent de la fumée de cigarette, et peuvent développer des irritations aux yeux et des crises d'asthme", affirme le spécialiste du tabac.
Si le point positif le plus évident est que les fumeurs "sont moins incités à fumer en cas d'interdiction, et fument moins par conséquent", le tabacologue tient quand même à souligner les effets pervers de la prohibition du tabac. " Lorsqu'on interdit, les fumeurs se sentent davantage rejetés. Ce qui leur donne l'envie de fumer encore plus et n'importe où. S'il s'agit d'interdire aux gens de fumer une cigarette en se balladant dans un parc, cela va trop loin à mon sens", nuance-t-il. "Pour diminuer le nombre de fumeurs, il faut augmenter brutalement le prix du tabac, mais avec le risque que les personnes fumeuses s'appauvrissent. La question n'est pas simple", conclut-il.