Dans quelle tranche de salaire se situent les Belges les plus heureux?
Publié le 08-11-2018 à 06h30 - Mis à jour le 09-11-2018 à 11h46
Même si l'on sait que l'argent ne fait pas le bonheur, on pourrait croire que plus élevé est le salaire et plus heureux sommes-nous, mais il n'en est rien.
S'il faut en croire l'enquête nationale du Bonheur menée auprès de 3 770 personnes par l'UGent à l'initiative de l'assureur vie NN, notre bonheur atteint un pic lorsque notre revenu net normalisé (*) par personne se situe entre 4 000 et 4 500 euros par mois. C'est en effet ce qui ressort de la Carte du bonheur en Belgique, qui pointe également le fait que sept Belges sur dix ne sont pas satisfaits de leurs revenus actuels. Mais alors que 70% de nos compatriotes souhaitent avoir des revenus plus élevés, ils sont quand même 11% à ne pas (du tout) le désirer.
Si en général, les personnes qui ont des revenus élevés sont plus satisfaites de leurs revenus, de leurs relations sociales, de leur activité principale et de leur cadre de vie, cette satisfaction diminue chez celles qui ont des revenus encore plus élevés. Et cela, quels que soient leur âge, leur sexe, leur région, leur niveau de formation et leur santé physique. "Le désir permanent de gagner toujours plus d’argent combiné à des liens d’amitié moins forts rendent ce groupe moins heureux", constatent les auteurs.
Professeur en économie du bonheur, Lieven Annemans, titulaire de la chaire NN, confirme et explique: "bien que les revenus jouent un rôle important dans notre bonheur, le fait de gagner de plus en plus ne nous rend pas de plus en plus heureux. Si les Belges qui ont des revenus plus élevés sont moins satisfaits de leur revenus et de leurs cadre de vie, nous pouvons en conclure que le désir permanent de gagner plus a un impact négatif sur notre bonheur.»

Pour le professeur gantois, "si nous ne puisons du plaisir que dans les richesses matérielles, celui-ci n’est, dans tous les cas, que de courte durée. La sensation agréable que certains éprouvent lorsqu’ils achètent une nouvelle voiture coûteuse par exemple, s’estompe très rapidement. Souvent, nous observons aussi que les gens achètent des objets chers pour compenser le manque de vrai bonheur. Certains semblent en vouloir toujours plus, même lorsqu’ils possèdent déjà beaucoup. Du reste, nous constatons que dans les catégories de revenus plus élevés, la solitude a une incidence encore plus forte sur le bonheur".

Les dettes plombent
Entre autres observations, on apprendra de cette enquête que les Belges qui ont des dettes et sont inquiets à ce sujet – quel que soit le niveau de leurs revenus – ont 46% de chances en moins d’être heureux, alors que les personnes qui épargnent pour leur pension et disposent d’une assurance-vie (tiens tiens...) présentent 17% de chances en plus d’être heureuses. Pour rappel, l’équipe de Lieven Annemans prend toujours comme point de départ les domaines spécifiques de la vie qui définissent le bonheur des Belges, en l'occurrence, l'argent. Les résultats des précédentes enquêtes avaient notamment montré qu’aujourd’hui, les séniors belges sont en moyenne plus heureux que la génération Y, et que plus de la moitié des jeunes Belges de moins de 34 ans se sentent régulièrement seuls.
(*) Le revenu net normalisé par personne (aussi appelé le revenu disponible équivalent) est obtenu à partir du revenu net du ménage, divisé par le nombre de membres qui le composent. Le Belge a un revenu net normalisé de 1 716 euros en moyenne. Un cinquième des Belges (20,6%) a un revenu net normalisé qui est inférieur à 1 000 euros par mois.