Bien vieillir sans médicaments, c'est possible: "Bientôt 60 ans, alors que l’âge de mes artères est de 32 ans !"
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Publié le 05-01-2019 à 15h34 - Mis à jour le 05-01-2019 à 18h57
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Le cap de la soixantaine en passe d’être franchi, le Dr Christophe de Jaeger affiche, non sans fierté, l’âge de ses artères : 32 ans. Soit à peine plus de la moitié de son âge réel ou chronologique. Ou plus exactement : " Ma rigidité artérielle correspond à celle d’un homme de 32 ans. J’ai donc des artères beaucoup plus souples que ne le voudrait mon âge ", nous confie l’auteur de Bien vieillir sans médicament (Éd. Cherche Midi, 19 €).
" L’artère est un organe important parce qu’il mène aux maladies cardiovasculaires, qui sont la première cause de morbidité et mortalité dans nos pays industriels, poursuit le médecin, chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris. La caractéristique physiologique d’une artère est la souplesse. Une artère jeune est souple. Puis elle va se rigidifier tout au long de la vie, en fonction de la génétique, du mode de vie, de l’environnement… Une fois qu’elle aura atteint un certain degré de rigidité, elle va commencer à s’obstruer. Et lorsqu’elle se sera obstruée de plus de 80 %, elle va donner des symptômes. Et là, on va aller voir son médecin. Mais il y a un continuum de tout cela. Une personne qui a 50 ans peut avoir une rigidité artérielle que l’on va retrouver chez une personne de 70 ans. " En d’autres mots, cela signifie qu’à 50 ans d’âge chronologique, cette personne va en réalité porter le risque d’une personne de 70 ans.
Les mesures d’âge physiologique
C’est en effet ce que nous apportent les mesures d’âge physiologique à présent accessibles grâce à des techniques performantes auxquelles recourt, comme d’autres confrères, ce spécialiste qui préside la Société française de médecine et physiologie de la longévité. "Pouvoir objectiver l’état du corps qui ne tient pas compte de l’âge chronologique est un élément qui est nouveau et important. Car il existe une vraie dissociation entre âge chronologique et âge physiologique ", nous explique encore le professeur de physiologie médicale.
Un capital santé peut en effet aujourd’hui s’évaluer scientifiquement. C’est ce que l’on appelle l’âge physiologique. " Il est important d’avoir une vision objective de son capital santé, souligne-t-il, d’autant que celui-ci peut maintenant être mesuré grâce à des techniques scientifiques présentes dans des services de recherche capables d’évaluer nos systèmes cardiaque, vasculaire, respiratoire, cérébral, métabolique, osseux, neurologique, cutané, hormonal… Ces techniques sont capables de mesurer la rigidité artérielle, les vitesses de conduction cérébrale, la composition corporelle avec la masse grasse totale, la masse viscérale, la masse musculaire… Nous ne sommes pas juste dans des notions abstraites - manger mieux, bouger plus… - mais dans des choses scientifiquement mesurables."
Toute l’importance de la phase préventive
Tout cela va permettre d’obtenir une mesure relativement précise de ce qu’est l’individu. " Nous sommes des mosaïques, fait remarquer le Dr de Jaeger. Cela revient à dire que nous avons en nous des systèmes qui vieillissent bien et d’autres qui vieillissent moins bien. Et il s’agit de les identifier. "
Pour l’auteur de Bien vieillir sans médicaments, l’objectif du livre est simple : nous rendre compte que nous avons un capital santé - mesurable de manière objective - et que si l’on ne fait pas ce qu’il faut pour l’entretenir, il va se dégrader. Et cette dégradation va favoriser les maladies qui vont entraîner la prise de médicaments.
"Pourquoi je dis ‘bien vieillir sans médicaments’ ? Simplement parce que j’insiste sur la phase préventive. On sait que le vieillissement fait le lit de la maladie. Pour éviter cela, il faut agir en amont et donc arriver à gérer avec intelligence son capital santé, lequel se dégrade chez l’être humain à partir de 20 ans. C’est cette altération de nos différentes capacités de réparation qui va dégrader notre organisme et qui va faire le lit des maladies."
L’espérance de vie en bonne santé
Quelles sont les grandes étapes de la vie qui jalonnent cette inéluctable dégradation ? "Entre 20 et 30 ans, on se croit immortel, nous répond le Dr de Jaeger . On a de telles réserves que l’on ne sait pas ce que veut dire le vieillissement. Ensuite, entre 30 et 50, il y a ce que j’appelle le hold-up de la vie. C’est-à-dire qu’entre le métier, la famille, il y a nos vingt plus belles années qui disparaissent à toute vitesse. De 50 à 60 ans, c’est vraiment la période des tournants importants. Chez la femme, c’est la ménopause, le taux de sucre qui augmente mais on n’est pas diabétique, la tension artérielle qui monte mais on n’est pas hypertendue. On prend des kilos et on a du mal à les perdre. Chez l’homme, il ne faut pas croire que c’est aussi simple que ça. Car entre 20 et 50 ans, on perd 50 % de la testostérone circulante ! On est donc vraiment à un carrefour des changements.
Ensuite, il y a la période de 60 à 70 ans. On parle alors d’espérance de vie en bonne santé ; soit à partir de 63 ans pour les hommes et 65 pour les femmes. On rentre dans la phase de maladie. Entre 70 et 80 ans, le véritable enjeu, c’est la perte d’autonomie. "
Oui, on peut vieillir sans médicaments
À savoir si ce titre - quelque peu accrocheur - reflète la réalité. Ou plus exactement s’il est vraiment possible de vieillir sans médicaments, "la réponse est clairement oui, nous assure le médecin. Je suis né en 1959, j’approche des 60 ans. Je ne prends pas de médicaments, mais je corrige tous les déficits qu’il y a dans mon organisme à travers des correcteurs physiologiques pour répondre aux carences présentes. Il existe une multitude de substances qui sont en vente libre comme des vitamines, des oligo-éléments, de la mélatonine… Je ne les prends bien sûr pas au hasard, je prends juste ce qui est nécessaire pour moi afin de répondre aux carences de mon organisme. Je ne me dope pas, c’est une notion importante. Il ne faut pas doper le corps car on risque de l’abîmer. Il faut simplement faire comme pour une voiture ; regarder le niveau d’huile et, s’il en manque, en rajouter.
Ensuite, il y a l’activité physique qui est très importante ; je fais du sport à raison de deux heures trois fois par semaine. Si je ne le fais pas, je ne me sens pas bien. Et je lutte comme un beau diable contre les sucres et Dieu sait s’il y en a partout. Mais quand il y a une fête, je suis le premier à me prendre une part de gâteau au chocolat car lorsque le corps est habitué à une certaine discipline, eh bien il absorbe très bien certains excès ."
Extraits de l’ouvrage "Bien vieillir sans médicaments"
Votre âge chronologique est déterminé par votre date de naissance et n’évolue que dans un sens, toujours le même : il augmente. Il n’est que le reflet du temps qui passe. C’est un marqueur passif, un peu comme le compteur kilométrique de votre automobile. Il n’est pas corrélé avec votre état physiologique ni avec votre capital santé. Vous pouvez avoir 50 ans et être déjà malade (parfois sans le savoir), ou avoir 70 ans et être en pleine forme.
Votre âge physiologique , au contraire, correspond à une évaluation scientifique de vos systèmes physiologiques. Il permet ainsi de mettre en évidence leur dégradation au cours du vieillissement ou leur amélioration, autorisant à valider scientifiquement, au-delà de votre ressenti, l’efficacité concrète ou non de vos actions. […] Au-delà du simple constat de votre état, cette mesure est très instructive à plus d’un titre. Elle va permettre, si vous la renouvelez, par exemple, tous les ans, de voir comment vous évoluez physiologiquement. Vous pouvez vieillir comme tout le monde, mais également plus vite ou plus lentement. Or, plus votre âge physiologique dépasse votre âge chronologique, plus vous vieillissez vite. Mais la bonne nouvelle, c’est que vous pouvez également inverser la tendance.
Attention , on voit apparaître sur Internet des "compteurs d’âge physiologique" qui sont censés indiquer votre âge physiologique ou votre âge "réel" à partir de quelques questions. Cela n’est évidemment pas sérieux.