Et s'il existait un médicament contre la maladie d'amour?
Publié le 16-02-2019 à 09h58 - Mis à jour le 16-02-2019 à 10h46
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" Elle court, elle court, la maladie d'amour", chantait Michel Sardou pour désigner ce chagrin qui nous dévaste quand l'être aimé nous quitte. Et si il existait un bouton "stop" pour oublier ce mal qui nous ronge jusqu'au bout de l'âme? Peut-on faire plus qu'en rêver? Peut-être bien. En tous cas, une thérapie très sérieuse, développée par un chercheur canadien, permettrait de soulager le malade des effets du "chagrin d'amour". Son nom? Le Propranolol, un médicament qui tient le surnom de "pilule de l'oubli", qui permettrait d'atténuer l'intensité négative d'un souvenir. Des médecins français sont actuellement formés pour importer cette thérapie destinée à soigner les coeurs brisés. Chez nos confrères du Parisien, plusieurs personnes l'ayant testé témoignent. Ainsi, Max, 55 ans, s'exclame: " Ce médoc m'a sauvé la vie." Quant à Anne, une Française de 55 ans dévastée par un divorce qui l'affectait physiquement et moralement, elle est aujourd'hui guérie grâce à cette petite pilule.
D'où sort-elle?
À l'origine, ce médicament a été administré aux victimes des attentats, notamment ceux du 13 novembre 2015. 360 personnes souffrant de stress post-traumatique ont suivi un protocole innovant, qui a eu des effets probants. Face au succès du "cachet magique", le psychiatre et chercheur canadien Alain Brunet, à la tête de cette invention, a décidé d'élargir son projet aux ruptures amoureuses. "Le chagrin d’amour, cela a l’air léger. Et pour cause, il ne présente pas de menace vitale. Mais si certaines personnes réagissent bien, pour d’autres, le sol se dérobe sous leurs pieds. Il peut alors engendrer un trouble de l’adaptation, au même titre que le stress post-traumatique. Ce sont des pensées répétitives, une envie dévorante de pleurer, des nausées, de la détresse. C’est à ces patients que la thérapie s’adresse", explique le docteur Brunet à nos confrères du Parisien.
Que se passe-t-il concrètement?
Le patient qui intègre la thérapie du docteur Brunet est invité à avaler le comprimé, puis à écrire son souvenir traumatisant. Une heure plus tard, il le lit. Preuve que le médicament se met à agir, le traumatisme perd en intensité au moment de la lecture du récit. Il est bien présent dans la mémoire, mais devient un souvenir supportable.
Pour Anne, ce fut une révélation. En 1991, elle a épousé le père de ses trois enfants. 25 ans plus tard, c'est le divorce. L'impact psychologique est important, et la femme de 55 ans perd pied. "Le jour, je gardais mon côté rationnel mais la nuit, je faisais sans cesse des cauchemars horribles. La fatigue s’accumulait, je limitais mes sorties au strict minimum, je sursautais. J’étais comme sidérée", explique-t-elle à nos confrères. Puis un jour elle se rend à l'hôpital de Montréal. Le diagnostic tombe: elle souffre de stress post-traumatique. Anne intègre donc le programme d'Alain Brunet et remonte progressivement la pente. D'abord sept séances intenses et parfois difficiles, puis seize semaines de stabilisation. Son ressenti? "La blessure reste, dit-elle, mais son impact est moins fort. Je ne rumine plus, j’avance."