Sommeil, hygiène, alimentation, sexualité... Les bons conseils du Dr Saldmann pour optimiser son capital santé

De passage à Bruxelles, le Dr Saldmann est venu présenter son dernier livre (Vital!, Editions Albin Michel, 19,90 €) et parler des dernières découvertes sur lesquelles reposent toutes les recommandations faites dans cet ouvrage. Rencontre avec ce médecin reconnu comme le "spécialiste de l'optimisation de notre capital santé".

Quoi de neuf Docteur Saldmann, dans ce dernier ouvrage intitulé "Vital!", après les succès retentissants (plus de trois millions de lecteurs) de "Le meilleur médicament, c'est vous!", "Prenez votre santé en main!" ou encore "Votre santé sans risque"?

En fait, j'écris un livre dès qu'il y a de nouvelles découvertes. Par exemple, dans le cas présent, sur un sujet qui me passionne: le jeûne. On en parle beaucoup mais, quel est le jeûne le plus efficace? Je me suis beaucoup intéressé au jeûne séquentiel. Nous connaissons enfin la durée pendant laquelle il est le plus indiqué d'arrêter de manger, tout en continuant à bien s'hydrater avec de l'eau, du thé, des tisanes sans sucre et sans édulcorant. C'est 14 heures.

Pourquoi cette durée de 14 heures de jeûne est-elle la bonne?

Parce que c'est la durée à laquelle correspondent une baisse de la CRP, c'est-à-dire une protéine qui joue un rôle important dans les réactions inflammatoires, de la pression artérielle, du sucre et des graisses dans le sang… C'est donc à ce moment que l'on va bénéficier au maximum des effets du jeûne. Comme, à chaque seconde, nous produisons 20 millions de cellules pour remplacer nos cellules usées ou mortes, le risque d'erreur de copies augmente de façon significative avec l'âge. Et donc, quand on jeûne, on renforce son ADN, on fait moins d'erreurs de copies, moins de cancers, moins de rhumatisme, moins d'allergies, moins d'asthme… Le teint est plus clair. En fait, on lutte contre son obsolescence programmée. On laisse au corps le temps de se régénérer, de se réparer.

Aujourd'hui, dites-vous, on vit dans un monde où c'est "un symptôme, vite un médicament…"

En effet, on a mal à la tête, vite un antidouleur; on n'arrive pas à dormir, un somnifère; on est triste, un antidépresseur; on a faim, tout de suite il faut manger. Mais on a découvert que, quand on a faim, on sécrète de la ghréline, qui est l'hormone de l'appétit, mais qui stimule aussi l'autophagie, en d'autres mots le système de "détox express" du corps, ou de purification de l'intérieur pour éliminer nos cellules mal formées, malades ou mortes qui déclenchent des maladies. Et donc, lorsque l'on a faim, on stimule par l'autophagie, ce système de nettoyage et, en plus, on augmente la sécrétion de l'hormone de croissance, qui est une hormone anti-vieillissement. Autrement dit: la faim fait du bien.

Alors, concrètement comment se comporter?

D'abord, se mettre à table seulement quand on a faim. Deux repas par jour, c'est mieux que trois. Il faut donc guetter la faim. Et, dès qu'elle est là, attendre une vingtaine de minutes car elle nous fait du bien. Puis, comme les Japonais, sortir de table en ayant encore faim. Ils cultivent leur faim et c'est le pays qui détient le record de longévité. Ce jeûne séquentiel de 14 heures devrait se faire tous les jours. Hier, par exemple, j'ai terminé de dîner à 21h30 et je vais déjeuner à 13 heures. Au petit-déjeuner, j'ai bu du thé vert et puis du café sans sucre.

Bien s'hydrater est important, on ne le répétera jamais assez…

Certainement. Souvent, on pense que le coup de pompe est dû à la faim, et qu'il faut donc manger, mais en fait, c'est souvent la déshydratation qui est en cause. Si on peut maîtriser sa faim, boire deux grands verres d'eau glacée avant de commencer le repas a un effet coupe-faim parce que l'on anesthésie le nerf vagal postérieur qui est un peu le nerf de la faim.

Le premier chapitre de votre livre est consacré à l'hygiène. C'est la base d'une bonne santé?

Il y a en effet encore beaucoup à apprendre sur les règles d'hygiène. Dans le livre, on évoque notamment deux nouvelles études, que j'ai conduites avec mes collègues de l'Institut Pasteur de Lille. Nous avons observé que les paillassons ne sont jamais lavés. Ce sont de vrais aéroports à microbes. Il vaut mieux passer à côté que dessus en se frottant bien les pieds, car on contamine ses semelles de chaussures. D'où l'importance d'enlever celles-ci dès que l'on rentre à la maison. Une autre étude a montré que, quand on passe aux toilettes, le bouton correspondant à la petite chasse d'eau est beaucoup moins contaminé que le gros, parce que beaucoup moins utilisé.

Un autre conseil d'hygiène est de se brosser les ongles tous les soirs car c'est un véritable nid à bactéries, qui peuvent contaminer la bouche, quand on y porte les doigts, ou le vagin. Toujours dans le registre de l'hygiène, remiser dans les armoires des vêtements qui n'ont pas été lavés, utiliser un gant de toilette plusieurs fois d'affilée sans le laver alors que c'est à usage unique ou garder une brosse à dents alors qu'on a été malade ne sont pas de bonnes idées, car les germes ont tout le temps de se multiplier. Il existe énormément de petits gestes quotidiens qui sont des erreurs et font que l'on tombe plus souvent malade.

A force de tout le temps réfléchir à ces bons gestes au niveau de l'hygiène, ne risque-t-on pas de tomber dans les TOC (troubles obsessionnels compulsifs)?

Je ne pense pas. Ce sont des réflexes à acquérir qui font que l'on est moins souvent malade. Cela dit, il est vrai qu'au niveau de l'enfance, être confronté à ces bactéries renforce le système immunitaire et donc protège en quelque sorte. Le bébé ne doit effectivement pas vivre dans une bulle. On sait que les enfants qui sont en contact très tôt avec des animaux domestiques font par exemple moins d'allergies. En revanche, plus on avance en âge, plus notre système immunitaire s'affaiblit. Et donc plus ces gestes sont importants.

Quelles sont les plus grosses erreurs de comportement que commet la majorité des gens au niveau de l'alimentation?

Dans nos pays, je dirais que c'est avant tout le fait de trop manger. Il faut savoir que 30% de calories en moins, c'est 20 % de vie en plus. Manger trop n'est pas bon tout comme manger trop souvent. Sinon, il y a tous les petits gestes quotidiens: éplucher une pomme pour se débarrasser de 90 % des pesticides, tout comme - pour cette même raison - il ne faut pas laisser infuser des zestes de citron dans le thé. Manger 3 cm de croûte brûlée, c'est comme fumer 250 cigarettes. Congeler des poissons crus ou du steak tartare avant de les consommer permet d'éliminer un petit ver qui peut donner des perforations intestinales.

Et que dire des bonnes règles d'hygiène en matière de sommeil?

La durée idéale est de 7 ou 8 heures. Plus ou moins, ce n'est pas bon. Si on fait moins de 150 minutes d'exercice par semaine et si l'on dort plus de 9 heures par nuit, on multiplie par 4 le risque de mort subite. Dormir moins de 7 heures affaiblit le système immunitaire. Mais c'est aussi la qualité du sommeil qui est importante. Il faut le noir pour bien dormir. Même une petite diode lumineuse perturbe la qualité. Dormir nu pour être le plus frais possible dans la chambre est aussi recommandé. Et s'offrir une grasse matinée le week-end pour récupérer les heures manquantes pendant la semaine.

Une sexualité épanouie ajoute des années à la vie! C'est vrai, ça?

Oui, c'est prouvé par deux larges études menées en Grande-Bretagne : avoir douze rapports sexuels par mois augmente de huit à dix ans l'espérance de vie, que ce soit pour l'homme ou pour la femme! Au rayon nouveautés en matière de sexualité, on a découvert que le déclenchement de la sexualité, de l'envie peut être stimulé davantage. Quand on avance en âge, la libido peut diminuer. Il faut être vigilant par rapport à ces baisses de désir, parfois dues à une certaine monotonie liée à la répétition, et savoir qu'on peut relancer la libido. Et ça, c'est important. Les voies de relance de la libido dépendent du cerveau érotique, qui est propre à chaque individu. Si on ne veut pas changer de partenaire, il faut trouver en soi d'autres sources ou voies d'excitation. Il existe des points anatomiques qui vont déclencher une réaction physiologique et plein de petites choses dans le corps qui peuvent, d'un seul coup, augmenter la puissance du cerveau érotique. De même, pour maîtriser l'éjaculation, il existe aussi des astuces…

Enfin, quelle est l'erreur la plus fréquemment commise au niveau du mental?

La plus grosse erreur est de ne pas s'en servir. Le cerveau, c'est comme un muscle. Trois semaines de vacances sans le faire "fonctionner" peut faire perdre 20 points de quotient intellectuel. Contrairement à ce que l'on a longtemps penser, on peut augmenter son nombre de neurones, à condition de se mettre un peu "en danger" tout le temps, de trouver une activité qui fait un peu monter l'adrénaline. C'est-à-dire apprendre des choses qu'on ne connaît pas comme un instrument de musique, une langue étrangère… Changer de restaurant, ne pas toujours aller au même endroit en vacances, rencontrer des gens nouveaux… de cette façon, on va former des nouvelles zones dans le cerveau et c'est ce qui fait qu'on ne vieillit pas cérébralement. Une étude vient de montrer que l'apparition de la maladie d'Alzheimer pouvait être liée à une retraite précoce.

Comment avez-vous vérifié toutes les recommandations que vous prônez dans vos ouvrages?

Quand j'écris un livre, je teste tout à titre personnel pour voir si c'est faisable. Parfois, je trouve des trucs formidables mais non faisables, parce que trop anxiogènes et je laisse tomber. Je ne parle d'un conseil que s'il est utile, simple et efficace. Je suis le cobaye de mes livres. Résultat: je suis mon premier patient.

A titre personnel, arrivez-vous à mettre en pratique tous les bons conseils que vous prônez?

Je fais du sport tous les jours. Côté sexualité, ça fonctionne bien: j'ai six enfants avec trois mamans. Qu'est-ce que je fais de mal? (Il cherche les failles…) Je suis très gourmand, j'adore les bonnes choses et j'avoue que je peux me laisser partir sur un taudis calorique...