Deux Belges détaillent l'arme secrète des plantes pour dégoûter les herbivores

Les plantes utilisent le silicium, sous forme d'incrustation dans leurs tiges ou feuilles, pour se défendre des herbivores, qui s'y cassent les dents. Comme le montre une étude réalisées par deux scientifiques de Gembloux Agro-Bio Tech, c’est le cas sur les sols appauvris, ce qui a des implications en agriculture.

Deux Belges détaillent l'arme secrète des plantes pour dégoûter les herbivores
©Montage DR

Indispensable à nos vies quotidiennes pour son usage dans nos GSM, le silicium est l’élément chimique le plus abondant sur terre après l’oxygène. Mais il joue bien d’autres rôles dans l’environnement, dont certains très étonnants, comme le montre une étude menée par deux chercheurs belges et parue dans Science. Un rôle parmi d’autres ? Sur la côte sud-ouest australienne, le silicium est sans doute l’arme secrète des plantes contre les kangourous, principal herbivore du coin.
“Il y a un paradoxe", entame Félix de Tombeur, assistant de recherche à Gembloux Agro-Bio Tech – ULiège et premier auteur de l’étude, que La Libre a lue en primeur. "Le silicium est considéré aujourd’hui comme non-essentiel à la croissance des plantes, contrairement à des nutriments comme l’azote, le phosphore ou le potassium… Pourtant, certaines plantes, herbacées ou non, peuvent avoir dans leurs tissus des concentrations très importantes de silicium, souvent supérieures aux nutriments essentiels.” Particularité : ce silicium va précipiter (se solidifier, en quelque sorte) sous forme minérale en “phytolithes” (mot formé sur “plante” et “roche” en grec) à l’intérieur des cellules ou sur les parois cellulaires. “Il faut vraiment s’imaginer cela comme un grain de sable, un minéral dur, que la plante va utiliser pour lutter contre l’herbivorerie et les insectes ravageurs.” En clair, les plantes utilisent le silicium pour empêcher que les herbivores ne les mangent. “C’est une défense efficace contre les herbivores, on s’en doute depuis le début du XXe siècle mais cela a été démontré dans les années 80. L’herbivore arrive sur la feuille, la racine ou la tige, et va rencontrer ces minéraux durs, sur lesquels il va vraiment se casser les dents. Cela diminue la palatabilité de la plante. Et il y a aussi une diminution de la digestibilité quand c’est ingéré.” Dans les écosystèmes naturels, 20 % de la biomasse produite annuellement sur Terre finit en effet dans l’estomac des herbivores : “Les plantes se débrouillent pour développer des stratégies pour limiter ces pertes au maximum car cela leur fait perdre des nutriments, ralentit leur cycle de croissance etc. Et le silicium fait partie de ces stratégies.”

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