Thales Belgique participera à l’aventure vers la Lune
Le programme américain Artemis, du nom de la sœur d’Apollo, comprend un volet de retour sur la surface de la Lune, avec un atterrisseur habité, afin de faire alunir la première femme et le prochain homme sur la Lune.
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- Publié le 15-11-2020 à 09h13
- Mis à jour le 21-11-2020 à 23h25
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"L’autre grande partie, c’est le Gateway, une petite station orbitale, à peu près un cinquième du volume de la station spatiale internationale, qui sera en orbite lunaire et a plusieurs vocations, détaille Xavier Roser, responsable de l’exploration et de la science chez Thales Alenia Space (TAS). Le Gateway, c’est une sorte de port spatial. Les astronautes utiliseront le vaisseau Orion pour aller entre la Terre et le Gateway et revenir. Il y aura aussi les cargos de ravitaillement. Ce sera aussi un port pour les véhicules qui feront la liaison pour le Gateway à la surface de la Lune, qui seront les atterrisseurs. Et cela dans un premier temps, la décennie 2020-2030, avec le retour sur la Lune - il y a aura certainement des constructions d’infrastructures pour avoir des habitats permanents dans un deuxième temps. La deuxième mission du Gateway, c’est de préparer ce qui pourrait être un vaisseau pour emmener un équipage vers Mars plus tard, et servir là aussi de port, et d’atelier de construction pour assembler le véhicule martien : différents modules pressurisés assemblés avec des modules de propulsion. Donc le port spatial Gateway permet l’accès vers la Lune puis, plus tard, de préparer les technologies pour les missions vers Mars et il permet de tester les concepts de vols habités lointains."
L’Esa (l’agence spatiale européenne) a pris la responsabilité de deux modules dans ce Gateway. Ceux-ci seront tous les deux construits par la société Thales Alenia Space qui a remporté un appel d’offres. Le premier est le I-hab, un module d’habitation à vocation d’usage international pour les astronautes. "L’une des contraintes, c’est de fournir un maximum de fonctions pour un volume qui est plus petit que la station spatiale internationale (ISS). On va essayer de leur apporter un confort qui est similaire en termes d’infrastructures, de capacité d’entraînement sportif… Mais dans un environnement plus compact. Il y a un travail sur l’aménagement, des choses qui peuvent se déployer, se ranger, notamment pour les équipements sportifs. Ceux-ci sont nécessaires pour les séjours longs sur la station, mais prennent beaucoup de place."
Station-service spatiale
Le deuxième est Esprit, qui comporte deux éléments dont un système de communication. "Il sera embarqué sur le premier module d’habitation, américain, (Halo), continue Xavier Roser. I l servira à faire le relais des communications (transfert de données : télémétrie, voix, vidéos…) entre le Gateway et les véhicules à la surface de la Lune ou ceux qui sont en train de voler entre la Lune et le Gateway. Le deuxième module Esprit sera une sorte de station-service spatiale. Il assure le ravitaillement de la station en carburant, ce sera un point de tanker attaché au module de service (puissance, manœuvres orbitales...) américain. […] C’est intéressant pour l’avenir de l’exploration ; le ravitaillement et le transport de carburant sont une technologie clé car l’ambition de l’exploration, c’est d’avoir des véhicules plus pérennes." Ce module pourrait ravitailler les véhicules en tout ou partie réutilisables qui feront la navette entre la Gateway et plus tard, entre Mars et la Gateway.
Deux équipements belges
Parmi les diverses implantations de TAS en Europe, la branche belge (localisée principalement à Charleroi, mais aussi à Hasselt et Leuven) participera elle aussi à cette aventure lunaire, avec deux équipements dans le module Esprit. Habituellement, "nous fournissons surtout de l’électronique embarquée sur des satellites et des lanceurs, principalement pour délivrer de la puissance vers les utilisateurs (comme ici un module spatial) et puis tout ce qui est électronique haute tension (6 à 9 000 volts), détaille Bruno Divry, le directeur Stratégie de TAS en Belgique. Pour Esprit, on fournira des ‘TWTA’, des amplificateurs destinés aux ondes progressives. Cela permet de faire la communication entre le Gateway - le module Esprit - et la partie lunaire. Le deuxième équipement, le RDIU, est une unité avec plein d’interfaces différentes : elle monitore et contrôle le réchauffage de certains endroits du module (NdlR, Halo), pilote le déploiement des antennes…"
Calendrier serré
Thales Alenia Space travaille toujours dans les délais initiaux, avec un assemblage de la station dans l’espace à partir de 2024 . Elle considère d’ailleurs ce calendrier serré comme l’un des défis principaux de sa participation à ce programme. Le premier module de communication doit ainsi être livré fin 2022-début 2023, le premier module de service de la station devant être lancé fin 2023. "Comme le module de communication doit aussi faire le relais avec la surface de la Lune, il doit être opérationnel avant les landers lunaires", souligne Xavier Roser. Ensuite, l’habitat est prévu pour 2025, et le module Esprit avec la partie "ravitaillement" pour 2027. D’autres défis ? L’environnement - l’espace profond - est plus ardu que celui de la station spatiale internationale. En termes de radiations, mais aussi de micrométéorites. "Il y a un travail sur les modules pour assurer les blindages, et on essaie aussi d’avoir un maximum de matière entre l’espace et les astronautes, détaille Xavier Roser. Il y a aussi des enjeux de masse, par rapport à l’ISS. Entre l’orbite basse et l’orbite lunaire, c’est à peu près trois fois moins de masse pour le même type de lanceur. Il y a donc un effort d’optimisation et d’innovation." Il faut miniaturiser pour condenser un maximum de fonctionnalités en un minimum de masse.