Ce mercredi soir, la Chine ramène sur Terre deux kilos de roches lunaires : une première depuis 44 ans
La télévision chinoise CCTV a décrit Chang’e 5 comme l’une des opérations “les plus compliquées et les plus délicates” du programme spatial national.
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Publié le 16-12-2020 à 09h09 - Mis à jour le 17-12-2020 à 09h23
Ce mercredi, la Chine a ramené sur Terre les premiers échantillons de sol lunaire depuis 44 ans. Avec le retour de la sonde sur notre planète, la Chine devient le troisième pays à en rapporter des échantillons, après les États-Unis (les missions Apollo, de 1969 à 1972) et l’ex-URSS de 1970 à 1976.
La sonde Chang’e 5, après avoir été lancée le 24 novembre, était arrivée le 1er décembre sur l’astre lunaire, avec pour mission de rapporter environ 2 kilos de roches en perçant le sol jusqu’à deux mètres de profondeur, puis en chargeant ses échantillons dans un conteneur spécial. La mission a “aluni” dans une zone jamais explorée, l’océan des Tempêtes, vaste plaine de lave. Le module Chang’e 5 était composé de quatre parties : un orbiteur (qui reste en orbite lunaire), un alunisseur (qui s’est posé sur la Lune), un module de remontée (du sol vers l’orbite lunaire) et une capsule de retour (vers la Terre).
La sonde se trouvait sur la “face cachée de la Lune”, ont précisé les médias officiels, lieu que la Chine avait déjà réussi à atteindre avec la mission Chang’e 4 (2019). Mais Chang’e 5 contenait des premières marquantes : tout d’abord, c’était la première fois que Pékin faisait décoller un engin d’un corps extraterrestre. Et avec le module de remontée s’amarrant ensuite à l’orbiteur, c’était la première fois de l’histoire qu’une telle opération se faisait automatiquement en orbite lunaire, selon l’agence spatiale chinoise. Les roches, d’abord placées dans le module de remontée, ont été transvasées dans une capsule de rentrée attachée à l’orbiteur, qui emmène cette capsule vers la Terre.
“Un exploit extraordinaire”
La télévision chinoise CCTV a décrit Chang’e 5 comme l’une des opérations “les plus compliquées et les plus délicates” du programme spatial national. “Une telle mission est difficile, reste un vrai challenge, confirme l’ingénieur belge Vladimir Pletser, qui après sa carrière à l’Agence spatiale européenne a travaillé deux ans au au Centre de technologies et d’ingénierie pour l’utilisation spatiale, dépendant de l’Académie chinoise des Sciences et qui travaille aux missions habitées chinoises. Toutes les étapes d’une mission allant sur un corps extraterrestre comportent en fait un challenge spécifique, y compris le retour. La difficulté de retourner sur Terre est la même que d’arriver sur la Lune. Et c’est là la force de la Chine actuellement, c’est d’avoir démontré qu’elle a pu maîtriser chacune de ces étapes. C’est un exploit extraordinaire que les Chinois sont en train de réaliser.”
Le retour des roches sur Terre est intervenu le 17 décembre tôt le matin heure de Pékin (en début de soirée le 16 décembre, heure belge), en Mongolie intérieure. “Les scientifiques chinois et ceux d’autres pays auront tous l’opportunité d’obtenir, pour la recherche, les échantillons lunaires ramenés par Chang’e 5”, a indiqué Pei Zhaoyu, directeur adjoint de l’organisme chargé de l’exploration lunaire. “La Lune n’est pas très loin, mais on ne la connaît pas encore assez bien. On n’a pas une idée complète de comment elle s’est formée, d’où elle vient…, précise Vladimir Pletser. Les missions Apollo ont ramené quelques centaines de kilos d’échantillons, qui ont été analysés mais ce serait comme poser une sonde sur Terre dans le désert du Sahara, les ramener ailleurs et dire que la Terre, ce n’est que du sable. Ici, aller chercher des échantillons de sol autre part que les Américains et les Russes, c’est excessivement intéressant d’un point de vue scientifique. Mais il y a aussi des objectifs politique et technologique à cette mission”. À l’instar des pandas chinois, ces échantillons bientôt sur Terre constituent aussi une monnaie d’échange diplomatique : la Chine, “qui veut s’affirmer comme puissance spatiale de rang mondial” pourra, comme les Américains, l’ont fait avec les échantillons d’Apollo proposer aux pays amis politiques de la Chine et à leurs chercheurs d’étudier la précieuse charge. Laissant de côté les autres…