À quoi ressemblaient les personnes à l’époque romaine ?
Première en Belgique : une équipe scientifique est parvenue à reconstituer le visage de personnes ayant vécu à l’époque romaine sur base de restes de corps découverts à Tongres.
Publié le 28-03-2021 à 14h22 - Mis à jour le 28-03-2021 à 14h23
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L’occasion est trop belle de vous rappeler tout d’abord que les musées, malgré le serrage de vis de mercredi, restent toujours accessibles - sur réservation bien sûr et selon un protocole sanitaire précis - et ensuite que parmi les grandes expositions de ce début d’année, plusieurs ont trait à nos "ancêtres" : les Mérovingiens à Mariemont, Tournai et Mons ; les Celtes à Arlon avec la présentation des plus belles pièces funéraires du musée des Celtes de Libramont. L’Espace gallo-romain d’Ath présente une exposition sur les pierres de construction et de sculpture en collaboration avec le musée de la Pierre de Maffles, tandis que le Préhistomuseum, l’Archéosite d’Aubechies et l’Archéoparc de la Malagne vous ramènent à l’époque comme si vous y viviez.
Au musée gallo-romain de Tongres, la grande exposition consiste en un face-à-face avec les Romains sur base des chefs-d’œuvre du British Museum que nous avons déjà évoqués en ces colonnes.
C’est dans cette ancienne bonne ville principautaire qu’est venue la nouvelle de la semaine : une mystérieuse tombe de l’époque romaine y a livré ses secrets. Tout remonte à 2013 quand des fouilles menées à Tongres mettent au jour un champ funéraire datant du début de notre ère. Une tombe a particulièrement retenu l’attention des scientifiques : la dernière demeure d’un homme adulte et de deux enfants, enterrés ensemble. D’après les tests ADN, les enfants étaient frère et sœur, mais l’homme n’était pas de leur famille. Le bon état de conservation des restes crâniens et les résultats du test ADN ont permis de reconstituer les visages. Le résultat sera exposé dans le hall d’entrée du Musée gallo-romain à partir du 1er mai.
Des tests ADN très instructifs
L’analyse de cette tombe s’inscrit dans le cadre d’une étude synthétique plus vaste menée par le Vlaams Erfgoed Centrum (VEC), sous la direction de Henk van der Velde. L’objectif ? Découvrir l’origine des premières générations d’habitants de Tongres. Le projet bénéficie du soutien du gouvernement flamand et l’université de Harvard (États-Unis) a également apporté une contribution financière au projet. Les résultats définitifs seront dévoilés en septembre 2021.
Pour Henk van der Velde, le scientifique du Vlaams Erfgoed Centrum, l’émotion de la découverte fut très forte : "Quand nous avons découvert cette tombe, celle d’un homme et de deux enfants, nous avons vécu un moment historique, qui nous a poussés à entreprendre cette étude. Le résultat est sans précédent."
En 2013, ces fouilles menées à hauteur de la Beukenbergweg de Tongres ont permis aux archéologues de découvrir pas moins de 15 tombes contenant les restes osseux de 17 personnes : 12 adultes (11 hommes et 1 femme) et 5 enfants (dont 1 fœtus). D’après la datation au carbone 14, le champ funéraire date de peu après la fondation de Tongres (aux environs de l’an 10 av. J.-C.).
Des tests ADN menés sur les trois occupants de la tombe la plus singulière, il a aussi été permis d’établir l’origine génétique des trois individus : le Nord de la France ou la Belgique. L’homme et les enfants (ou leurs ancêtres) seraient donc originaires de la région. L’étude des dents a permis de déduire qu’ils sont nés et ont grandi dans les environs de Tongres. Autre révélation par les tests ADN, la couleur de leurs yeux, de leur peau et de leurs cheveux. Les crânes étaient exceptionnellement bien conservés et très complets. Les résultats des tests ADN étaient étonnants. Les dépouilles ont été découvertes dans la même tombe. Autant d’éléments qui ont poussé les scientifiques à procéder à une reconstruction des visages de l’homme et du jeune garçon. Cela ne fut pas possible pour la petite fille.
Pour reconstituer les visages, les spécialistes ont utilisé une impression 3D des crânes. Ils y ont ensuite indiqué l’épaisseur des tissus à l’aide d’épingles de la bonne longueur.
La datation de l’ensemble de squelettes découverts à Tongres s’échelonne du début de notre ère au IVe siècle apr. J.-C. Chaque période de Tongres à l’époque romaine est donc représentée.
