Pour la première fois, un Européen va voler sur le Crew Dragon, ce véhicule futuriste à l'allure hollywoodienne
Ce vendredi, l'astronaute français Thomas Pesquet rejoint la station spatiale internationale pour six mois. Il sera le premier Européen à emprunter le nouveau véhicule futuriste de SpaceX, le Crew Dragon, pour s'y rendre.
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- Publié le 22-04-2021 à 19h25
- Mis à jour le 23-04-2021 à 17h18
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En 2020, SpaceX est devenue la première entreprise privée à envoyer avec succès une équipe à bord de la station spatiale internationale, redonnant aux Américains cette capacité pour la première fois depuis la fin du programme de navettes spatiales. Ce jeudi, ce ne sera que le deuxième décollage opérationnel d’un équipage, après un premier test réussi en mai. Et l’astronaute Thomas Pesquet sera le premier Européen à tester ce véhicule futuriste, "flambant neuf" et "de pointe" qu’est le Crew Dragon : "On sent la volonté pour, premièrement, que ce soit sûr, deuxièmement, que ça fonctionne bien et, troisièmement, que ce soit joli, confiait-il au Monde. Il y a un parti pris pour des lignes épurées, du noir et blanc, des scaphandres futuristes… Ce sont d’ailleurs des costumiers d’Hollywood qui ont conçu le style des scaphandres." Outre ce pressure suit étudié pour se connecter au siège via un "cordon ombilical", qui lui fournit l’air pour rafraîchir la combi, du gaz en cas de dépressurisation ou les communications, le plus marquant est la série d’écrans plats et tactiles qui remplacent en grande partie les "gros boutons" du Soyouz, dont la première version remonte à 1967. Soyouz où les occupants doivent rester assis attachés plusieurs heures, avec les talo ns quasi sous les fesses… "Le Dragon est plus confortable, se réjouit Thomas Pesquet . Je vais être capable d’étendre mes jambes. Rien que pour cela, je suis reconnaissant à Space X !"
"Une conscience de la situation incroyable"
Par rapport au vaisseau russe Soyouz, "en termes de système, c’est plus moderne, c’est plus automatisé, les représentations de l’information pour l’équipage sont vraiment superconfortables . On n’est pas obligés d’interpréter plein d’indicateurs analogiques. C’est un peu comme la différence entre la navigation avec son GPS et la navigation à l’estime (méthode traditionnelle, qui mesure le cap, la vitesse et le temps, NdlR)", expliquait cet ancien pilote de ligne lundi, lors d’une dernière visioconférence avec la presse européenne. Le côté "automatisé" du Dragon ne l’effraye pas. "Je ne vois aucun problème à cela. Tout est de plus en plus automatisé, on ne peut pas y échapper ! Votre téléphone, c’est juste une boîte d’automatisation. Votre voiture est de plus en plus automatisée, les avions… Cela augmente même la sécurité de manière générale. Pour nous, cela signifie devoir faire moins d’actions, en situation nominale. - En situation non-nominale, vous devez évidemment agir. Pour nous, cela veut dire que nous avons moins de choses à faire, nous sommes disponibles pour gérer la situation. La conscience de la situation est incroyable : vous avez ces écrans immenses qui montrent tout ce qui est en train de se passer, à tout moment. Les priorités d’informations sont déjà pré-analysées par le système. Le Soyouz est incroyablement fiable, mais vous devez donner sens à toutes les infos dispersées sur le tableau de bord… C’est pour cela que l’entraînement était beaucoup plus long."
Il assure : "On est prêt. Il n’y a pas grand-chose qui est inconnu. Il n’y a pas deux cents vols et sans un sol problème comme avec le Soyouz, mais on ne s’attend pas à de grosses surprises."
Le déroulement de cet entraînement fut cependant similaire à celui du Soyouz, expliquait-il en mars : "Vous commencez par la théorie, et puis vous apprenez quoi faire quand tout va bien, jusqu’aux scénarios cauchemars : le sauvetage d’urgence, le feu, de la fumée... Ou que vous échouez dans l’océan et personne n’est là pour venir vous chercher : des choses qui ne se passent pas dans la vie réelle ! Du plus basique au plus compliqué…Le but est que, lors du décollage, on soit dans un environnement connu, et avec un système familier, pour que le niveau de stress soit minimal."
"Comme au simulateur"
Dimanche, l’astronaute européen a pu tester la capsule. "À l’heure exacte du décollage, on est montés en haut de la fusée, à 70 m. On était dans nos scaphandres, dans la fusée. La seule chose qui manquait, c’était le carburant. À part cela, tout était réel ; pourtant, on se croyait au simulateur. Avec mes collègues, on y a répété des dizaines de fois. Tout était donc familier.Quand je regardais les écrans, la capsule, le sas qui était fermé, cela me rappelait exactement ce qu’on a vécu au simulateur…" Au sujet d’une éventuelle appréhension à voler sur un vaisseau encore peu utilisé, il s’amuse : "Un grand débat fait rage au sein des astronautes et qui n’est pas encore tranché. Il y en a qui disent : ‘Si ça n’a jamais volé et que c’est neuf, c’est plus sûr !’ Et d’autres, que si ça a déjà volé, et que cela s’est bien passé, c’est que le système fonctionne bien, et qu’il n’y a pas de raison que cela se passe mal la deuxième fois ! Moi, je suis plutôt optimiste. Dans ce métier, si tu te concentres sur les choses qui peuvent mal se passer, tu as tendance à ne pas très bien dormir la nuit ! Donc, tu dois faire confiance à tout le monde. La fusée Falcon 9 est très fiable. Ce n’est que le deuxième vol habité de la capsule après le vol d’essai, mais le lanceur, lui, a un héritage impressionnant. En ce moment, quasiment toutes les semaines, il y a un tir de Falcon 9. Donc, cela ne m’empêche pas de dormir !" Je me dis que si ça a bien marché la première fois, il n’y a pas de raison que cela ne marche pas la deuxième !" Son seul regret est de ne pas être en première ligne à bord de la capsule Dragon : "Sur quatre membres d’équipage, il y en a deux qui sont vraiment aux commandes et deux qui n’y sont pas, moi malheureusement je fais partie des deux qui n’y sont pas, ce n’est pas moi qui ai décidé, c’est la Nasa."
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